Le tunnel de Saint-Béat, qui doit délester ce dernier gros bourg de la Haute-Garonne avant l'Espagne de sa noria de camions quotidienne, a été inauguré ce lundi. Mais sa bretelle de sortie renvoie la circulation sur une partie de la commune dont les habitants dénoncent un fiasco.
Banderoles de protestation, concert de casseroles...ambiance sonore pour l'inauguration ce lundi du tunnel de Saint-Béat, dont les riverains entendent parler depuis 30 ans, mais qui, après plusieurs années de travaux, ne permettra pas, du moins pas avant 6 ans, de délester ce dernier gros bourg de la Haute-Garonne avant l'Espagne de ses quelques 500 camions et 3000 voitures quotidiens.
Le collectif Vivre en vallée de Saint-Béat avait en effet décidé de venir demander des explications aux autorités sur le rapport coût/efficacité de cet ouvrage de 1100 mètres aux normes les plus récentes de sécurité. Mais dont la bretelle de sortie n'ouvrira pas avant 6 ans et qui renverra donc pendant ce temps le trafic routier sur une moitié de l'agglomération, au grand dam des riverains. Lesquels étaient une petite centaine à manifester pour cette inauguration sur les 350 habitants que compte le village.
Le reportage de Stéphanie Bousquet et d'Olivier Denoun :
Le tunnel, qui doit être mis en service le 3 mai, ne représente en effet qu'un tronçon de déviation et non la déviation entière de Saint-Béat. Et au lieu de contourner Saint-Béat, les camions seront renvoyés vers le centre-ville pour aller prendre un virage ...en angle droit et reprendre ainsi la direction de l'Espagne, comme le montre ce carton d'invitation à inauguration de l'ouvrage.
Au nombre des explications de cette situation ubuesque figure le coût du projet, initialement prévu pour 105 millions d'euros, mais dont le budget a explosé à hauteur de 141 millions d'euros, en raison notamment de modifications du tracé pour des raisons écologiques. Résultat : plus de budget pour la voirie. Avec un pont construit 3 kilomètres plus loin et qui ne sert pour l'heure à rien.
La situation devrait durer jusqu'en...2024. Le temps de réaliser les 2,5 km nécessaires à l'achèvement de la totalité de la déviation. Et à la fin de l'asphyxie de Saint-Béat.
En vidéo, le reportage réalisé début avril 2018 par Thierry Sentous et Marc Raturat :