Jusqu’au début des années 90, la consigne, cette petite somme supplémentaire payée par le consommateur pour l’emballage, était restituée au retour de la bouteille en magasin. Une méthode écolo qui séduit à nouveaux certains consommateurs. Exemple à Toulouse (Haute-Garonne).
Plus que de prendre le temps d'aller déposer ses bouteilles vides au conteneur à verre dans votre rue... un autre système serait plus bénéfique pour la planète… Sauf qu’il a quasiment disparu. La consigne.
Cette petite somme supplémentaire, versée, par le consommateur pour l’emballage, de sa bouteille de lait, de vin ou de jus, était restituée au retour du contenant en magasin. Lavé, il pouvait être réutilisé une cinquantaine de fois. Quand actuellement, le trajet d’une bouteille en France consiste à être vidée, jetée, brisée, puis fondue dans un four pour en recréer une nouvelle.
Des initiatives locales
L'entreprise "Le Fourgon" propose des produits dans des bouteilles consignées. Lancée il y a quelques semaines, elle dessert plusieurs communes françaises, comme Toulouse (Haute-Garonne). La commande est effectuée en ligne, et le consommateur se fait ensuite livré chez lui. La bouteille vidée sera récupérée par l'entreprise qui la nettoiera. "Notre objectif, c'est de réduire le nombre de déchets de boissons, de produits ménagers des consommateurs", explique Océane Cassaing, responsable logistique. Des produits régionaux sont proposés aux côtés de marques que l'on retrouve dans les grandes enseignes, les prix sont équivalents à ceux de la grande distribution. "J'ai voulu essayer parce que le plastique, c'est un désastre", confie une des cliente au micro de France 3 Occitanie. L'entreprise compte pour le moment 300 clients.
En France, l'Alsace fait partie des bons élèves, elle n'avait jamais perdu cette démarche vertueuse. Dans tous les supermarchés, les clients rapportent leurs bouteilles en verre, et récupèrent une petite somme d'argent. Pour les habitants, l’habitude semble bien ancrée. Les brasseurs ne font pas exception. Ils comparaient en 2009 le poids environnemental de deux bouteilles de même contenance (75 cl) :
Pourquoi avait-elle disparu ?
Le système de consigne, n'a pas résisté, à la multiplication des emballages en plastique, à usage unique. En effet, le tri est à la charge des collectivités, lorsque la consigne était celle de l'enseigne. Certains industriels peu scrupuleux n'ont donc pas hésité à promouvoir le plastique au détriment du verre, malgré les effets durablement néfastes sur l’environnement.
Ce documentaire Arte, pointe notamment du doigt le géant Américain Coca-Cola qui a vu dans l'arrêt de la consigne une magne économique supplémentaire :
Mais il n'est pas le seul. En France, par exemple, dans un rapport paru en 1999, deux parlementaires expliquaient que "l’enjeu, pour les industriels, était d’éviter une directive européenne s’inspirant du modèle allemand fondé essentiellement sur la consigne (…). La consigne des bouteilles de vin, par exemple, aurait été ingérable à traiter en France et il était impératif d’éviter à tout prix un tel système."
Un retour possible partout ?
Le Plan national de prévention des déchets 2014-2020 estime que la promotion de la consigne en France dépend de trois critères :
- la distance de transport entre le conditionneur et le lieu de distribution, ainsi que le mode de transport retenu
- le poids des emballages (le verre des consignes étant renforcé, il est généralement plus lourd et génère donc plus de dépense en carburant)
- le taux de recyclage des emballages à usage unique et le nombre d’utilisations des emballages réutilisables
Selon ce même plan, elle permet néanmoins d’éviter l’équivalent de 500 000 tonnes de déchets d’emballages chaque année. De plus, actuellement, 65 % des bouteilles et flacons en plastique sont recyclables, et seulement 59 % sont recyclés !