Après deux ans de pandémie et une inflation galopante, les associations s'inquiètent de la hausse du coût de la rentrée scolaire 2022 pour les étudiants toulousains. Souvent précaires, elle va leur coûter 3,6% plus cher que l'an dernier et pèsera sur leur pouvoir d'achat.
Avec plus de 130 000 inscrits dans les universités et les écoles, Toulouse est l'une des plus grandes villes étudiantes de France. Des jeunes qui préparent leur rentrée, non sans stress.
Beaucoup sont en effet soumis à une grande précarité, et avec la hausse des prix cette année, ils s'inquiètent pour leur pouvoir d'achat au mois de septembre.
Il faut dire que l'inflation a atteint les 6,1% sur un an en juillet, un record, ce qui laisse présager un impact sur les bourses de ces étudiants. Surtout que cette flambée des prix touche tous les secteurs : logement, alimentation, énergie, achats de fournitures scolaires.
2410 euros en moyenne pour la rentrée 2022, soit 3,69% de plus qu'en 2021
Le poste de dépense le plus élevé pour ces étudiants est le loyer, suivi de la nourriture. Selon la Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE), leur rentrée devrait coûter plus cher que l'an passé.
À Toulouse, un étudiant devra débourser en moyenne 2410,03€ pour sa rentrée 2022, une hausse de 3,69% par rapport à l'an passé, selon l'Association Générale Etudiante de Midi-Pyrénées (AGEMP) qui vient de publier un rapport. C'est moins que nationalement où le coût de la rentrée est estimée à +6% sur l'ensemble du territoire.
Cette hausse s'explique tout d'abord par une augmentation des frais spécifiques à la rentrée comme celui de l'assurance du logement (+9,74%) ou encore le coût du matériel pédagogique qui va s'élever à plus 13% par rapport à 2021.
Mais les frais courants augmentent aussi, comme le prix des loyers à Toulouse avec +1,33% or cela peut représenter plus de la moitié du budget d'un étudiant. S'ajoute à cela il faut ajouter l'augmentation des frais des transports en commun prévu par Tisséo en septembre. L'abonnement mensuel du tarif étudiant fait un bond 21,83% même si il reste gratuit pour les boursiers échelon 7.
Des hausses historiques qui vont renforcer les inégalités entre étudiants et affaiblir encore plus les précaires.
Depuis la crise Covid, la situation des étudiants précaires se dégrade, rendant encore plus compliqués leur émancipation et l’accès à l’enseignement supérieur. Aujourd'hui 20% des étudiants sont sous le seuil de pauvreté. Un étudiant sur deux est obligé d’avoir recours au salariat pour financer ses études, ceci ayant un impact négatif conséquent sur leur réussite académique.
Arthur Philipot, en charge des solidarités à l'Association Générale Etudiante de Midi-Pyrénées
Tous les biens consommables augmentent
La plus grande difficulté cette année pour ces étudiants sera sans doute de remplir le frigo et de se nourrir. En effet si le prix du Ticket RU reste inchangé à Toulouse par rapport à l'année précédente, toutes les dépenses pour le consommable (alimentation, équipements divers, produits d'entretien, etc) sont à la hausse.
Après une augmentation de plus de 2% en 2020, de 6,08% l’année dernière, elles affichent une augmentation de + 6,57% en 2022, s'alignant ainsi sur l'inflation.
50% des étudiants sautent un repas faute d'argent
Lorsqu’on sait que 50% des étudiants déclarent sauter des repas à cause de problèmes financiers, c'est alarmant. Quand on voit cette augmentation des coûts de la rentrée, on craint que cela s'aggrave. C'est très inquiétant pour l'année à venir. Quand on peine à remplir son frigo, difficile de garder une alimentation variée et équilibrée. Ces constatations, nous avons déjà pu les cibler. Elles ont été mises en évidence avec la mise en place de distributions de paniers alimentaires gratuits pendant le deuxième confinement en novembre 2020. Depuis, nous avons enregistré 12000 paniers distribués pour l'ensemble de l'académie de Toulouse soit environ 650 bénéficiaires par mois. Avec des stocks toujours épuisés en fin de distribution, nier l’urgence de la situation devient impossible.
Arthur Philipot, en charge des solidarités de l'AGEMP (association générale étudiante de Midi-Pyrénées)
Les étudiants boursiers sont particulièrement inquiets donc pour cette rentrée 2022. "Un quart des étudiants toulousains était touché par cette précarité étudiante. La revalorisation prévue des bourses, bien en deçà de l'inflation ainsi que les aides ponctuelles prévues en septembre, ne suffiront pas à combler les besoins réels de ces jeunes", peut-on lire dans le rapport de l'AGEMP.
Le coût de la rentrée étudiante a plus que doublé en 19 ans
"On a peur pour les étudiants individuellement, puisque ceux qui ne touchent pas forcément les bourses, vont aussi se retrouver dans des situations très difficiles dès la rentrée. Nous souhaitons que les bourses CROUS soient recalculées avec de nouveaux critères d'attribution pour éviter que ces étudiants là se retrouvent en très grande précarité", conclut Arthur Philipot. Depuis 2003, le coût des rentrées étudiantes a augmenté de 55%.