POLITIQUE. "La gauche doit continuer à travailler dur", deux anciens ténors du PS se penchent sur l'avenir du Nouveau Front Populaire

Alors que se tient ce jeudi 18 juillet 2024, l'élection du président de l'Assemblée nationale, plusieurs organisations ont appelé à des rassemblements pour soutenir le Nouveau Front Populaire, arrivé en tête des dernières élections législatives. Quel avenir pour cette union de la gauche ? Nous avons posé la question à deux figures politiques.

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Le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête du second tour des élections législatives le 7 juillet 2024. Mais cette union de la gauche va-t-elle remporter le perchoir de l'Assemblée et formera-t-elle le prochain gouvernement ? Analyse avec l'œil avisé de Jean Glavany et de Martin Malvy. 

Qui pour le perchoir ? 

C'est une situation inédite que vivent, ce jeudi 18 juillet, les 577 députés français. Ils doivent élire un président de l'Assemblée nationale. Aucun des camps en présence n'est en mesure d'obtenir une majorité absolue, même si le Nouveau Front Populaire arrive en tête en termes d’élus. 

Cette journée à suspense est suivie de près par deux anciens ténors de la gauche en Occitanie. L'ancien ministre de l'Agriculture, Jean Glavany et l'ancien président de Région, Martin Malvy. Deux socialistes, qui voient d'un bon œil la candidature du communiste André Chassaigne au poste de président de l'Assemblée nationale. 

L'union nécessaire de la gauche

"C'est un parlementaire d'expérience, un homme raisonnable, c'est le bon candidat", déclare Martin Malvy, ancien secrétaire d'État, chargé des relations avec le Parlement en 1992. "Il est à l'épicentre du Nouveau Front Populaire et surtout, c'est un élu rural, capable de répondre à ce sentiment d'abandon de ceux qui se sont tournés vers le RN". 

Après 15 jours de tergiversations, d'oppositions et de petits mots acerbes, le Nouveau Front Populaire a donc réussi à s'entendre sur le fil : "L'union de la gauche, c'est une nécessité qui fait partie de notre ADN et que je vis depuis mon adhésion au PS en 1973", témoigne Jean Glavany, ancien député des Hautes-Pyrénées. "De toute façon, la gauche, elle ne gagne qu'unie", rajoute l'ancien président de région Martin Malvy. "On le voit bien depuis 10 ans". 

Condamnée à réussir ? 

Cette union a propulsé François Mitterrand président en 1981 ou encore Lionel Jospin premier ministre en 1997. Depuis la gauche plurielle, sont nés la Nupes et aujourd'hui le Nouveau Front Populaire : "J'ai trouvé le premier accord de la Nupes très déséquilibré au profit de LFI", affirme Jean Glavany. "Aujourd'hui c'est mieux, mais ces dernières semaines nous montrent à quel point la gauche a encore besoin de travailler pour convaincre. Un programme commun, ça s'élabore en deux ou trois ans, pas en six jours". 

Pour Martin Malvy, l'enjeu est immense. "Si le Nouveau Front Populaire ne répond pas aux attentes du peuple qui l'a soutenu, je crains le pire", s'inquiète Martin Malvy. "La responsabilité est énorme. Un échec pourrait signifier la fin de la gauche pour de nombreuses années et la victoire du RN en 2027". Il rajoute : "Il faut au moins qu'elle tente d'appliquer une partie de son programme. S'il est rejeté par l'Assemblée, les électeurs le comprendront, mais le NPF ne doit pas renoncer à former un gouvernement". 

Quel Premier ministre ? 

"Le Premier ministre idéal, c'est celui que tout le monde accepte", nous confie Martin Malvy. "Il n'y a pas d'autre réponse possible". "Après avoir rejeté la candidature d'Huguette Bello, les socialistes penchent pour l'économiste Laurence Tubiana, qui se dit, ce jeudi, prête pour Matignon. Mais sa candidature ne fait pas l'unanimité et LFI préfère attendre l'élection du président de l'Assemblée, pour poursuivre les discussions.

"La radicalité n'est pas majoritaire en France", précise Jean Glavany. "Il ne faudrait pas que certains mettent des bâtons dans les roues de cette union." Pour Martin Malvy, "le PS doit se reconstruire et retrouver son hégémonie à gauche". Il s'explique : "Pour l'accession au pouvoir de Mitterrand en 1981, il a fallu attendre que le PS soit plus fort que le PC, car les communistes faisaient peur aux Français". 

Conseils de "sages"

La première place surprise de la gauche a ravivé les espoirs d'une partie de la population française, mais les "sages" du PS tiennent à mettre en garde les dirigeants des partis."La gauche n'a pas gagné, elle est juste arrivée en tête", prévient Jean Glavany. "Il faut faire attention au pouvoir, c'est un piège. La gauche doit continuer à travailler dur, se saisir d'un maximum de leviers à l'Assemblée nationale et redonner une crédibilité à cette union, pour éviter le RN à la prochaine présidentielle". 

Pour Martin Malvy, le Nouveau Front Populaire ne doit pas s'arc-bouter sur des positions comme celles de Jean-Luc Mélenchon : "Le programme, tout le programme, rien que le programme". "Certains textes pourront sûrement trouver une majorité", espère-t-il. "Mais il sera difficile de convaincre une centaine de députés supplémentaires. Les gouvernements minoritaires précédents n'avaient qu'une poignée de voix à trouver. La gauche doit accepter l'idée qu'elle ne pourra pas tout faire passer et préparer l'avenir". 

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