Une étudiante de Science Po Toulouse a dénoncé les viols qu'elle a subi lors de son intégration. Le premier des nombreux témoignages à l'origine du hashtag #SciencesPorcs sur les réseaux sociaux. Le ministère de l'enseignement supérieur vient de lancer une mission d'enquête à Toulouse.
Visite de contrôle. Dans un mail adressé à ses étudiants, Olivier Brossard, directeur de l'IEP de Toulouse, leur annonce la tenue d'une "mission d’inspection générale diligentée par Madame la ministre de l’enseignement supérieur".
Cette mission "procédera, d’une part, à une série d’entretiens avec des interlocuteurs identifiés par la mission, et d’autre part, se rendra disponible (soit en présentiel, soit en visioconférence) pour toute personne de la communauté de l’IEP de Toulouse qui souhaiterait rencontrer la mission", explique le mail.
Sciences Po Toulouse se retrouve dans la tourmente depuis le début du mois, après qu'une de leurs étudiantes a dénoncé les viols qu'elle a subi lors de son intégration en 2018.
Tous les IEP concernés
À Toulouse, cette mission se tient sur deux jours, le 1er et 2 mars prochains, elle se déplacera ensuite vers les autres Sciences Po de France.
Cette visite est effectuée par l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR).
L'équipe vient rencontrer les personnels de tous les IEP de France, pour "évaluer leurs cellules d'alerte, de traitement et de soutien aux victimes de violences sexistes et sexuelles" précise Olivier Brossard. "La question des pratiques clandestines de bizutage révélées ces dernières semaines sera aussi à l'ordre du jour." précise-t-il dans son mail.
"Faire reculer les violences sexistes et sexuelles"
Dans sa note adressée à la direction de l'IGESR portant saisine de cette institution, Ali Saïb, directeur de cabinet du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation déclare que la mission vise à "évaluer les mesures qui sont concrètement mises en œuvre" dans les différents Sciences Po de France, dans le but de "faire reculer les violences sexistes et sexuelles de manière significative."
La mission des inspecteurs "s'agira notamment de s'assurer que les procédures déployées permettent à toutes les victimes présumées d'être entendues et accompagnées et d'obtenir le traitement de leur signalement sur le plan disciplinaire et pénal, le cas échéant."
Sceptiques "sur la portée de cette mission"
Déjà, des chercheuses de Sciences Po Toulouse appelaient la direction à mettre en place des mesures pour lutter contre ces comportements répréhensibles. Elles demandent notamment une formation obligatoire sur les violences sexistes, sexuelles et discriminatoires dès la rentrée prochaine.
Mais face à l'annonce de cette initiative du ministère, le collectif de jeunes chercheuses se montre "sceptique sur la portée de cette mission. Notre crainte est qu'elle ne se résume en réalité qu'à un effet d'annonce sans suivi de mesures concrètes porteuses de changements structurels."
Les chercheuses estiment que cette mission "s'inscrit avant tout en réaction à la médiatisation des violences sexuelles et sexistes des dernières semaines" arguant que le problème des violences au sein de l'enseignement supérieur n'est ni "chose nouvelle, ni inconnu" des autorités.
Pourtant, le ministère attend que la mission produise ses premières constations en avril prochain. Il a aussi demandé qu'une analyse plus complète soit livrée avant la fin de l'année universitaire. Avec pour objectif la mise en place des premières mesures dès la rentrée 2021.