Elle est un plaisir estival difficile d'accès dans les grandes villes : la piscine. Pour se mettre à l'eau fraîche notamment lorsque les températures grimpent, pas toujours évident de trouver un bassin. Une plateforme existe et de plus en plus de loueurs proposent leur équipement directement sur les réseaux sociaux.
On connaissait les locations de logements, de voitures voire même d'outils. Aujourd'hui, la location se déporte sur les piscines : de plus en plus de propriétaires prêtent leur bassin le temps d'une demi-journée ou d'une journée, notamment en Occitanie où les températures sont de plus en plus élevées.
Lui ne pensait pas louer sa piscine un jour. Pourtant, il a décidé de se lancer, sans aucun repère. Appelons le Marc (prénom modifié). Il a découvert cet usage sur Facebook. "C'est la première fois que je mets une annonce comme celle-ci" reconnaît-il, en totale découverte sur ce nouveau marché.
Sa publication a attiré des curieux. "J'ai beaucoup de demandes" , assure-t-il. Mais pour l'instant, difficile de trouver un terrain d'entente avec les baigneurs. "Les prix ne me conviennent pas" écrit celui qui fixe un tarif à 50 euros la demi-journée. Il exige - au moins - à ses futurs hôtes de "savoir nager" et les invite à passer "un moment calme".
Louer une piscine comme un logement sur Airbnb
Depuis sept ans, une plateforme 100% numérique et 100% toulousaine surfe sur ce phénomène. Elle met en relation propriétaires et baigneurs : louerunepiscine.com. L'activité de cette société cartonne depuis ses débuts selon son créateur. Avec 6.000 propriétaires et cinq fois plus de baigneurs inscrits, la progression est continue depuis 2016. "La première année on a eu une croissance de 100%, puis ensuite 50%, et la c'est +30% par rapport à l'année précédente" chiffre Arnaud Bielher, le fondateur originaire de Toulouse (Haute-Garonne). Un business juteux qui fonctionne à plein régime l'été, moment idéal pour se rafraîchir.
Arnaud Bielher est parti d'un constat simple pour lancer sa société. "Lors d'un trajet en 2016 avec des amis, on se rend compte qu'il n'y a aucun moyen de louer une piscine. On se dit que ça serait bien pour faire trempette" se souvient-il. Très vite, il pense ce projet en parallèle de son activité d'architecture "sans dépenser des 1000 et des 100". Et s'entoure de huit personnes expertes dans leur domaine de compétences.
L'engouement "est déjà national" dès 2017 selon lui. L'entrepreneur distingue deux publics : un "facile", habitué de ce type de location, un autre "plus compliqué", inquiet de l'attention consacrée à leur installation. Mais tous sont conquis par les retombées financières d'un prêt de leur piscine. "C'est un moyen d'amortir les coûts d'entretien ou même de se faire plus qu'un SMIC par mois. Certains basculent et deviennent propriétaires pour louer à leur tour" constate Arnaud Bielher.
En sept ans d'activité, il relève seulement trois soucis entre propriétaires et locataires. Rien ne vient perturber la société "qui fonctionne toute seule" dixit le chef d'entreprise. Et qui rapporte : louerunepiscine récupère 20% sur chaque transaction (10% de la transaction de la part du loueur et 10% du baigneur).
"On ne souhaite pas courir après l'argent" promet Arnaud Bielher. "La publicité est gratuite grâce au bouche à oreille. On ne dépense rien en acquisition client (montant moyen dépensé pour acquérir un nouveau client)." Il réfléchit néanmoins à passer en mode start-up en faisant entrer des investisseurs.
Permettre aux femmes voilées de se baigner en toute quiétude
La vision est économique pour cette entreprise toulousaine en expansion. Mais pour d'autres, l'objectif est sociétal. Car des femmes se privent ou sont privées de baignade en plein été. En cause par exemple, l'interdiction du burkini. "Portant le foulard, c'est très compliqué. Je me suis vu refuser l'accès aux abords de la piscine sur la base de loisir de Solomiac (Gers) au prétexte que j'allais "contaminer" l'eau avec mon burkini. Je précise que j'étais simplement debout, sans même avoir mis les pieds dans la pataugeoire" partage une internaute de confession musulmane sur un groupe Vacances pour la communuaté musulmane.
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D'autres ont souffert d'une mauvaise expérience en louant une piscine privée. "Au bout de 15 minutes, on entend des voix d’hommes de l’autre côté du grillage, on a du courir se rhabiller ! (...) Si on les voit ils peuvent nous voir aussi !!" écrit cette utilisatrice sur le même groupe Facebook.
C'est en partie pour cette raison que la page Facebook Délices gourmands, qui propose la vente de sucreries, met la piscine de son domicile à la location. "Salem mes sœurs location piscine privé, jacuzzi sans vis à vis entre femmes ou en FAMILLE couple marié avec des enfants proche de Toulouse" écrit l'utilisatrice sur Facebook. Un message destiné à ces femmes qui veulent porter le foulard ou le burkini dans l'eau sans être dérangées.
Contactée, les deux femmes (une mère et sa fille) qui gèrent cette location à Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne) promettent que leur bassin "est ouvert à tous" dans un cadre "familial", que ce soit des personnes "voilées ou non-voilées".
Proposée depuis mi-juin par créneaux de quatre heures (15€ par adulte, 7€ par enfant), le succès de la piscine est instantané. "On s'est informée pour savoir comment cela pouvait se passer. On l'a fait à notre sauce. Dès qu'on s'est lancées, on était complet toute la semaine" se rappelle la fille qui tient à rester anonyme.
"Le burkini est accepté" poursuit-elle. "Des personnes qui le portent nous ont déjà remercié. Les retours sont positifs grâce à l'intimité du lieu." Comme pour la plateforme louerunepiscine, Délices gourmands "n'a pas eu de souci de particulier". Et tient à rester indépendante pour ne pas avoir à payer des commissions.
Avec les prochaines températures caniculaires sur toute la France en fin de semaine, le marché devrait connaître une nouvelle forte demande dans les prochains jours.
