Témoignage. "J'essayais de masquer mes symptômes" : schizophrène, il révèle son handicap mental après des années de souffrance et de dissimulation

Publié le Mis à jour le Écrit par Apolline Riou
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Vice-président de l'Université Jean Jaurès de Toulouse (Haute-Garonne) et militant PCF, Raphaël Montazaud a longtemps dissimulé son handicap. Diagnostiqué schizophrène, il a eu honte d'en parler, de le montrer, de l'affronter. Aujourd'hui, il l'assume et souhaite une meilleure représentation des handicaps mentaux et invisibles.

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"Je n'ai plus envie de faire semblant, plus envie de cacher cette part de moi." Raphaël Montazaud est malade, depuis plusieurs années. Une maladie qu'il a tenté de dissimuler, pour que sa vie soit "normale", pour qu'il ne soit pas "différent". Au début de sa vingtaine, il est diagnostiqué schizophrène. Un trouble mental difficile à porter au quotidien et à assumer, l'homme âgé aujourd'hui de 29 ans. 

Sur X (anciennement Twitter), Raphaël Montazaud a fini par vider son sac, le soir du lundi 26 août.  Il publie deux courtes vidéos dans lesquelles il révèle sa condition psychiatrique. Vice-président, représentant des étudiants, à l'université Toulouse Jean Jaurès, le jeune homme est aussi militant, membre du PCF. Il va entamer sa troisième année de licence de philosophie. En apparence, il semble mener une vie normale. Mais en réalité, la maladie le rattrape. "C'est mon deuxième redoublement". Raphaël Montazaud est handicapé à hauteur de 80%. 

Masquer son handicap

Les premiers symptômes se sont manifestés à l'adolescence. "J'avais des difficultés à sociabiliser, je me sentais différent. C'est là qu'est apparue ma peur de l'autre et de son jugement, du mal qu'il pourrait me faire, raconte le jeune homme. J'ai commencé à ressentir les émotions de manière forte et décalée, avec des rires paradoxaux notamment." Mais c'est à 18 ans que l'orage éclate. "J'ai dû partir du foyer de l'Aide sociale à l'enfance dans lequel j'étais depuis mes 16 ans. Je me suis retrouvé seul, isolé, relate-t-il. J'avais des bouffées délirantes très fortes, avec des hallucinations auditives et visuelles. J'ai fait deux tentatives de suicide, je me suis mis en danger et scarifié". 

S'ensuivent alors deux ans et demi pendant lesquels Raphaël Montazaud est hospitalisé à plusieurs reprises en hôpital psychiatrique. "J'ai été coupé du monde, complètement marginalisé. Depuis que je suis sorti, je me sens toujours décalé par rapport au monde." Alors pour compenser, il dissimule. Il travaille d'abord en restauration et décide, à 25 ans, de passer une équivalence bac et d'entamer des études.

"J'essayais de masquer mes symptômes aux yeux des autres". Il ment, invente des excuses : "Si ma jambe tremble c'est parce que je suis hyperactif. À la piscine, je préférai payer mon billet d'entrée plutôt que de bénéficier de la gratuité réservée aux handicapés." Il va jusqu'à refuser de bénéficier des aides que la faculté met en place pour les personnes handicapées, qui lui auraient permis d'avoir une scolarité plus adaptée. 

Un "comportement validiste" 

Cette carapace s'est effondrée il y a quelques mois. Raphaël Montazaud a été victime de harcèlement et de menaces, à plusieurs reprises, de la part de militants d'extrême droite. Il porte plainte, mais ses pensées suicidaires resurgissent, il peine à vivre correctement, la moindre tâche du quotidien devient insurmontable. À bout, il finit par avouer ce handicap sur X. "J'ai eu un comportement validiste, avoue-t-il. J'avais honte, j'ai tout fait pour ne pas l'assumer, pour ne pas faire face à cette réalité et ne pas mettre les autres dans l'inconfort. Mais ça n'a fait qu'aggraver ma situation."

Aujourd'hui, Raphaël Montazaud est soulagé. Il a l'impression de pouvoir enfin être lui-même. Mais il regrette que le handicap invisible n'ait pas plus de représentation, "des personnes connues, qui ont des responsabilités politiques ou accès aux médias. Ça nous aiderait tous".

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