Après 20 ans passés le long de la maison éclusière en face de la gare Matabiau, la Mairie a sommé le Secours Catholique de se déplacer à 300 mètes plus loin. Les bénéficiaires sont donc servis depuis lundi 8 décembre sur le parking de l'avenue de Lyon.
8 h 30, 3 degrés : une douzaine d'hommes profite de la dernière demi-heure pour prendre leur petit déjeuner. "Ils sont tous venus avant, la nuit est courte" explique Alain Cerisola, le président du Secours Catholique de Toulouse. "Ils arrivent dès l'ouverture, à 7 heures" ajoute-t-il. Nous sommes que le 9 décembre. Les comptes sont légèrement renfloués.
Depuis 20 ans, tous les matins de novembre à juin puis au mois d'août, de 7 heures à 9 heures, le secours catholique sert le café jusqu'à 200 sans-abris. Ce mardi 9 décembre, ils ne sont plus le long de la traditionnelle maison éclusière en face de la gare Matabiau mais quelque 300 mètres plus loin. Juste avant le pont, à l'endroit ou l'avenue de Lyon laisse place au faubourg Bonnefoy.
Le long du Canal ou 300 mètres plus loin : "On reste dehors, on a toujours froid."
Qu'est-ce que ça change ? "Pas grand chose..." souffle un des bénéficiaires. Confiture, pains au lait et rondelles de saucissons ont le même goût, qu'ils soient mangés le long du Canal ou au fond d'un parking. "On reste dehors.On a toujours froid. Si c'était un autre public on aurait eu une salle fermée, chauffée" reste persuadé son compagnon de galère.C'est moins humide que le long du Canal, et surtout le terrain est plus grand", un bénéficiaire.
Mais la majorité de ceux qui sont venus ce mardi matin voient ce changement d'un bon oeil : "On est mieux isolés, moins à la vue du monde qui passe et pourrait nous stigmatiser", "C'est moins humide que le long du Canal, et surtout le terrain est plus grand".
Le terrain aménagé par la Mairie de Toulouse mesure "au moins 20 mètres carrés de plus que le précédent", selon les calculs du président du Secours Catholique. Il y a un sanitaire, alors que le terrain de l'ancienne maison éclusière n'en comptait pas. Il y a aussi de l'électricité, un point d'eau et un abri.
Mais aucun banc, ni chaise "alors qu'avant on pouvait s'asseoir" regrette Gérald, à la rue depuis 6 mois. "On va amener des bancs promet Alain Cerisola. Et un sapin, ça serait bien".
Pour l'instant, tout le monde semble content même si les sourires se crispent quand on évoque l'avenir : "Les riverains vont-ils se plaindre et demander à la Mairie de nous éloigner un peu plus ?" craint un des bénévoles.
La Mairie assure que l'action sociale reste une priorité et qu'il n'y a aucune raison pour les déloger dans un futur proche. Une convention doit d'ailleurs être signée dans les prochains jours entre les élus et le Secours Catholique pour garantir la durée d'occupation du terrain.
Le terrain qu'ils occupent leur est pour l'instant dédié, sauf qu'il sera forcément détruit d'ici 2024 avec l'arrivée de la LGV.
En vidéo, le reportage de Mélody Locard et Virginie Beaulieu :