Depuis 32 ans, il était la star du zoo African Safari de Plaisance-du-Touch (31). Buldo, le rhinocéros blanc mort en novembre 2022 est pris en charge par le Muséum d'histoire naturelle de Toulouse. Sa naturalisation vient de commencer.

Buldo ne marquera plus les visiteurs du zoo African Safari de Plaisance-du-Touch de son imposante stature. L'animal est mort à l'âge de 36 ans d'un cancer métastasé après plus de 30 ans de captivité.

C'est désormais au Muséum de Toulouse que Buldo retrouvera une seconde vie, après une prise en main par le laboratoire de taxidermie. Une espèce remarquable à plus d'un titre pour Brian Aïello, taxidermiste du Muséum et chargé de naturaliser ce colosse de 2 tonnes.

Même si le travail de Brian Aïello consiste principalement à naturaliser les espèces de la faune locale, le partenariat du Muséum avec le parc zoologique permet au taxidermiste de prendre en charge de plus gros spécimens. Ainsi, Brian Aïello s'est déjà occupé du grand mâle girafe figurant à l'entrée du musée. De la même façon, le rhinocéros, du fait de ses mensurations, est une espèce qui requiert un travail particulier.

Une peau de 350 kg

"Peu de temps après le décès, il faut mettre en sécurité la peau" explique Brian Aïello.

Après la procédure d'écharnage de l'animal, la peau est rapidement plongée dans un saumurage à l'acide formique pour la stabiliser et la rendre imputrescible. "Il faudra plusieurs jours pour consolider les chaînes de collagène et rendre la dépouille résistante au futur tannage", explique le taxidermiste.

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La peau du rhinocéros blanc est hissée hors du bain de saumure pour être traitée et amincie. Elle sera tannée ultérieurement en vue de la naturalisation de l'animal. ©FTV

La peau de l'animal est hissée hors du bain de saumure à l'aide d'un treuil électrique. Pour amincir cette peau de 350 kg qui peut atteindre jusqu'à 6 cm d'épaisseur par endroit, "la tâche est immense et rébarbative", reconnait Brian Aïello.

L'épiderme est très fin, il faut donc procéder avec délicatesse pour ne pas l'abîmer.

Brian Aïello - Taxidermiste au Muséum d'histoire naturelle de Toulouse

Le but est de rendre la peau la plus fine possible en ôtant d'abord au couteau les parties graisseuse. Ensuite une écharneuse électrique prendra le relai pour l'amincir d'avantage. Après ces opérations, la peau aura perdu 90% de son poids.

D'autres animaux sont en attente dans les ateliers du taxidermiste. Mais quand le rhinocéros s'intégrera dans un programme du musée, la peau de Buldo sera tannée peu de temps avant. Cette phase sera assurée par les tanneries de Graulhet (Tarn) qui disposent de techniques et d'outillage adaptés à la taille de cette peau hors gabarit.

Buldo viendra compléter les collections du Muséum d'histoire naturelle aux côtés de Charly le lion de l'Atlas, ou encore de l'ourse brun Caramelles. 

L'ourse Caramelles en cours de naturalisation

Parmi les travaux en cours de l'atelier de taxidermie, l'ourse brun Caramelles figure dans les priorités. Le plantigrade a été tué par un chasseur dans les Pyrénées ariègeoises en 2021. Juste après l'autopsie pratiquée à l'école vétérinaire de Toulouse, le Muséum a récupéré sa dépouille en vue de sa naturalisation.

Les traitements de la peau sont terminés et les os du plantigrade en cours de nettoyage. Les os ont été mesurés et ont servi de base à la compréhension de l'anatomie et à la constitution d'une maquette grandeur nature. "Il ne faut pas se tromper sur la longueur des membres", prévient Adam Huyet, taxidermiste.

Ce mannequin en blocs de polyéthylène sera le squelette de l'ours. Brian Aïello et Adam Huyet travaillent actuellement à l'ajustement du support rigide à la fourrure de l'ourse. Cette étape du travail préparatoire à l'atelier du Muséum permet de vérifier la concordance des mesures de l'animal avec celles de la maquette. Les taxidermistes sont satisfaits, les proportions sont conformes.

Les étapes suivantes vont consister à la pose du pelage, la couture de la peau sur le mannequin et au travail sur l'expression de l'animal. Le taxidermiste devra retranscrire les caractéristiques anatomiques et comportementales de l'animal dans son milieu.

La restitution devra être proche de la réalité pour avoir l'impression de voir un spécimen vivant.

Brian Aïello - Taxidermiste - Muséum d'histoire naturelle de Toulouse

Un patrimoine fragile

L'ourse Caramelles, une fois sa naturalisation terminée, rejoindra une exposition du Muséum de Toulouse dédiée à la biodiversité au printemps 2024.

Buldo et Caramelles interpellent sur la fragilité de ce patrimoine naturel à préserver.

"Beaucoup de ces animaux qui nous passent entre les mains sont dans une situation critique dans leurs milieux naturels. La situation de certains spécimens est vraiment préoccupante", conclut Brian Aïello.

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