Une enquête pour "provocation publique à la haine raciale" a été ouverte ce mardi par la justice, une semaine après l'opération anti-migrants de Génération identitaire au col du Portillon.Tandis que le ministre de l'Intérieur envisage la dissolution du groupuscule d'extrême droite.
Le procureur de la République de Saint-Gaudens, Christophe Amunzateguy, a indiqué à France 3 Occitanie avoir ouvert ce mardi une enquête pour "provocation publique à la haine raciale" une semaine après "l'opération anti-migrants" du groupuscule d'extrême-droite Génération identitaire (GI) au col du Portillon (Haute-Garonne) situé entre la France et l'Espagne. L'enquête, confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Saint-Gaudens, permettra d'engager d'éventuelles poursuite contre le groupuscule.
Vers une dissolution du groupuscule d'extrême-droite ?
Ce même jour, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est dit "scandalisé" par les opérations anti-migrants de GI dans les Pyrénées et les Alpes et avait annoncé avoir demandé à ses services de réunir les éléments permettant de dissoudre le groupuscule d'extrême droite.
"Si les éléments sont réunis, je n'hésiterais pas à proposer la dissolution", a déclaré le ministre, "scandalisé par le travail de sape de la République des militants de Génération identitaire". Le ministère agira "évidemment dans le cadre des lois et des règlements de la République en proposant notamment, une fois que ces éléments seront réunis, le contradictoire dû à chaque association", a ajouté Gérald Darmanin à Paris lors de la conférence de presse mensuelle sur l'activité des forces de l'ordre. Le dossier a été confié au Service central du renseignement territorial (SCRT) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
J’ai demandé aux services du ministère de l’Intérieur de réunir les éléments qui permettraient de proposer la dissolution de #GenerationIdentitaire. pic.twitter.com/4cRPlsOTPm
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 26, 2021
C'était la première fois que Gérard Darmanin condamnait publiquement les agissements de ce groupuscule et évoquait la possibilité de sa dissolution. Ces dernières semaines, son ministère avait obtenu celle d'associations soupçonnées d'accointances avec l'islamisme (CCIF, BarakaCity, collectif Cheikh Yassine).
De nombreuses réactions de condamnation
Les condamnations de l'intrusion du commando de Génération identitaire au col du Portillon avaient été unanimes en Occitanie. Plusieurs élus dont la présidente socialiste de région, Carole Delga, avaient demandé la semaine dernière au ministère de l'Intérieur la dissolution de "ce groupuscule d'extrême droite violent et dangereux" après leur action coup de poing.
"No Pasaran"
De son côté, la section du parti communiste de la vallée de Luchon appelle vendredi à 11 heures à une marche anti fasciste au col du Portillon. "No pasaran", expliquent les organisateurs, "ils ne passeront pas", faisant écho au slogan des Républicains Espagnols pour repousser les troupes fascistes du Général Franco soutenues par Hitler et Mussolini. "En 1939, des milliers de réfugiés transitèrent par ce col et furent enfermés dans les camps de Rivesaltes, Garaison, Gurs.... par le gouvernement Français. En 1945, de nombreux guérilleros Espagnols qui avaient contribué à vaincre le nazisme repassent ce col de Portillon pour tenter de renverser le gouvernement putschiste de Franco. Beaucoup n’en sont jamais revenus.", rappelle le parti communiste dans un communiqué. "Le groupuscule génération identitaire vient la semaine dernière de souiller la mémoire de ces réfugiés et de ces guérilleros en osant depuis ce col symbolique tenter une opération de communication basée sur la haine de l'autre et la stigmatisation des migrants. C'est une honte pour la France de voir ces Fascistes parader comme au plus beau temps de Vichy sans que les forces de l’ordre n’interviennent pour faire appliquer les lois de la République, notamment la Loi Gayssot qui considère « tout acte raciste et xénophobe comme un délit ».", poursuit le communiqué. "Il est plus que temps de barrer la route aux fascistes et à la haine", conclut-il.
Mardi dernier, une trentaine de militants de GI à bord de voitures sérigraphiées "Défend Europe" s'était installée au Col du Portillon pendant que quelques autres partaient "en randonnée" en utilisant "un drone" pour "surveiller" la frontière. Selon un message de GI, posté sur les réseaux sociaux, cette campagne entendait lutter contre le "risque terroriste et migratoire dans les Pyrénées".
Au mois de décembre, Génération identitaire et trois de ses cadres avaient été relaxés par la cour d'appel de Grenoble pour des précédentes opérations anti-migrants menées en 2018 dans les Alpes, à la frontière franco-italienne.