La cour d'appel de Paris examine ce jeudi 27 avril, dans le cadre d'une citation directe, la responsabilité de Total dans la catastrophe d'AZF, sruvenue le 21 septembre 2001, à Toulouse. L'ancien PDG du groupe pétrolier, Thierry Desmarest, ne s'est pas présenté.
En examinant la citation directe de Total et de son ancien PDG, la cour d'appel de Paris doit répondre à une seule question : la maison-mère était-elle loin, très loin, de ses filiales ou au contraire est-elle co-responsable, de par ses consignes d'économie, du drame que constitue l'explosion de l'usine d'engrais chimique AZF ?
Ce n'est pas, en tout cas, Thierry Desmarest qui y répondra. L'ancien PDG de Total, en fonction au moment du drame, ne s'est pas présenté à l'audience. Il s'est fait représenter par son avocat, maître Jean Veil. Il s'était pourtant déplacé à Toulouse lors des deux premiers procès, en 2009 et 2012.
C'est donc Jean-Jacques Guilbaud, le secrétaire général de Total, qui explique à la cour l'organisation du groupe et l'historique des rachats de ses multiples filiales.
Quand explose le 21 septembre 2001 l'usine de fabrication d'engrais AZF, Total finit d'absorber le groupe Elf, doté de milliers de filiales, dont Grande Paroisse, gestionnaire du site de Toulouse.
Lorsqu'un collaborateur surgit dans son bureau le 21 septembre 2001 pour lui signaler qu'AZF "ne répond plus", Thierry Desmarest "va consulter
un répertoire" pour identifier la filiale, raconte Jean-Jacques Guilbaud, qui assistait à la scène, pour illustrer le caractère tentaculaire de Total.
Le groupe pétrolier, qui dit avoir déboursé 2,5 milliards d'euros au titre de sa responsabilité civile, rejette toute faute pénale.
Son secrétaire général parle à la cour de l'"autonomie" de Grande Paroisse et souligne que le site AZF avait deux fois reçu une récompense
interne distinguant les sites ayant travaillé 800.000 heures sans accident.
L'ancien directeur d'usine Serge Biechlin et Grande Paroisse sont jugés en appel pour "homicides involontaires".
Total et son ancien patron font eux l'objet d'une "citation directe" des parties civiles, qui sont 2.700 au total.
L'avocate Stella Bisseuil, qui représente plusieurs victimes, s'en prend à l'influence exercée par la maison-mère sur une commission d'enquête interne.
Elle se demande si Total ne voulait pas "être le premier à comprendre et à maîtriser l'information", afin de brouiller la piste d'un accident chimique, la plus défavorable pour lui.
A Toulouse, où ce procès fleuve - de fin janvier à fin mai - est retransmis, quelques dizaines de victimes s'étaient rassemblées jeudi.
"Reconnaître la faute de Total serait un signal fort sur la responsabilité d'une entreprise", souligne Rose Frayssinet, 74 ans, victime de la catastrophe.
A Paris, une banderole de l'association Plus jamais ça, ni ici, ni ailleurs était dressée ce matin devant la cour d'appel.
Celle-ci se prononcera sur cette citation directe en rendant son arrêt.
C'est le troisième procès AZF. Grande Paroisse et M. Biechlin avaient été relaxés en 2009, puis condamnés en 2012 en appel mais cette condamnation a été annulée.
Les deux fois, la citation directe de Total avait été rejetée.
Voir le reportage de Juliette Meurin et Denis Tanchereau, de France 3 Occitanie :