"Pour faire ce métier, il ne faut pas avoir peur !" La sécurité privée gagne du terrain et se professionnalise

Pour les Jeux olympiques de Paris 2024, il manquerait 20 000 agents de sécurité pour assurer le bon déroulé de l'événement. Un métier qui a beaucoup évolué ces dix dernières années tant sur la législation que sur les missions des agents. A Toulouse (Haute-Garonne), plusieurs entreprises forment des agents de sécurité.

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Devant l'entrée des entreprises ou des magasins, dans les quartiers sensibles comme au Mirail à Toulouse avec le Groupement interquartiers de tranquillité et de sûreté (GITeS) ou encore pendant des manifestations, la sécurité privée gagne du terrain. Le nombre d'agents de sécurité a explosé ces dix dernières années. Une profession de plus en plus réglementée qui a dû mal à répondre à la demande.

À Toulouse (Haute-Garonne), non loin du CNES, l'entreprise CQPS est spécialisée dans la formation de ce type de métier. Toute l'année, elle forme ceux qui assureront la sécurité et la protection de lieux et de personnes dans des entreprises ou pendant des événements. Pour y accéder, les futurs agents doivent d'abord montrer patte blanche.

Une demande préalable auprès du ministère de l'Intérieur

En effet avant de pouvoir s'inscrire, le candidat doit envoyer une demande d'inscription au préalable auprès des autorités publiques. Le ministère de l'Intérieur examine leurs dossiers avant de donner son feu vert.

La formation a fortement évolué, elle est très encadrée et réglementée. Tout dépend du Ministère de l'Intérieur. L'organisme de formation doit être agréé par l'Etat. Quant aux stagiaires, ils doivent maîtriser le français et avoir un casier judiciaire vierge. Les services du ministère de l'intérieur font ensuite tous les contrôles nécessaires avant de donner leur accord pour la formation. Une formation obligatoire qu'il faut repasser tous les 5 ans pour pouvoir renouveler sa carte professionnelle.

Clément Parayre, directeur de l'organisme de formation CQPS à Toulouse

Des modules sur le patriotisme et la menace terroriste

En effet, au regard de l'actualité, le métier d'agent de sécurité a beaucoup évolué, les formations aussi. "Les formations sont de plus en plus professionnelles. Elles sont actualisées en permanence. Elle dure minimum cinq semaines. Cette année, par exemple, trois heures ont été rajoutées sur le patriotisme. Cela suit l'actualité. Quand il y a eu les attentats, un module sur le terrorisme de deux jours a été créé et il a été accentué. Cela évolue en fonction des changements de la société et des besoins des entreprises", poursuit Clément Parayre.

Motivation, rigueur mais aussi connaissance de la loi, pendant ces formations, les stagiaires apprennent leurs prérogatives, les règles de droit, ce qu'ils peuvent faire ou ne pas faire.

Les agents ont, par exemple, le droit d'appréhender un voleur en flagrant délit mais ne peuvent pas l'interpeller. Une fois le délit constaté, ils doivent prévenir les forces de l'ordre.

La fin du cliché du "vigile"

Ils apprennent aussi à gérer les conflits, par de la joute verbale pour désamorcer les tensions mais ils doivent aussi savoir se mettre en sécurité quand quelqu'un les agresse physiquement. Des évolutions importantes dans la profession, selon le directeur de France gardiennage à Toulouse. 

Les profils évoluent. Les formations sont plus affinées. Il y a dix ans on était le cliché du vigile. Mais aujourd'hui l'agent de sécurité a une mission beaucoup plus complète avec davantage de prévention, d'accompagnement, plus de dialogue. On attend plus de ponctualité, de la fermeté mais aussi de la pédagogie. Il doit répondre à tous moments à des risques qu'ils soient sécuritaires ou d'incendies, il faut savoir répondre de la bonne façon, c'est-à-dire en respectant le cadre de la loi.

Julien Trotabas, directeur France gardiennage Toulouse

Un métier exigeant, toujours sur le fil qui continue d'attirer des candidats. Avec la montée de la violence dans la société, les agents de sécurité apprennent à s'adapter.

"Pour faire ce métier, il ne faut pas avoir peur"

"Pour faire ce métier, il ne faut pas avoir peur! Moi je n'ai pas peur", nous explique Abdelhalim Bel Boutima en formation chez CQPS pour devenir agent de sécurité. "Je sais que ce n'est pas un métier facile, mais ce qui me plaît c'est de veiller sur les personnes, de les protéger. Quand tu sors de la formation, tu sais ce que tu dois faire ou ne pas faire". 

Ce centre toulousain forme 1600 stagiaires par an. Si les cinq semaines de formation sont le minimum obligatoire pour obtenir sa carte professionnelle, France gardiennage impose 250 heures à son personnel pour être le plus aguerri possible. 

La société compte 2000 agents de sécurité dans toute la France. Et les demandes des entreprises sont de plus en plus nombreuses, il manque du monde.

Un Bac professionnel "Métiers de la sécurité"

Face à cette demande croissante, certains lycées forment encore plus tôt aux métiers de la sécurité. Le lycée Françoise de Tournefeuille a ouvert un Bac pro "Métiers de la sécurité" en 2016. Mais il y a peu de places. 

Seulement quatre établissements proposent ce Bac professionnel sur le Rectorat de Toulouse. A Tournefeuille, il n'y a que 18 élèves par promotion.

Un candidat sur quatre est retenu pour ce Bac pro. Et sur les 18 élèves que comptent chaque promotion, 2/3 d'entre eux continueront dans les métiers de la sécurité au moins les cinq années après leur Bac. Nos places sont en adéquation avec les demandes de la profession dans le secteur de la sécurité privée. Quant aux concours de police ou de gendarmerie, ils sont ouverts à tous les candidats, peu importe la formation.

Vincent Almonacid, directeur délégué aux formations professionnelles au lycée Françoise

Aider les personnes, protéger des entreprises, savoir promulguer les premiers gestes de secours, alerter en cas d'incendie ou encore éviter les conflits, la sécurité privée se professionnalise.

Un turn-over important

Malgré toutes ces évolutions, le turn-over dans la profession reste très important. En effet entre des horaires contraignants, des missions ponctuelles et des salaires à peine plus élevés que le SMIC, beaucoup d'agents de sécurité quittent la profession après 5 à 10 ans de pratique.

"Tous les 5 ans, les agents ont l'obligation de repasser une formation pour garder leur carte professionnelle", précise Clément Parayre. Une revalidation qui pousse certains à ne pas renouveler leur carte. 

Que se soit pour la Coupe du monde de rugby ou pour les Jeux olympiques de Paris 2024, les agents de sécurité sont en tout cas devenus des éléments incontournables pour la bonne organisation et la sécurité de grands événements sportifs ou culturels.

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