Depuis des semaines, les habitants de Gragnague, au nord de Toulouse se mobilisent contre le projet d'une usine à goudron près de chez eux, qui doit servir à rénover une portion de l'A68 entre Toulouse et Albi. Problème : d'épaisses fumées noires envahissent le village.
"Vous avez le va-et-vient incessant des camions, on n'en peut plus", près de Toulouse, les habitants de Gragnague (Haute-Garonne), se plaignent des nuisances liées à l'installation d'une usine à goudron. Pendant 23 semaines, l'entreprise va produire de l'enrobé pour réhabiliter 17 kilomètres de route sur l'A68.
Cette usine, que l'on distingue à peine, cachée derrière la végétation au bord de l'autoroute, est tout près du village, et ça se sent. "Des odeurs de bitume qu'on a tous les soirs à partir de 22 heures et jusqu'à 6 heures, une odeur désagréable, piquante, presque irrespirable", explique un habitant devant la caméra de France 3 Occitanie.
"Je suis sorti de chez moi et en effet, il y avait une odeur. Je pensais que c'était un barbecue, mais en fait, c'était bien du goudron", ajoute un retraité.
Les habitants "se barricadent"
Un peu plus loin, dans un lotissement tout neuf, l'odeur est également très présente. Grâce à cette photo, on comprend la proximité de ce nouveau quartier avec l'usine. On y voit le panache de fumée qui s'échappe des cuves de bitume.
Une fumée qui a même obligé certains habitants à se protéger. "Tous les soirs, je calfeutre l'intégralité des fenêtres de la maison. Avec un soin bien particulier sur celles de nos enfants", explique un riverain qui vit à moins d'un kilomètre de l'usine.
"On ne remet pas en question le fait de refaire nos autoroutes. Il y a des usines fixes déjà installées à moins de 30 kilomètres, pourquoi ne pas utiliser ces installations ?", interroge une habitante.
500 centrales d'enrobage en France
Les riverains s'inquiètent également du rejet de particules fines et des risques pour leur santé. Leucémies, lymphomes de Hodgkin, cancers du poumon … La liste des pathologies lourdes est longue, touchant autant les ouvriers que ceux habitant dans l’environnement direct de ces centrales d’enrobage.
En France, on compterait 500 centrales d’enrobage fabriquant le revêtement de nos routes. Le bitume utilisé à chaud produit des émissions de benzène et de benzo(a)pyrène, substances classées cancérigènes.
Des travaux prévus jusqu'en septembre
De son côté, la direction de l'usine assure respecter toutes les normes de contrôles et promet son démantèlement à la fin chantier prévu en septembre prochain. A nos confrères de TF1, elle affirme "prendre en compte les désagréments qu'ils subissent" et qu'"elle travaille actuellement sur des solutions techniques qui permettront de réduire les odeurs".
Selon l'avocat, de la collectivité, Alexandre Faro : "l'usine n'a pas utilisé toutes les techniques possibles pour réduire les désagréments."
Dernier bémol : les opposants craignent que l'usine continue de tourner, pour un autre projet, celui de l'autoroute A69 entre Castres et Toulouse.
(Avec Stéphane Compan)