C’est une fenêtre qui s’ouvre sur le passé de Toulouse. Sur le chantier du tracé de la 3ᵉ ligne de métro, les fouilles préventives révèlent aux archéologues exaltés, les premiers vestiges de ce qui pourrait bien être un fossé médiéval. Un chantier inédit, complexe qui va se dérouler sur huit mois.
À cinq mètres sous terre, quelques bouts de murs apparaissent. "C’est bon signe", explique Laurent Grimbert, responsable des opérations archéologiques à l'INRAP. Un mur, peut-être un fossé médiéval, rien n’est encore sûr.
Ces fouilles préventives qui ont débuté il y a 15 jours sur le chantier du tracé de la 3ᵉ ligne de métro à Toulouse n’ont pas encore tout révélé, mais cette première découverte est pleine d’espoir.
Un fossé médiéval ?
D’un côté, la sortie de la ville, rue de Metz, et derrière le rempart antique qui passait au milieu. C’est ce qu’il faut tenter d’imaginer lorsque l’on se situe sur le chantier des fouilles. À cette époque, il existait des fossés. Au Moyen Âge, la porte antique est réutilisée et les habitants creusent un grand fossé pour défendre la ville.
Laurent Grimbert explique : "L’existence de ce fossé, on la soupçonne dans une partie et on s’attend peut-être à trouver les vestiges d’un pont ou d’un ouvrage de franchissement qui permettait de traverser ce fossé que l’on connaît par les textes existants. Nous avions trouvé l’équivalence lors des fouilles de la porte narbonnaise pour le palais de justice. Nous sommes dans un contexte connu, mais on ne sait pas ce qui a été conservé."
Creuser plus profondément
Des escaliers vont être installés afin de permettre aux équipes de descendre pour arriver sur les niveaux de sépultures de l'Antiquité tardive entre le premier et le IVe siècle. "Les premières fouilles de la station François Verdier en 2002 étaient très riches, on devrait arriver ici sur ce même cas de figure, mais on est encore un peu haut", explique l'archéologue.
"Le rempart romain se trouve au milieu de la rue de Metz, précise l'archéologue sur le chantier. L’intérieur de la ville est réservé aux vivants, l’extérieur aux morts. Ici, on marche sur un gigantesque cimetière à l’époque romaine, documenté lors des fouilles de la station François Verdier. On espère trouver cette occupation antique à l’extérieur de la ville. On sait ce que l’on doit trouver, mais on ne sait pas dans quel état on va le trouver."
L’archéologie est un métier exaltant, mais c’est un peu le jeu de la loterie.
Laurent Grimbert
Un chantier inédit
Le chantier de la 3e ligne du métro toulousain est un chantier extrêmement important et complexe. "Il a déjà fallu déplacer le Monument aux combattants, une prouesse technologique. Les fouilles vont descendre à cinq mètres de profondeur jusqu’à la fin du niveau historique et il est possible que les archéologues retrouvent le fossé du rempart médiéval de Toulouse. Pour cela, il faudra peut-être descendre jusqu’à dix mètres de profondeur. Ce chantier a son équivalent à Rome sous les fouilles du métro qui durent depuis 12 ans, raconte Gilles Habasque, directeur environnement chez Tisséo Ingénierie. Les contraintes techniques pour ces fouilles sont très importantes, il y a beaucoup de réseaux, des canalisations d’eau, c’est compliqué pour les archéologues."
Après ce travail d’investigation sur cette zone, viendra le temps des analyses des vestiges, à la recherche du moindre indice pour écrire la véritable histoire de Toulouse. Une deuxième zone du chantier sera étudiée au printemps 2025.