Retraites : "les réseaux sociaux montrent que malgré le 49.3, le débat continue pour une autre réforme"

Alors que dans les rues les manifestations se poursuivent contre la réforme des retraites, sur internet aussi le débat ne s'essouffle pas. A Toulouse, trois chercheurs de Paul Sabatier viennent de publier un rapport sur les débats en ligne. Brigitte Sebbah, l'une des auteurs, développe cinq enseignements à retenir de cet état des lieux.

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Des débats argumentés et surtout jamais interrompus malgré l'utilisation par le gouvernement du 49.3 et la fin des débats au Parlement. Voilà l'un des points centraux que retirent trois chercheurs toulousains après avoir analysé les prises de parole sur internet dans le cadre de la réforme des retraites. 

En tout, ce sont plus de 8000 articles, 1 million de tweets et plus de 40 000 posts Facebook qui ont nourri l'étude. 

Et si le mouvement social actuel présente quelques similitudes avec celui des gilets jaunes en 2018, il présente toutefois des différences majeures.

Brigitte Sebbah, co-auteure du rapport, nous explique cinq enseignements qu'ils en ont tiré.

En ligne "ce n'est pas qu'une simple contestation, c'est une mise en discussion de la réforme"

Brigitte Sebbah : "Je pense qu’un des points centraux c’est d’abord le fait que les gens débattent. Alors que les débats s’arrêtent à l’Assemblée nationale, qu’il y a le 49.3, la discussion dans l’espace public continue. Sur les précédents mouvements sociaux il y a eu aussi du débat. Mais ce que l’on voit là c’est que ce n’est pas forcément tranché.

En ligne, sur Twitter, Facebook ou Reddit, les gens discutent, argumentent. Ce n’est pas qu’une simple contestation : c’est davantage une mise en discussion de la réforme et ils montrent au gouvernement – et d’ailleurs ils le disent à certains moments - qu’ils n’ont pas besoin de pédagogie. Ils discutent de détails techniques, montrant qu’ils ont compris la réforme et qu’il y a des choses dont ils ne veulent pas. En fait, ce sont comme des milliers d’amendements qu’ils déposent en discutant de la réforme !"

"Une évolution" dans le débat : de l'âge de départ à la retraite aux violences policières 

BS : "Un mouvement social ce n’est jamais statique. On voit très clairement une évolution qui est rendue par les médias. Du début en janvier jusqu’à maintenant ce n’est plus du tout la même chose. En janvier on discute de l’âge de départ à la retraite, les médias focalisent là-dessus. Puis au fur et à mesure, quand les débats vont s’interrompre à l’Assemblée, on va avoir une discussion sur le droit démocratique à manifester, à discuter, à donner son avis.

Une discussion aussi sur le fait qu’on élit un président et que ce n’est pas lui donner un blanc-seing pour tout faire : il doit écouter sa population. Et on a aussi un débat qui arrive, plus récemment, sur les violences et la répression policière."

Le "premier mouvement social post-Covid", marqué par une réflexion sur la place du travail

BS : "Dans toutes ces discussions qu’on voit monter il y a quelque chose de transversal qui émerge fin janvier et qui dure jusqu’à maintenant : une discussion sur la place du travail dans une vie. C’est extrêmement intéressant parce que là on dépasse complètement la question de la réforme des retraites. On a un contexte d’inflation : les prix augmentent, la vie quotidienne est très chère, mais c’était le même contexte pendant les gilets jaunes.

On a un contexte qui s’est ajouté depuis : c’est le Covid. Culturellement il y a des choses qui ont changé depuis et on le voit clairement. Les gens en ligne disent qu’ils ont une autre conception du travail, une autre conception de la vie. Ils discutent de la place du travail dans la vie. C’est le premier mouvement social post-Covid."

Un mouvement large, qui va "du cadre supérieur aux personnes en situation de précarité"

BS : "On avait plutôt une homogénéité de catégorie sociale à l’époque des gilets jaunes, c’était plutôt des classes sociales défavorisées. Là, on a un mouvement qui est vraiment trans-générationnel et trans-catégories sociales, avec des gens qui vont du cadre supérieur aux personnes en situation de précarité.

On ne recueille que leurs paroles mais dans ce qu’ils racontent, on voit qu’il y a une diversité des emplois. Et tous énoncent une solidarité : plein de gens par exemple disent ne pas être affectés par la réforme mais être solidaires du mouvement."

"Promesses non tenues" et "mépris" : Emmanuel Macron concentre la colère

BS : "Maintenant, il est identifié comme quelqu’un qui ne respecte pas ses promesses. Par exemple sur la question des femmes dans la réforme, les internautes renvoient vers ses promesses électorales. Ils citent des phrases d’Emmanuel Macron disant qu’il va faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une cause nationale.

Les gilets jaunes ne pointaient pas cet aspect-là, ils pointaient plutôt son incapacité à mettre de l’égalité sociale en France. Dans ce mouvement contre la réforme des retraites, ce sont ses promesses non tenues et son image méprisante. Cette dernière est encore plus prégnante que pendant les gilets jaunes."

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