Pollution, pesticides, perturbateurs endocriniens : une étude sur le lien entre autisme et environnement menée dans plusieurs départements d'Occitanie

Quel est le rôle des facteurs environnementaux dans l'autisme et les troubles du neuro-développement? C'est pour tenter de le savoir que la France a lancé fin mars 2023 une vaste étude auprès de 1.700 familles, qui seront suivies pendant dix ans dans les départements de Haute-Garonne, de l'Hérault, du Tarn et du Tarn-et-Garonne.

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Les troubles du neuro-développement (TND) touchent un nombre croissant d'enfants en France. "Quand mon fils a été diagnostiqué autiste en 2014, on nous parlait d'un enfant sur 150. Aujourd'hui, c'est un sur 40. Nous, parents, sommes persuadés que c'est autre chose que seulement la génétique. Mais à l'époque, on ne prenait pas en compte l'environnement", déclare à l'AFP Camille Nicolas, ingénieure biomédicale.

Les TND qui comprennent l'autisme, le TDAH, les troubles de la communication, de la motricité et des apprentissages, sont en augmentation dans les pays occidentaux, touchant environ un enfant sur six. La prévalence de l'autisme, par exemple, est passée de 1 enfant sur 150 à 1 enfant sur 40 en l'espace de quelques années. Les progrès dans le dépistage ne peuvent pas tout expliquer, et l'environnement semble jouer un rôle de plus en plus important.

Une hausse de la prévalence des troubles

La prévalence des TND est estimée à 2% des naissances, selon la délégation interministérielle à la stratégie nationale pour l'autisme.

"Les progrès du dépistage n'expliquent qu'en partie cette hausse. Des facteurs environnementaux - alimentation, mode de vie, pollution, médicaments... - pourraient contribuer à l'augmentation de la prévalence de ces troubles", explique Claire Compagnon, déléguée interministérielle à l'Autisme, devant l'Académie de médecine.

C'est dans ce contexte que le projet de la cohorte Marianne a été lancé. Cette étude de dix ans, menée par les ministères de la Recherche et des Personnes handicapées, suivra 1 700 familles pour identifier les facteurs environnementaux associés aux TND et ainsi ouvrir la voie à des traitements. 

Hôpitaux, services sociaux, associations vont recruter des mères au deuxième trimestre de grossesse, dont 1.200 qui ont déjà un enfant autiste, dans les départements de l'Eure, Gard, Haute-Garonne, Hérault, Loire, Nord, Rhône, Seine-Maritime, Tarn et Tarn-et-Garonne. 
Au fil des années seront effectués des prélèvements biologiques, observations pédiatriques et suivi des problématiques de santé et sociales.

Un terrain génétique et des facteurs environnementaux

Il y a trente ans, l'autisme était considéré comme une maladie rare, mais sa prévalence a depuis augmenté de manière significative. Selon la Pr Amaria Baghdadli, responsable scientifique de la cohorte Marianne, "lorsqu'un enfant a un frère ou une sœur autiste, il a un risque accru, de 50%, d'avoir lui-même des troubles du neuro-développement".

Selon le chercheur, les troubles du développement et l'autisme sont liés à une interaction entre un terrain génétique et des facteurs de l'environnement, présents dans une période très précoce: les 1 000 premiers jours, c'est-à-dire la vie foetale et les premiers mois de la vie.

Certains facteurs environnementaux peuvent jouer un rôle dans le développement de l'autisme et d'autres troubles du développement. Parmi eux, on peut citer l'exposition pendant cette période à des toxiques, des pesticides, des métaux lourds, certains médicaments et polluants chimiques comme le bisphénol (interdit depuis 2015 dans les biberons), les phtalates. Ces produits chimiques peuvent traverser la barrière placentaire et entrer en contact direct avec un bébé ou un fœtus, qui est très vulnérable car des organes essentiels comme le cerveau sont en pleine phase de construction.

Les bases de données récoltées grâce à la cohorte Marianne pourront être accessibles aux chercheurs et à des entreprises pour concevoir des outils de diagnostic ou des traitements. Elles permettront aussi de renforcer la prévention auprès des femmes enceintes et d'avoir des indicateurs fiables pour mener des politiques de santé publique.

(Avec AFP - Catherine FAY DE LESTRAC)

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