A Toulouse, la Garonne est à son plus bas niveau connu depuis 60 ans en été. Une information d'autant plus préoccupante que la période critique pour le fleuve se produit chaque année pendant les mois de septembre et d'octobre.
Les images se succèdent sur les réseaux sociaux, témoins de cette situation inédite. A Toulouse, la Garonne est à un niveau historiquement bas pour un mois d’août… au point qu’un homme pourrait la traverser en ayant pied de bout en bout.
“C’est absolument un record”, s’alarme Bernard Leroy, le responsable de l’étiage et de la sécheresse au Syndicat Mixte d’Etudes et d’Aménagement de la Garonne (SMEAG). “Cela fait bien 60 ans qu’on n'a pas vu un niveau aussi bas de la Garonne en été.”
Des lâchers d’eau pour maintenir la Garonne à flot
Pendant deux mois d’été, le SMEAG a orchestré une série de lâchers d’eau en direction de la Garonne, à partir de ses affluents, des rivières et torrents pyrénéens. Une solution indispensable pour maintenir la Garonne à niveau suffisant, notamment pour les agriculteurs dont le pic pour les cultures est survenu en juillet mais aussi pour tous ses autres usages (eau potable, industrie, arrosage…). “Nous sommes dans une situation inédite”, poursuit Bernard Leroy.
“En 30 ans d’existence, nous n’avions jamais lâché autant d’eau dans la Garonne en juillet et en août.”
Bernard Leroy, le responsable de l’étiage et de la sécheresse au SMEAG
Mais face à cette sécheresse particulièrement intense et précoce, le syndicat a été contraint de lâcher beaucoup d’eau avant même la période traditionnelle d’assèchement des cours d’eau qui se produit entre septembre et octobre. Ces deux mois sont les plus critiques pour la Garonne. “C’est maintenant la sécheresse hydrologique classique qui va survenir. La fonte des neiges est terminée”, précise Bernard Leroy. “Nous devons garantir un niveau d’eau minimum pour l’activité de la Garonne, aussi bien humain qu’au niveau de la biodiversité.”
Le niveau de la Garonne devrait encore baisser dans les prochains jours
Mais avec autant de lâchers d’eau cet été, le syndicat craint de ne pouvoir assurer le soutien d’étiage à partir de la rentrée. La tension sur les cours d’eau a atteint son paroxysme la semaine dernière avec un débit d’eau moyen à Toulouse de 38 m3 par seconde (le débit de crise étant de 27m3), les affluents se tarissent.
Alors pour s’assurer des réserves suffisantes pour tenir les premiers mois d’automne, le préfet coordonnateur du sous-bassin de la Garonne et le président du syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne ont décidé de réduire drastiquement les lâchers d’eau. “Nous sommes dans une situation de pré-crise”, analyse le responsable de l’étiage et de la sécheresse au SMEAG. “Nous gérons les choses au jour le jour, en fonction des précipitations afin de garantir les activités vitales de la Garonne comme l’eau potable ou la vie biologique.”
Les pluies tombées ces derniers jours sur la région ont permis de stopper pour le moment le soutien d’étiage mais il faudra le reprendre dès dimanche, avec parcimonie, et limiter l’usage de chaque goutte d’eau.