TEMOIGNAGE. Martine 54 ans vit un cauchemar, 15 mois après avoir eu le covid, elle a toujours des séquelles très graves

C'est un phénomène encore relativement peu médiatisé : après avoir contracté le covid, des personnes souffrent encore de séquelles graves, de maladies apparues avec le virus. Témoignage de Martine Jordana, une femme battante qui a dû oublier sa vie normale et apprendre à vivre avec des handicaps.

Le dernier jour de travail de Martine Jordana, c'était le 15 mars 2020. Cette femme fonctionnaire de 54 ans travaille à la mairie de Toulouse comme référente de quartier. Ce jour-là, elle participait aux élections municipales. C'est le jour où elle a attrapé le covid qui l'handicape lourdement encore aujourd'hui.
Plus de 15 mois après, Martine n'a toujours pas repris le travail. Sportive et battante, elle a dû ronger son frein, ré-apprendre à respirer. Aujourd'hui, elle ne peut toujours pas courir.

Martine n'a pas compris ce qui lui arrivait. "J'ai eu des symptômes dès le 19 mars : oppression thoracique, grosse fatigue, l'impression d’étouffer. Mon cerveau ne fonctionnait plus." Seule chez elle, elle s'accroche. Plusieurs fois, elle appelle le SAMU, voit des médecins, mais elle ne veut pas être hospitalisée.

Je n'étais pas loin de mourir mais c'était un peu comme le film Le Grand Bleu : j'étais en apnée, en manque d'oxygène, mais j'étais tellement faible que je voulais rester dans cet état. Je m'y sentais presque bien.

Martine Jordana, 15 mois de covid et toujours des séquelles

Au bout de 6 semaines, le SAMU est venu la chercher : prise de sang mais pas de test covid. Elle repart chez elle avec du Doliprane et de l'Ibuprofène. Ça finira par passer. Parfois, elle reste alitée pendant 3 jours. Juste la force de faire un grand plat de pâtes, de semoules pour manger sur plusieurs jours. "Moi, la sportive très active et qui fait attention à son alimentation, je ne faisais plus rien et je mangeais n'importe quoi. ". Elle finit par prendre 8 kilos.

6 mois après, elle n'a plus d’anti-corps, rien de significatif. Elle voit des médecins régulièrement, les constantes vont bien. On finit par ne pas la croire. Elle culpabilise un peu. Au travail, on lui dit de revenir, que ça lui changera les idées. Mais elle est toujours fatiguée, épuisée même, incapable de se concentrer. Elle se résout quand même à retravailler.
La veille de sa reprise, elle est victime d'un gros accident de voiture. "Plusieurs fois, je me suis pris des trottoirs car ça demandait des efforts surhumains, une énergie atroce."

Fin 2020, aucune amélioration significative.

J'avais le corps en feu, surtout au niveau des articulations. Des brûlures qui remontent des cheville à la tête. Avec des sensations de froid. Horrible.

Martine Jordana, covid long de 15 mois

Prise en charge ensuite à Larrey en fin d’année. Un professeur de médecine interne diagnostique une maladie auto-immune. Elle fait de la cardiologie respiratoire. Lors d'un test d'effort, elle fait un malaise suite à une arythmie ventriculaire. Elle part faire un séjour à la clinique du souffle à Osséja dans les Pyrénées-Orientales.
Ce sont les premiers cas de covid qui arrivent dans cet établissement qui va se spécialiser dans les covid longs.

Elle y reste 6 semaines. "Musculairement, j'avais beaucoup perdu. On m'a remis en condition physique. J’ai appris à respirer. Je croyais que j'allais retrouver le souffle et tout comme avant. Mais je ne pouvais plus respirer en marchant. J'ai dû tout réapprendre. J'ai pleuré toute la première semaine. "

La prise en charge dans cet établissement est totale. Mais lorsqu'elle retourne chez elle, elle se retrouve seule. Elle ne poursuit pas les exercices. Elle perd presque tout.

Son médecin lui conseille d’aller à Muret, près de Toulouse, dans un centre de rééducation pour sportifs. Elle s'y rend 3 fois par semaine pour de la kiné respiratoire et du renfort musculaire. La ville de Montpellier vient d'ouvrir un parcours spécial covid long. Elle a rendez-vous par visio avec le Dr Jérôme Larché. Plusieurs examens -dont une prise de sang conséquente- finissent par révéler une sclérodermie de forme atypique qui touche les muscles.

"C'est terrible mais je bataille depuis un an et demi avec des gens qui ne me croient pas. Là, j'ai enfin un diagnostic, des mots sur ma maladie. ".

Aujourd'hui, je souffre toujours mais je suis plus apaisée. Je vais pouvoir commencer un traitement. C'est très très long mais je vais prendre soin de moi. Ma seule question : vais-je ou pas guérir ?

Martine Jordana.

Martine n'a pas repris son travail, mais elle n'a jamais cessé de se battre. Le médecin a demandé une ALD, une Affection de Longue Durée que la Sécurité Sociale lui a accordé. Elle est aussi reconnue "longue maladie" à son travail. Pas de quoi guérir de ses troubles mais de quoi apaiser ses questionnements psychologiques. Elle n'arrive plus à lire ni courir mais elle reprend sa grande passion : la danse et le tango.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité