En 1996, Sandra Forgues décroche l'or aux Jeux Olympiques d'Atlanta. Vingt-et-un ans plus tard, sa récompense lui est dérobée dans un cambriolage. Elle la croyait perdue jusqu'à ce qu'un inconnu ne la retrouve sur le terre-plein central de l'autoroute entre Toulouse et Albi. Récit.
L'histoire est à peine croyable. Lors d'un cambriolage, la médaille d'or de Sandra Forgues (anciennement Wilfried), décrochée aux Jeux Olympiques d'Atlanta en 1996 en canoë-kayak, est dérobée. La récompense "suprême" est finalement retrouvée deux ans plus tard sur le terre-plein central de l'autoroute A68 entre Toulouse (Haute-Garonne) et Albi (Tarn).
"Sur l’autoroute on peut tomber sur n’importe quoi, prévient Mathieu, celui qui a fait l'heureuse trouvaille. Des collègues ont déjà trouvé de l’argent, des papiers d’identité ou même de la drogue que les gens jettent avant de passer au péage. Ce jour-là quand j’ai appelé mon collègue on s’est rendu compte que c’était une médaille des jeux olympiques ". Une découverte à peine réelle. La suite du récit l'est encore moins.
" Pour moi c'était un morceau d'aluminium "
La trouvaille date de plusieurs semaines, " entre le 20 ou le 23 février ". Ce jour là, Mathieu, employé dans la société Aximum spécialisée en sécurité et gestion du trafic, patrouille sur l'autoroute A68, entre Toulouse (Haute-Garonne) et Albi (Tarn). Sur place, le jeune homme et ses collègues sont chargés de démonter des glissières de sécurité présentes sur une zone de travaux de l'autoroute. Les glissières centrales sont progressivement remplacées par un terre-plein en béton.
Après un moment à ramasser les glissières au sol, le Toulousain est surpris par un " truc brillant". Il narre la suite : " Pour moi c’est un morceau d’aluminium ou quelque chose comme ça. Quand j'ai compris que c'était une médaille, j’ai appelé mon collègue et on s’est rendu compte que c’était une médaille d'or des jeux olympiques. Ce sont les petits détails gravés dessus, comme le nom de la discipline, les dates ou encore les logos, qui m’ont fait comprendre que c’était une vraie médaille et pas une copie. "
L'enquête patine...
Dès lors, Mathieu se met en quête de trouver son propriétaire. " Quand je suis arrivé au dépôt j’ai commencé ma recherche. J’ai vu que c'était bien deux Français, Frank Adisson et Wilfried Forgues qui avaient décroché cette médaille d'or en canoë aux jeux d'Atlanta de 1996. Il m'a semblé logique que ce soit la médaille de Wilfrid, aujourd’hui Sandra (Wilfried Forgues a changé de sexe en 2016 pour devenir Sandra), puisqu'elle vit dans la région, à Tarbes. "
S'en suit une enquête digne des plus grands films policiers. Après avoir tenté de rentrer en contact avec la fédération française de canoë-kayak, peu investie par la mission, puis avoir subi la colère d'un homonyme tarbais ou encore épluché tous les numéros de la société de Frank Adisson, l'enquête patine.
Déterminé, le Toulousain de 27 ans persiste et signe en décidant de contacter directement Sandra Forgues via Facebook le mercredi 3 mars, comme une ultime tentative. " Avec tous les messages qu'elle doit recevoir, je me suis dit "peut-être qu’un jour elle le verra", et elle m’a répondu trois ou quatre jours plus tard " sourit Mathieu.
" C'est un vrai acte d'amoureux du sport "
Pour la sportive, cet appel était inespéré. " Sur le moment, quand j'ai vu le message, je n'ai pas compris, se remémore Sandra Forgues. Puis quand j'ai vu les photos que Mathieu m'a envoyées, j'ai reconnu la médaille. C'est inespéré puisque l'endroit où la médaille a été retrouvée va bientôt être investi par les pelleteuses, si Mathieu ne l'avait pas trouvée, la médaille aurait été enterrée ".
Vingt-cinq ans après la compétition et plus de trois ans après le vol de la médaille dans un cambriolage, la championne olympique ne se faisait plus guère d'illusions quant à l'idée de retoucher l'or un jour.
" J'avais fait une croix dessus, concède l'ancienne atlhète. Ce cambriolage était survenu dans une période délicate de ma vie, j'étais au début de mon processus de transformation. Cela m'avait énormément peinée, j'avais essayé de dédramatiser en minimisant le vol ".
Surtout, Sandra tient à saluer l'acte " d'amoureux du sport " de Mathieu. " C'est un vrai acte d'amour, et la symbolique est belle puisque Mathieu est un passionné. "
Ce dernier complète : " En tant que sportif, je sais ce que représente une telle récompense. Pour moi c’était quelque chose de normal de lui rendre sa médaille. Je suis content qu’elle puisse la savourer encore et encore. "
À ce propos, la place de la médaille est déjà toute trouvée. Elle rejoindra dans l'armoire à trophées la médaille de bronze acquise par Sandra aux jeux olympiques de 1992, à Barcelone. " Elle ne sera pas chez moi donc ce n'est pas la peine de venir me cambrioler une seconde fois " ironise l'ancienne championne, heureuse d'avoir retrouvé sa médaille d'or olympique.