Un salarié de la direction des sports de la ville de Toulouse (Haute-Garonne) a été licencié pour avoir critiqué le TFC pendant un match au Stadium. Le club aurait fait pression auprès de la mairie. L'agent conteste son licenciement devant le tribunal administratif.
Depuis plus de six mois, Jean (le prénom a été changé) vit un cauchemar. Le 15 mars 2024, cet agent de la direction des sports de la mairie de Toulouse assiste au match TFC-Lyon, dans une loge du Stadium partagée par plusieurs partenaires du club de football.
Il commente la rencontre avec un spectateur assis à côté de lui. À la fin du match, un homme se lève et invective Jean en dénonçant ses propos. Le ton monte. "L’homme m’a dit "tu es sur mes places, tu bois mon champagne. Tu n’as rien à faire ici. Tu es un minable, tu n’as jamais rien fait de ta vie." Je lui ai répondu qu’on n’était pas en Corée du Nord et donc libre d’émettre des critiques et de faire des commentaires."
L'individu, présenté comme un partenaire important du TFC, aurait ensuite menacé devant plusieurs témoins de parler de son comportement au maire de Toulouse et "de le faire virer".
Entretien préalable au licenciement
À sa grande surprise, six jours après cette altercation, Jean reçoit une convocation pour un entretien préalable à son licenciement, que nous avons pu consulter. Le motif y est clairement indiqué : "Votre comportement et vos propos lors du match du TFC le 15 mars".
"Il n'y a rien dans mon dossier administratif" assure l'agent qui parle de ravage sur sa vie professionnelle et personnelle. Après quatre convocations en entretien, dont un alors qu'il est en arrêt maladie, Jean est licencié le 30 juin 2024.
Je suis tombé dans une grave dépression. Je suis suivi par un psychologue. Ce licenciement a eu un impact énorme sur ma vie.
Jean
Dans un document interne que nous avons pu consulter, les services de la mairie rappellent "qu’en tant qu’agent public, il était soumis à des obligations, 24h sur 24 et 7 jours sur 7, surtout dans un contexte aussi proche des fonctions qu’il exerce au quotidien." De plus, l'administration lui reproche de ne pas l'avoir informée de cet incident. "C'est arrivé dans le cadre d'une conversation privée. J'étais invité par mon parrain. Je ne voulais pas mettre de l'huile sur le feu" explique Jean.
Sollicitée, la mairie de Toulouse n'a pas encore répondu à nos demandes d'interview.
Pression sur la mairie
Selon le Parisien qui a révélé l'affaire : "Le TFC assure qu'il n'a, à aucun moment, influencé ni participé, directement ou indirectement, à toute décision ou action liée à cette affaire, y compris les éventuelles suites avec l'employeur de l'intéressé."
Quelques heures après la publication de l'article de nos confrères, le club de football a démenti sur les réseaux sociaux, les accusations qu'il juge "diffamatoires" et dit se réserver " le droit d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre de l'individu".
À la suite de l'article publié aujourd'hui dans Le Parisien, le Club dément fermement les accusations diffamatoires adressées à son encontre et se réserve le droit d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre de l'individu mentionné dans l’article et du journal Le Parisien.
— Toulouse FC (@ToulouseFC) October 26, 2024
Pourtant, selon plusieurs documents portés à la connaissance de France 3 Occitanie, des cadres du TFC sont intervenus pour faire pression auprès de la direction de la mairie.
"Je n'en suis pas à une menace prés" réagit Jean qui a décidé de porter plainte pour dénonciatin calomnieuse contre le partenaire et le TFC, et pour harcèlement contre la mairie de Toulouse.
Cette histoire est surréaliste. C'est parti d'un égo qui n'a pas supporté un avis sur l'équipe qu'il sponsorise. C'est hallucinant le pouvoir de nuisances de ces gens.
Jean
Pour contester son licenciement, l'agent a saisi le tribunal administratif. "Je suis assez serein car j'ai toutes les preuves de mon côté. Ce qui est le plus violent, c'est le fait de ne pas avoir été entendu par mon employeur".