La Haute-Garonne, comme plusieurs départements d’Occitanie, est en alerte renforcée sécheresse. Les cours d’eau sont au plus bas, comme les réservoirs des Pyrénées qui servent à les approvisionner. S'il ne pleut pas, certains craignent une pénurie d'eau d'ici 40 à 50 jours et une production d'électricité difficile.
Les jours passent et le niveau de la Garonne, à Toulouse (Haute-Garonne) reste toujours désespérément aussi bas. Il n'est tombé que 9,7 millimètres de pluie sur l’ensemble de l’Hexagone au mois de juillet. Un déficit de précipitations pluvieuses d'environ 84% par rapport aux normales de la période 1991-2020, indique Météo-France.
En Haute-Garonne comme dans les autres départements concernés, l’absence de pluie assèche considérablement les cours d’eau. Conséquence, le fleuve toulousain affiche des niveaux historiquement bas. La situation est d'autant plus inquiétante qu'il alimente en eau potable près de 97% des foyers de la ville et son agglomération.
“Toulouse va peut-être manquer d’eau dans quarante jours”
Le président de la fédération départementale de pêche de Dordogne ne cache pas ses craintes. Interrogé par nos confrères du quotidien La Dépêche, Jean-Michel Ravailhe, assure que “s’il ne pleut pas de façon significative dans les 40 jours, Toulouse va manquer d’eau.”
Selon celui qui préside aussi l’association Migado chargée de la protection des milieux aquatiques, “on arrive à des points de rupture qui sont problématiques dans un contexte climatologique où l’eau - qui fait du bien au milieu et aux hommes – va peut-être manquer”. Selon ce militant pour la protection des poissons, plusieurs facteurs seraient à l’origine de ce risque de pénurie, notamment le changement climatique.
Si on n’a plus d'eau dans les barrages, la production hivernale va être très compliquée
Olivier Marfaing, chef de groupement à la SHEM
Pour ne pas retrouver la Garonne à sec, de l'eau retenue dans les barrages des Pyrénées a été rejetée dans le fleuve afin de lui assurer un débit correct. Au 4 août 2022, 25 millions de m3 d’eau ont déjà été déstockées des réserves des Pyrénées. Un record ! Plus du double jamais utilisé les années précédentes. "On est déjà à un niveau deux fois plus élevé qu'en 2012, l'année où on avait relâché le plus d'eau", constate ce jeudi Jean-Michel Fabre, vice-président du conseil départemental de Haute-Garonne.
"Chaque année, on prélève de l'eau pour la relâcher dans la Garonne et maintenir ses niveaux", explique l'élu. "Cette année, on a dût tout faire plus tôt et en plus grande quantité", reconnaît-il. D'abord parce que les neiges des Pyrénées ont fondu précocement, ensuite parce qu'en raison des fortes chaleurs et de la canicule, les ressources disponibles se sont plus rapidement taries qu'à l'accoutumée.
Les lacs des Pyrénées a des niveaux historiquement bas
Le lac D'Artouste est l'une de ces réserves d'eau. Lui aussi affiche des niveaux historiquement bas à cause de la sécheresse. La principale réserve d’eau de la vallée d'Ossoue dans les Pyrénées-Atlantiques sert de soutien d’étiage pour les lacs et les cours d’eau plus en aval, dont la Garonne.
Cette année, ce barrage construit en 1929 n’a plus que cinquante jours de réserve d’eau. “Je n’ai jamais vu une situation aussi catastrophique au niveau des réserves d’eau au sein de nos barrages”, assure Olivier Marfaing, chef de groupement à la SHEM. Il sert également à produire de l'électricité. À ce sujet, Olivier Marfaing a une seconde appréhension : “Si on n’a plus d'eau dans les barrages, la production (d'électricité) hivernale va être très compliquée”, indique le responsable.
Les stocks d’eau potable disponibles sont “suffisants”, assure la mairie
À Toulouse, l’eau qui alimente le réseau “provient essentiellement de l’eau de surface”, rappellent les services de la métropole en charge de l’eau. En plus de la Garonne, le canal de Saint Martory, les lacs de l’Ariège et celui de la Ramée sont les principales ressources en eau potable de l’agglomération toulousaine. Une fois prélevée, cette eau est répartie puis traitée dans l’une des trois usines de production d’eau potable implantée dans la métropole (Clairfont, Pech David et Tournefeuille).
D’après les informations fournies par la mairie de Toulouse ce jeudi, “il n’y a pas de risque de pénurie d’eau potable dans l’immédiat”, même si les niveaux actuels de la Garonne sont bas. “Nous avons une marge suffisante pour faire face à la demande quotidienne”, indique la municipalité, qui assure que “même si le débit peut paraître plus faible, il y a assez d’eau”.
"Nous avons suffisamment de ressources pour satisfaire les besoins en eau potable de tout le monde jusqu'au mois d'octobre", abonde de son côté Jean-Michel Fabre. Une fois que l'automne va arriver, si la situation est la même qu'aujourd'hui, "il faudra que tout le monde prenne ses responsabilités et les usages de l'eau seront encore restreints", fait savoir l'élu.
L’utilisation de l’eau sous restrictions
“En l’absence de pluie significative et avec des températures qui restent élevées, l’ensemble des usages de l’eau est de plus en plus menacé dans la région”, rappelle Réseau 31, le syndicat toulousain de la gestion de l’eau.
En Haute-Garonne, des restrictions prises par la préfecture sont en vigueur pour mieux encadrer l’utilisation de l’eau. Depuis le 5 août, les prélèvements des particuliers et des collectivités sont limités, le remplissage des piscines privées et le lavage des véhicules en dehors des stations est interdit.
Pour rappel, en cas de pénuries d'eau, quatre niveaux existent en France. Vigilance, alerte, alerte renforcée, crise. Ces dispositifs poussent les autorités à appliquer des restrictions de plus en plus fortes, qui touchent aussi bien les particuliers, les agriculteurs que les industriels.
Météo France apporte une bonne nouvelle dans ce flot d'incertitudes : des orages devraient arroser le Sud-Ouest durant le week-end du 14 août.