INFO FRANCE 3. Une influenceuse de Toulouse (Haute-Garonne), du nom de bymounamour, est accusée de ne pas faire livrer les produits qu'elle vend sur son site Internet. Certains auraient même subi des effets indésirables des produits de beauté vendus, notamment le savon noir. Une nouvelle polémique alors que le ministre de l'Economie annonce de futures sanctions contre les influenceurs.
C'est une histoire en plusieurs épisodes qui est en train d'être révélée sur les réseaux sociaux. Des internautes reprochent à une influenceuse, basée à Toulouse (Haute-Garonne), de ne pas envoyer des produits de beauté qu'elle commercialise sur son site. Certains articles en question sont fabriqués avec du savon noir, une matière particulièrement prisée pour sa rareté et ses bénéfices pour la peau.
L'influenceuse en question s'appelle sur Instagram @bymounamour , Hadja Diaby de son vrai nom. Sur son compte, elle publie des photos de sa vie avec ses enfants et de ses voyages. En parallèle, elle promeut ses produits cosmétiques et de prêt-à-porter sur un autre compte, @feminity_bymounamour.
Elle déclare son activité comme "éditions de journaux"
La "femme d'affaires" s'entretient avec ses clients sur ce réseau, et sur Snapchat. Mais depuis plusieurs mois, les commentaires négatifs à son encontre fleurissent sur les réseaux sociaux.
En février 2023, le compte Instagram bonatique2023 a été créé, alertant sur les agissements de cette personnalité aux 100.000 followers sur Instagram, grâce à ses deux comptes.
@bonatique2023 est l'une de ses clientes. Elle rassemble des témoignages et publie des posts sous forme de preuves contre bymounamour. Particulièrement active sur ce réseau social, elle partage des dizaines de publications et storys par jour.
En menant des recherches, @bonatique2023 remarque que l’influenceuse n'est pas inscrite au registre du commerce et des sociétés (RCS), obligatoire pour toute activité commerciale. Après consultation du site societe.com, c'est bien ce qui est indiqué : l'influenceuse enregistre même son commerce comme "édition de journaux".
"Je n'ai jamais reçu ma commande"
De nombreuses victimes, souhaitant conserver l'anonymat, ont accepté de témoigner. "J'ai passé une commande en janvier 2022, que je n'ai jamais reçue. J'ai relancé plusieurs fois, sans réponse de sa part. Quand j'ai insisté, sa pseudo assistante dit que la demande est en cours de traitement. Pendant un an, j'ai la même réponse, sans retour depuis" indique, captures d'écrans à l'appui, l'une d'elle, originaire du nord de la France,
Autre victime, cette femme est remontée contre l'influenceuse. "J’ai commandé un savon qui était en promo le 14 février sur le site. J’en ai eu pour 19€. Selon elle, les délais sont de 21 jours ouvrés. Mais je n’ai rien reçu, sachant que j’avais envoyé un message de relance le 21 mars". Elle a effectué un signalement sur la plateforme THESEE, et souhaite que @bymounamour "paie, qu'elle soit punie".
À chaque fois, le procédé se répète selon les témoignages des internautes. "J'ai commandé le 12 février pour un montant de 29.57€ mais je n'ai rien reçu" indique une autre victime, qui a également effectué un signalement. "Quand le délai légal de livraison maximum a été dépassé, j'ai demandé un remboursement. Elle m'a répondu qu'à ce stade, ce n'est plus possible. Je l'ai relancée quasiment tous les jours depuis le 9 mars."
Sur Facebook, un autre compte recense les clientes déçues par l'influenceuse : "Quand la situation s’envenime, explique-t-elle, elle donne des faux numéros de suivi en prétextant que la commande est en route. Elle dit qu'elle est occupée, notamment par ses enfants. Elle bloque l’acheteur quand elle est menacée" décrit-elle.
Aujourd'hui, ces clientes espèrent une chose : que @bymounamour "arrête de voler les gens".
Produits aux effets indésirables et insultes en privée
Selon les témoignages reçus, certains affirment même avoir souffert de ses produits : la première témoin (voir ci-dessous) a reçu un savon noir qu'elle a reçue avant sa première commande avortée. "J'ai eu des effets secondaires, mais je pensais que c'était seulement pour moi. Ça asséchait la peau et ça me brûlait donc j'ai arrêté de l'utiliser" avoue-t-elle.
Les discussions peuvent également devenir houleuses. @bymounamour devient parfois insultante par messages privés comme le montre ces storys, publiées sur le compte @bonatique2023.
"Je travaille dur et je ne vole personne" se défend bymounamour
De son côté, la principale intéressée se défend de toute arnaque. Contactée par messages privés sur Instagram, elle assure "n'avoir aucun de compte à rendre". "Je travaille dur et je ne vole personne. J’ai des délais d’expéditions longs, certes. Il y a eu aussi beaucoup de retards dernièrement, qui ont été rattrapés depuis" certifie-t-elle.
Quant aux produits considérés comme dangereux, même rengaine. "Je vous invite à regarder ce que je propose sur mon site internet, et à vous renseigner si c’est légal ou pas". Problème, aucun détail de la composition des produits n'est affiché sur le site, alors que c'est une obligation selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Un manquement également dénoncé par les différents témoignanes.
Le comportement des influenceurs de plus en plus scrutés en France
Les influenceurs sont davantage surveillés dans le pays, notamment depuis un numéro de l'émission Complément d'enquête à ce sujet.
Face à certaines dérives, le collectif AVI (Aide aux victimes d'influenceurs) a été créé, pour "protéger et accompagner les internautes dupés par certains influenceurs", selon le site Internet de l'association. Ce collectif est né en août 2022, notamment à cause du comportement d'influenceurs comme Marc Blata ou Magali Berdah.
Une centaine de victimes regroupées de ce collectif avaient déposé plainte en janvier 2023 contre des influenceurs pour "escroquerie en bande organisée".
Dernière polémique en date relayée par le collectif : celle de l'influenceur Dylan Thiry, accusé de "tenter de monnayer des adoptions illégales d'enfants, après avoir proposé à ses abonnés de fausses cagnottes humanitaires et vendu de la contrefaçon".
Une proposition de loi vise à encadrer l'activité des influenceurs sur les réseaux sociaux. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé d'ores et déjà des sanctions. Une liste d'influenceurs "qui n'ont pas respecté les règles" doit être prochainement révélée.