A Tournefeuille (Haute-Garonne), une personne sans abri a édifié un château miniature aux allures de décor de cinéma. Les promeneurs sont captivés par cette construction insolite. Mais la mairie lui demande d’évacuer les lieux dans les plus brefs délais.
Une maisonnette en pierre. Une porte d'entrée et des fenêtres minuscules en mousse. Une toiture dominée par trois tours étroites. C'est dans cette drôle d'habitation que vit un sans-abri depuis 8 mois. Installé sur les rives du Touch, dans un parc public de la commune de Tournefeuille, près de Toulouse (Haute-Garonne), il s'est créé une véritable cabane, digne d'un château miniature des contes de notre enfance.
Mais ce logement doit disparaître avant la fin de l'année. Pour des raisons de sécurité, la municipalité de Tournefeuille a demandé sa démolition et a même apposé un panneau de mise en demeure.
La maison "des nains", "de la sorcière", ou "du Hobbit"
Ce sans-abri âgé d'une cinquantaine d'années ne compte pas abandonner sa cabane si rapidement et la reconstruire ailleurs en plein hiver. "Je suis dans l'illégalité mais il y a quand même une loi qui encadre l'expulsion d'une personne. Et il faut la respecter", déclare-t-il. Ce cinquantenaire s'est retrouvé à la rue après s'être fait déloger de son habitation par des squatters.
Il plante alors sa tente dans l'espace vert de la commune de Tournefeuille, ce qui n'a pas tout de suite été aux goûts des riverains. "Une dame m'a dit que ce n'était pas très propre et joli. Effectivement, elle avait raison. Alors j'ai dit que j'allais faire quelque chose de plus joli". Pour faire accepter sa présence, il se lance d'abord dans la construction d'une devanture, bâtie à base de blocs de mousse. Mais très vite, il se dit qu'en continuant, il pourrait avoir un toit et des murs.
"Ça plaisait aux gens donc de fil en aiguille c'est devenu une petite cabane", confie-t-il. Une installation très atypique, à tel point que les riverains s'arrêtent désormais en nombre pour la regarder ou la photographier. Très vite, elle devient l'attraction du quartier et est même surnommée "la maison du Hobbit" en référence au livre de Tolkien "Le seigneur des anneaux". "Ça attise la curiosité et développe l’imaginaire", s'amuse une passante.
Ateliers de fabrication de personnages en mousse
Face à ce succès, cet ancien animateur pour enfants organise des ateliers de fabrication de personnages en mousse. Il invite les petits et leurs parents du quartier à partager sa passion de la construction.
Sa cabane magique est bordée par un "arbre à peluches", qui œuvre directement pour la "réintroduction de la peluche dans son milieu naturel". Le cinquantenaire garde son âme d'enfant et s'amuse à rire de tout. Il vit désormais une vie "qu'il a choisi". Mais s'il veut suivre la demande de la mairie, ce sans-abri va devoir quitter ce monde magique et démolir sa "maison de nains" avant le 2 janvier 2023.
Dans un communiqué de presse envoyé en fin de journée du jeudi 29 décembre 2022, la municipalité assure avoir repoussé sa mise en demeure "pour permettre aux services sociaux de la ville de l'accompagner pour trouver une solution pérenne de relogement et de l'accompagner socialement".
(Avec Emmanuel Watt)