Quand la santé délaisse la ville, Toulouse se transforme en désert médical

Les déserts médicaux ne sont pas qu'une réalité rurale. À Toulouse (Haute-Garonne) par exemple, il manquerait une centaine de médecins généralistes. Constat et solutions à travers l'exemple de cabinets toulousains.

Quand on entend " désert médical ", on pense aux petits hameaux de campagne sans médecin. Mais il en existe aussi en plein cœur des grandes villes.

Un déficit d'une centaine de médecins à Toulouse

À Toulouse, on dénombre actuellement 450 généralistes pour environ 500 000 habitants. Il en faudrait 100 de plus.

Dans le quartier Arnaud Bernard, au centre-ville de Toulouse, le Dr Catherine Dauty est le deuxième médecin d’un cabinet à partir prochainement à la retraite. Pour le moment, aucun professionnel de santé ne souhaite reprendre l'activité, développée il y a plus de 40 ans.

C’est frustrant, on a le sentiment d’abandonner nos patients. J’essaye de les rediriger, mais dans le quartier plus aucun médecin ne veut prendre qui que ce soit.

Catherine Dauty, médecin généraliste à Toulouse

« Je savais bien qu’on aurait un problème, c’est annoncé depuis 20 ans. Mais je ne pensais pas que ce serait à ce point », regrette la praticienne.

Chaque jour, les appels téléphoniques de nouveaux patients en recherche d'un médecin traitant retentissent dans sa salle d'attente. En mars prochain, le cabinet fermera définitivement ses portes et plus de 4 000 patients se retrouveront sans médecin.

 « Pour nous, ça va être une vraie galère. Quand on consulte un généraliste, on a souvent besoin que ça se fasse très rapidement. Dans une ville grande comme Toulouse, je suis surprise et déçue que ça puisse arriver », déplore une patiente du Dr Dauty. 

Les centres de santé, la solution miracle ?

Entre le cabinet de médecine générale et les services hospitaliers, une nouvelle offre de soin se développe : les centres de santé.

Au mois d’avril, un nouveau centre de santé comptant trois généralistes salariés a ouvert ses portes dans le quartier des Carmes à Toulouse. Pour les praticiens, le choix du salariat a notamment été motivé par l’absence des contraintes de la pratique en libéral.

Ce qui me séduit, c’est la décharge administrative. Je peux consacrer plus de temps à soigner mes patients et patientes, et je privilégie également ma vie personnelle. Si je termine à 18 heures, je peux partir à 18h05, je n’ai pas toute la paperasse à faire. Et ça, c’est beaucoup plus confortable.

Antoine Jouve, médecin généraliste salarié à Toulouse

Attention à la logique de rentabilité économique 

Le salariat attire donc de nouveaux praticiens à la recherche de confort de travail et d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Ces nouveaux centres de santé peuvent ainsi être une réelle solution à la pénurie de médecins, sous certaines conditions.

 « Quand c’est un projet professionnel porté par des médecins, c’est aujourd’hui le seul modèle qui a montré son efficacité en termes d’attractivité pour la jeune génération. En termes de respect du temps de repos aussi, et de la rupture de l’isolement », analyse le Professeur Stéphane Oustric, président du Conseil de l'ordre des médecins de Haute-Garonne.

Mais il faut se méfier des centres de santé qui ne sont portés que par des investisseurs. Ils n’ont pas l’objectif de faire du suivi de patients tout au long de leur vie, mais plutôt de faire de la rentabilité financière et économique.

Stéphane Oustric, président du Conseil de l'ordre des médecins de Haute-Garonne

La fin du numerus clausus devrait apporter une réponse au manque de médecins, mais il faudra encore patienter quelques années avant de pouvoir bénéficier de cette nouvelle génération de soignants.

(Avec Stéphane Compan)

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