Des professeurs qui jouent, des scientifiques qui partagent leurs connaissances... Du 8 au 12 juillet 2024, se tenait à Toulouse une université d’été du climat. Reportage.
Comment aborder le dérèglement climatique à l’école ? Partout en Europe, des enseignants sont face à cette lourde tâche : informer les nouvelles générations sur l’état du climat, de la manière la plus juste et la plus adaptée à leur âge possible. Pour les aider eux-mêmes à bien comprendre les enjeux et à les aborder de façon ludique, des universités d’été sont organisées dans le cadre du programme européen baptisé Office for Climate Education (OCE). Elle se tenait cette semaine à Toulouse, dans les locaux de Météo France.
Répartis en petits groupes autour de tables, une trentaine d’enseignants participent à un jeu de rôle dans lequel ils cherchent des solutions, immergés dans un scénario catastrophe fictif.
Négociations et consensus
Les rivières débordent, 20 000 personnes sont touchées, 400 bâtiments sont détruits, et les hôpitaux et aéroports sont affectés. Réunis en cellule de crise pour gérer dégâts et victimes, chacun joue le rôle d’un acteur du territoire, et défend son point de vue auprès des autres.
Anne Won Hatten, professeur de géographie, joue le rôle de la responsable en développement urbain. Elle se retrouve face à un choix cornélien : "Je dois choisir entre faire des maisons de faible qualité donc pas très chères, ou des choses plus solides, mais en même temps de déplacer la population sur des terres agricoles, donc mon responsable de l’agriculture n’est pas tout à fait d’accord", s’écrit-elle.
Objectif du jeu : faire comprendre les conséquences économiques et politiques du dérèglement climatique. Trouver des compromis, argumenter en s’appuyant sur des connaissances scientifiques… À chacun de défendre son point de vue. "Comme interlocuteur étatique, on peut avoir des intérêts divergents, mais on doit trouver un accord" explique Ana Clara Cassanti, maîtresse de conférences en développement durable à l'Institut d'études environnementales de la Vrije Universiteit d'Amsterdam. "J’essaye de leur faire toucher du doigt combien il est difficile d’arriver à un consensus", ajoute-t-elle.
Elle est venue à Toulouse cette semaine afin de former les enseignants de collège et de lycée présents. Pour l’accompagner dans sa mission, elle est entourée de formateurs de l'OCE, de chercheurs (dont des doctorants), d’ingénieurs et de médiateurs. Certains travaillent à Météo France.
"Briser des silos"
Ensemble, ils contribuent à renforcer les connaissances en sciences climatiques des enseignants, leur fournissent des éclairages sur la méthode pédagogique à adopter et les encouragent à créer des ressources éducatives utiles à tous.
C’est rare que des enseignants soient mis en contact avec des scientifiques et que des scientifiques soient mis en contact avec des enseignants. L’objectif est aussi de briser des silos, de les faire se parler.
Roland Séférian, climatologue à Météo France.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’article 12 de l’accord de Paris. L’objectif étant de sensibiliser la société aux enjeux de la transition environnementale grâce à des financements européens. Une précédente université d’été du climat avait déjà été organisée en 2022 à Toulouse. Les organisateurs espèrent obtenir l'accord de l'UE pour pouvoir en proposer d'autres à l'avenir.