Gérard Bons a perdu ses deux fils en moins de 6 mois. Convertis à l'islam, Jean-Daniel et Nicolas étaient partis de Toulouse faire le jihad. Leur père, actuellement à Toulouse, veut créer une association pour lutter contre l'embrigadement des jeunes Français et les "filières du jihad".
Gérard Bons a perdu Jean-Daniel et Nicolas, morts à quelques mois d'intervalle en Syrie. Ce chef d'entreprise installé en Guyane est arrivé à Toulouse ce lundi avec la ferme intention de médiatiser son combat : lutter contre l'embrigadement des jeunes Français, notamment en créant une association "Si rien ne bouge, agissons".
Comme il l'a indiqué lors du 19/20 de France 3 Midi-Pyrénées dont il était l'invité, il aimerait pour cela s'associer avec ces deux familles de Toulousains dont les enfants de 15 ans sont partis début janvier en Syrie, via la Turquie, pour combattre eux aussi dans cette guerre civile.
Deux fils "embrigadés" et tués
Jean-Daniel et Nicolas, les deux jeunes Toulousains convertis à l'islam, fils de Gérard Bons, étaient partis de Toulouse à la mi-2013 avec le souhait de combattre en Syrie. D'abord discret, leur engagement auprès des combattants islamistes a éclaté au grand jour lorsqu'ils ont publié sur internet une vidéo où ils expliquaient leur combat et demandaient au Président de la République de se convertir lui-même.Jean-Daniel, 22 ans, est mort en août 2013. Son frère Nicolas, 30 ans, a été tué en décembre dans un attentat-suicide. Leurs parents ont appris leur mort par un SMS.
Un phénomène "inquiétant" selon Manuel Valls
Plusieurs centaines de Français combattent ainsi en Syrie, "un phénomène inquiétant" pour le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui indiquait vendredi dernier que les deux adolescents de 15 ans partis de Toulouse étaient peut-être encore en Turquie, même si des photos envoyées via les réseaux sociaux à leurs camarades du lycée des Arènes semblaient prouver le contraire. Le ministre avait aussi indiqué que tout serait fait pour les ramener à Toulouse et à leur famille.
Une filière "toulousaine" ?
Interrogé sur Europe 1 dimanche, Manuel Valls avait indiqué qu'il y avait certainement une filière en Midi-Pyrénées pour conduire les jeunes candidats au jihad vers la Syrie. Mais sans doute "pas plus qu'ailleurs en France". Pour Gérard Bons, ces "réseaux criminels" existent et il faut enquêter "pour les détruire". "Je me reproche de ne pas avoir parler de ces réseaux avec mes fils, a-t-il ajouté, mais il faut enquêter sur ces réseaux" pour qui "c'est facile de recruter des jeunes sans perspective".
Décriminaliser le retour
Gérard Bons souhaite aussi que la loi soit modifiée pour permettre à ces jeunes de revenir. Pris de remords ou effrayés par ce qu'ils vivent sur place, certains seraient candidats au retour en France. Mais ils se trouvent alors sous le coup de la loi et, poursuivis notamment pour leur engagement dans le terrorisme, risquent 15 ans de prison. Le papa de Nicolas et Jean-Daniel racontent que dans les rares conversations téléphoniques qu'il a eu avec ses fils en Syrie, la perspective de "passer des années en prison" mettait un terme à toute velléité de retour en France.
EN VIDEO / l'interview de Gérard Bons par Marie-Sophe Lacarrau dans le 19/20