Pollution au plomb : des chercheurs de Toulouse observent des effets dangereux sur les abeilles et la biodiversité

Dans une étude publiée dans la revue Ecotoxicology and Environmental Safety, des chercheurs du CNRS ont exposé des abeilles à de faibles doses de plomb trouvées dans l'environnement. Les effets causés sur les insectes pollinisateurs sont immédiats.

Sa dangerosité avait fait les gros titres en avril 2019, à la suite de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Conséquence directe de l'incendie, la pollution au plomb avait été très forte dans la capitale et sa région. Preuve, s'il en fallait, que ce genre de métaux lourds a des effets très néfastes sur la santé... et la biodiversité. 

Dans une étude publiée dans la revue Ecotoxicology and Environmental Safety, Coline Monchanin, doctorante CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale à l'Université Paul Sabatier, Toulouse 3 et son directeur de recherche, Mathieu Lihoreau, chercheur CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale, se sont interrogés sur les effets de la pollution au plomb sur les abeilles.

 

 

Perte de mémoire et manque de flexibilité

Pour tester ces effets potentiels, les chercheurs ont nourri des ruches d’abeilles domestiques avec du nectar contenant du plomb à des concentrations faibles (inférieures aux seuils réglementaires européens pour l’environnement) pendant 10 semaines.

Les premiers résultats démontrent que les abeilles exposées à la plus élevée de ces concentrations présentent une perte de mémoire, mais surtout un manque de flexibilité dans leur capacité à apprendre des odeurs.

" On s'est rendu compte que les abeilles ne parvenaient pas à différencier correctement les nectars de fleurs, explique Mathieu Lihoreau. Elles n'arrivaient plus à associer une odeur sucrée et une odeur neutre ce qui pose un problème pour butiner. Si toutes les abeilles d'une colonie ne reconnaissent pas les odeurs, la survie de la ruche devient compromise. "

" C'est avec ce genre d'études qu'on aimerait faire changer les lois "

Parmi les autres enseignements de cette recherche, les scientifiques observent que les abeilles ayant ingéré du plomb pendant leur développement sont plus petites que les autres. " Ces abeilles plus petites, ont des têtes plus petites, et des performances d’apprentissage également réduites, ce qui suggère un effet du plomb sur le développement cérébral " indique la note rédigée par les scientifiques.

Mathieu Lihoreau complète : " l'effet de la pollution sur la biodiversité n'est pas toujours bien compris. Avec cette étude, on peut se rendre compte que les seuils d'alerte sont trop élevés pour le plomb. C'est avec ce genre d'études qu'on aimerait faire changer les lois ".

Selon le site internet du Gouvernement, Ecologie.gouv , la teneur maximale en plomb dans l’eau au robinet du consommateur est fixée à 10 micro grammes par litre (µg/L) à compter du 25 décembre 2013.

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