Le chef de l’Etat s’est exprimé lors d’une interview dans les journaux télévisés de France 2 et TF1. Lors de cet entretien, Emmanuel Macron a maintenu que la réforme des retraites devra s’appliquer "d’ici la fin de l’année". A Béziers, Narbonne ou encore Port-La-Nouvelle réagissent.
Emmanuel Macron a pris la parole pour s'adresser aux Français, ce mercredi 22 mars. Un entretien de 35 minutes qui fait réagir notamment parmi les personnels en grève depuis plusieurs jours.
Installés devant un écran d'ordinateur au sein de l’union CGT de Béziers, une poignée de représentants syndicaux a regardé l'interview avec attention mais sans illusion. Le chef de l’Etat n’a pas convaincu son auditoire.
On est face à un déni de démocratie. On a bien compris la réforme, c’est lui qui ne nous écoute pas. Dans son discours, Il n’a pas parlé de l’égalité de salaires femmes-hommes. Il ne nous écoute pas. Il nous accuse de ne pas être autour de la table, mais qu’il y vienne autour de la table.
Martine SoutyFonctionnaire de mairie, représentante CGT Territoriaux
Emmanuel Macron a appelé les syndicats à revenir à la table des négociations. Il a ainsi déploré "que les syndicats n’aient pas proposé de compromis". Mais il assure vouloir engager le dialogue sur les conditions de travail avec les partenaires sociaux. Le chef de l’État accepte d’endosser l’impopularité et lance un appel au calme. Cet appel n’a pas été entendu au dépôt pétrolier de Port-La Nouvelle, où des salariés sont grève depuis six jours.
Il nous a convaincus de rester le plus longtemps possible. On va rester. On est déterminé. Ce président ne voit pas ce qu’il se passe dans le pays ? Aujourd’hui, on est face à un président qui est déconnecté des français.
Vincent MorganCGT Mines Énergie 11
Dans son interview, Emmanuel Macron a annoncé une contribution des grandes entreprises. Le président de la République cible notamment celles "qui font des revenus tellement exceptionnels qu’elles arrivent à utiliser leur argent pour racheter leurs propres actions".
C’est hors-sol. C’est du mensonge. Parce que toute la politique d’Emmanuel Macron vise à favoriser les grandes entreprises au détriment des salariés. On nous demande de travailler deux ans de plus pour enrichir les capitalistes. Comme on ne pourra pas aller jusqu’à 64 ans, on devra baisser le montant des pensions. Emmanuel Macron est déconnecté de la réalité des citoyens.
Julien BerthélémySecrétaire général CGT 66
Emmanuel Macron a tenté de justifier la nécessité de la réforme des retraites pour équilibrer le système de répartition. "Le texte va poursuivre son chemin démocratique". Il espère que la réforme soit appliquée avant la fin de l’année.
C’est un discours menteur et déconnecté et méprisant. C’est de l’inconscience. Emmanuel, dit avoir écouté les Français, mais il s’obstine à mettre en place cette réforme qui est rejetée par la population. Il ne prend pas la mesure de l’émoi du pays avec l’utilisation du 49.3. Il parie sur la lassitude des mouvements, il y aura encore des mobilisations. Il a oublié de parler du RIP referendum d’initiative populaire dont la demande a été déposée. Lorsque la procédure sera lancée, la loi ne pourra pas être appliquée
Serge RagazzacciSecrétaire général CGT 34
Cette première prise de parole solennelle depuis la crise liée à la réforme des retraites, n’a pas apaisé les manifestants qui restent déterminés à poursuivre le mouvement de protestation, initié le 19 janvier 2023.
Ce discours affiche un mépris face à la mobilisation engagée depuis janvier. Il met de l’huile sur le feu. J’ai peur que les mobilisations se durcissent. Jusqu’à présent, les mouvements étaient pacifiques, je crains qu’il risque d’avoir de la violence. Il a attisé la tension dans la population.
Franck Mary MontlaurSecrétaire général de l'union départementale FO 34
Une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites est prévue ce jeudi 23 mars. Il s’agira de la 9e journée de mobilisation au niveau national.