PHOTOS. "Nous, Chrétiens, avons du mal à reconnaitre ce genre d’œuvre" : l'Église, en croisade, réunit 1000 personnes à une messe contre le spectacle des géants de La Machine

À quelques jours du spectacle controversé "La Porte des Ténèbres", l'archevêque de Toulouse mobilise ses ouailles contre ce qu'il qualifie de menace "satanique". Alors que la compagnie La Machine s'apprête à déployer ses créatures géantes dans les rues de la Ville rose, l'Église catholique locale a organisé une messe pour protéger la Ville rose devant près de 1000 croyants.

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Près d'une semaine avant le début du spectacle "La porte des Ténèbres", près d'un millier de croyants se sont rassemblés pour une messe de consécration organisée par l'archevêque Guy de Kerimel, mercredi 16 octobre 2024. L'office vise à "protéger" la Ville rose d'un évènement jugé "satanique". L'opéra urbain, prévu du 25 au 27 octobre, met en scène Lilith, une imposante machine de 38 tonnes représentant la "Gardienne des ténèbres". Cette création a suscité l'inquiétude de l'Église catholique locale, qui y voit une menace spirituelle pour la ville.

Une messe contre les "menaces ténébreuses"

L'archevêque de Toulouse a repris les mots de son courrier adressé aux curés du diocèse, révélé par France 3 Occitanie, évoquant "l'obscurantisme" et "le satanisme". Symptôme, selon lui d'une évolution préoccupante de la société française. La messe visait à "poser un acte spirituel" pour protéger Toulouse et son diocèse de ces "menaces ténébreuses".

"Je ne suis pas là pour partir en guerre, assure Guy de Kerimel. Je suis là pour dire que ce spectacle est ténébreux et qu’il me semble dans le contexte social et mondial actuel, on a besoin plutôt de signes d’espérance. C’est ce que je voulais manifester à travers la consécration de la ville et du diocèse."

L'archevêque continue son explication: "nous Chrétiens avons du mal à reconnaitre ce genre d’œuvre. C’est dommage car les prouesses de ces machines sont intéressantes. Le fait de rassembler autant de monde à Toulouse ne peut, en principe, que nous réjouir. Mais ce motif me semble très dommageable pour le temps que nous vivons."

L'affluence à cette messe a été telle que certains fidèles ont dû suivre la cérémonie depuis la cour extérieure de l'église. Parmi les participants, des familles, des sœurs, des personnes âgées, des étudiants.

Certains jugent ce spectacle comme dangereux et prévoient de l'éviter. D'autres dénoncent plus particulièrement l'affiche de l'évènement, mettant en avant selon eux l'"inversion des valeurs" et une glorification de la mort.

"Je n’irais pas le voir. J’ai lu des articles mais qu’est ce que cela va m’apporter si ce n’est la technique ? Il y autre chose. Cela vous inspire « la porte des ténèbres » ? Moi non. Je suis née pour la lumière." déclare Marika Hagoug, retraitée de 70 ans à la sortie de la messe.

Maxence Mantela 22 ans et est étudiant d'ingénierie : "Quand on voit l’affiche, on voit des églises en feu, des squelettes qui dansent en dessous. C’est un message connoté satanique auquel il faut répondre. Il faut faire quelquechose."

Le directeur artistique surpris par la polémique

"Il faut rassurer la communauté catholique sur nos intentions, c'est ce que j'ai essayé de faire quand je les ai rencontrés", affirme François Delarozière, directeur artistique de la compagnie La Machine, se disant "surpris" par la polémique touchant son opéra urbain. "On raconte vraiment une histoire qui parle d'amour, de mort, de vie, d'au-delà, avec les grands mythes qui ont traversé des siècles, (...) On a tous le droit de dire ce qu'on veut et ce qu'on pense, mais on n'a pas le droit de censurer ou d'interdire", a affirmé le directeur artistique.

Le monde artistique a toujours été la cible des milieux traditionalistes

Julien Giry, politologue et chercheur à l'université de Tours, rappelle que "le monde artistique a toujours été une cible de la part des milieux traditionalistes. Il est considéré comme perverti, car sa création sort du cadre et dérangerait ainsi l'ordre établi et les valeurs traditionnelles". Selon le chercheur, l'idée que les élites et la société moderne s'en prennent aux chrétiens n'est pas nouvelle. Aux États-Unis, dans les années 60, les chansons des Beatles regorgeaient de messages masqués prétendument satanistes. Même son de cloche, quelques années plus tard, pour le célèbre "Starway to heaven" de Led Zeppelin, qui serait plutôt un escalier pour l'enfer, que pour le paradis.

À lire : Églises en feu, créature mi-homme mi-animal, squelettes et un minotaure : les complotistes s'enflamment contre un spectacle urbain jugé satanique

Le politologue et chercheur à l'université de Tours, Julien Giry, explique que ce type de controverses n'est pas nouveau :"Le monde artistique a toujours été une cible de la part des milieux traditionalistes. Il est considéré comme perverti, car sa création sort du cadre et dérangerait ainsi l'ordre établi et les valeurs traditionnelles."

Julien Giry souligne que la perception d'une attaque contre les chrétiens par les élites et la société moderne est un phénomène récurrent. Il rappelle des exemples historiques :"Aux États-Unis, dans les années 60, les chansons des Beatles regorgeaient de messages masqués prétendument satanistes. Même son de cloche, quelques années plus tard, pour le célèbre 'Starway to heaven' de Led Zeppelin, qui serait plutôt un escalier pour l'enfer, que pour le paradis."

La polémique ne semble pas près de retomber à une semaine de la déambulation des machines dans les rues toulousaines.

Depuis plusieurs jours, des tracts sont distribués à la sortie des écoles et en ville. Sur ces prospectus, l'image de l'affiche de "la porte des Ténèbres" barrée accompagnée du texte "Non au satanisme dans notre ville".

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