Mélissa et Bérenger se sont lancés un pari un peu fou : ouvrir une "cantine fine" dans un village du Lauragais de 900 habitants. Et comme le défi n’était pas assez grand, ils ont eu leur premier enfant quelques mois avant l’inauguration. Récit de cette aventure familiale et culinaire.
Le Covid a bouleversé les habitudes professionnelles des jeunes, notamment dans la restauration. Nombre d’entre eux ne veulent plus travailler le soir ou le week-end, et les restaurants peinent à trouver de la main d’œuvre. À contre-courant de cette tendance, un couple de trentenaire s’est lancé un défi : ouvrir une "cantine fine", à Odars, un village sans commerce de 900 habitants à une demi-heure de Toulouse. Tout ça avec un bébé de six mois dans les bras. Voici leur récit.
Une "cantine fine" dans une "cité-dortoir"
Bérenger. "On a choisi cet endroit dans la campagne Lauragaise, d’abord parce qu’on voulait sortir de la ville et qu’on s’y sentait bien. C’est devenu un village un peu dortoir, mais on voulait redynamiser ça. Avant, dans ces villages, il y avait de la vie, des cafés, des commerces, et c’est peu à peu tombé en désuétude. Nous, on voulait redonner vie à un cœur de village, ramener de l’amour et de la bonne cuisine."
"On a été très surpris par la diversité de la clientèle. On a les anciens qui viennent boire le café tous les jours, les gens "du cru" des villages alentours qui viennent manger parce que c’est nouveau. Et on a aussi beaucoup de jeunes, qui sont étonnés de retrouver ici quelque chose qu’on a plutôt l’habitude de voir dans les grandes villes."
Une histoire de famille à double titre
Mélissa. "Avant, ici, c'était un café/bar de village, le siège des joueurs de pétanque. C’était resté dans son jus et on a fait d’énormes travaux. On a refait la plomberie et l’électricité grâce au tonton, tout le bois avec le cousin. C’est une histoire familiale qui perdure. Le hasard fait que c’est la grand-mère qui tenait le bar avant, et nous, on a appelé notre resto La Yaya, ça veut dire grand-mère en catalan."
Bérenger. "Ma grand-mère est catalane, c’est elle qui m’a élevé et qui m’a donné l’amour de la cuisine. C’était naturel pour moi que, le jour où on ouvre un resto, je l’appelle La Yaya, pour lui faire un petit clin d’œil."
Bérenger. "Et c’est une histoire familiale à double titre ! À la base, on avait prévu notre premier bébé, qui est ce restaurant. C’est déjà un sacré projet et puis on a dit "Oh, ça a l’air un peu trop facile comme projet" et donc on a mis un deuxième bébé en route ! Notre fils est né en octobre, en plein milieu des travaux et de tout ça. Finalement, ça nous a donné encore plus de force et ça a été le plus beau des cadeaux."
Mélissa. "On pensait pouvoir ouvrir en décembre à la base, et en fait pas du tout ! Avec l’arrivée de notre fils et tout à gérer en même temps … Au final, on a ouvert avec quatre mois de retard. On s’est dit que ça se faisait depuis toujours, des gens qui ont un commerce et qui ont des enfants, alors pourquoi on n’y arriverait pas ? On compose, on s’organise et on est très épaulé par notre famille."
Une cuisine du marché et des débuts prometteurs
Bérenger. "On fait une cuisine du marché : des produits frais et de saison, qui sont au plus proche de nous. À deux minutes d’ici, il y a des jeunes qui ont monté La ferme aquatique avec des super produits. Mon beau-frère est producteur de fromage, le cousin de Mélissa fait des canards, c’est juste ici. Pourquoi on irait ailleurs ?"
Mélissa. "Ça fait à peu près deux mois qu’on est ouvert. Au début, on était complet tous les midis, il y a eu l’effet de nouveauté. Et là, ça se stabilise un petit peu, mais on est très contents."