En raison de la fin de la trêve hivernale (prolongée de 2 mois en raison de la crise sanitaire), le centre d'hébergement Junod ferme son accueil en journée. Les hébergés doivent désormais quitter les lieux le matin pour ne revenir qu'à 17h. Travailleurs sociaux et hébergés se mobilisent pour réclamer le maintien de cet accueil 24/24h.
Les hébergés de Junod vivent dans le doute et dans l’incertitude. Depuis ce 1er juin, ce centre d’hébergement social situé dans l’enceinte du CHU Toulouse Purpan ne peut plus les accueillir la journée.
En raison de la trêve hivernale et de la crise sanitaire, les 121 hommes seuls hébergés dans le pavillon Junod doivent quitter les lieux chaque matin à 9h30, pour ne revenir qu’à 17h. “Ça fait des journées très longues”, déplore Renaud Lenoir, l’un des travailleurs sociaux. “Pour certaines personnes, ça les empêche de se poser, d’effectuer des démarches pour s’en sortir. C’est un gros frein pour elles.”
Un public fragile
Parmi les sans-abris hébergés dans le pavillon Junod, beaucoup sont en très grande difficulté. Ces hommes sont souvent sans-papiers, sans travail et avec pour certains de lourds handicaps, physiques et/ou mentaux. “Ils veulent fermer le centre parce que l’été arrive, mais l’été aussi pour nous c’est difficile”, s’inquiète Mostefa Benyoulef, le porte-parole des hébergés. “Lorsqu’il fait 30 ou 40 degrés, on ne peut pas rester dehors. Ici, il y a des gens malades, des diabétiques.”
Ce jour-là, une ambulance est justement appelée pour venir en aide à l’un des hébergés en détresse. Diabétique, il fait régulièrement des malaises mais est surveillé par le personnel de l’Escale. “Ici, on peut l’évacuer par ambulance. Il était au centre donc on a pu le secourir. Mais s’il se retrouve à la rue en journée, comment fera-t-il ?” interroge Renaud Lenoir.
Un besoin de financement supplémentaire
Hébergés et travailleurs sociaux demandent donc des financements supplémentaires afin de pouvoir garder le centre ouvert en journée. Car il faut pour cela rémunérer le personnel et fournir le déjeuner. Un coût nécessaire expliquent-ils pour éviter les parcours d’errance ou l’afflux vers d’autres services. “Aujourd’hui, le problème de l’hébergement est devenu criant”, dénonce Karen, une travailleuse sociale. “Les services publics, et en particulier les services hospitaliers, sont totalement saturés. Ça fait qu’il n’y a plus de place à l’hôpital et que des gens qui devraient être en psychiatrie se retrouvent dans les centres d’hébergement.”
Ensemble, ils espèrent être reçus dans la journée par la préfecture afin de pouvoir faire entendre leur voix.