Terres agricoles ou béton : tensions autour d'un projet de zone d'activités au sud de Toulouse

Le projet de zone d’activités du Rivel dans le Lauragais, aux portes deToulouse, date d'il y a 30 ans. Ce parc de 110 hectares sera dédié aux technologies vertes innovantes et aux énergies renouvelables. Un collectif s'y oppose, le jugeant "destructeur d’un environnement agricole".

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Au sud de Toulouse, la communauté d’Agglomération du Sicoval et les communes d’Ayguesvives, Baziège et Montgiscard ont donc lancé le projet de ZAC du Rivel. Le Conseil de communauté a d’ailleurs validé le dossier de réalisation de la ZAC le 4 juillet dernier.

Ce parc de 110 hectares sera dédié aux  technologies vertes innovantes et aux énergies renouvelables. 68% de sa surface accueillera des activités économiques, 27% des espaces paysagers et 5% des espaces publics. Sa réalisation devrait s’échelonner sur 15 ans.

"C’est un projet vieux de 30 ans en gestation" , explique Laurent Forest, agriculteur, maire de Montgiscard et vice-président en charge des espaces naturels, eaux pluviales urbaines, milieux aquatiques et prévention des inondations au Sicoval.  

La concertation a eu lieu en toute légalité. Et de 250 hectares, nous sommes passés à 110 hectares. Il y a eu un travail de concertation avec tous les propriétaires fonciers et exploitations agricoles, dans 90% des cas tout s’est réglé sans problème.

Laurent Forest, vice-président du Sicoval

Un projet sous tension

Mais depuis quelques mois, des voix s’élèvent contre ce projet. Dans les communes du Lauragais, affiches et banderoles commencent à fleurir pour dire "non à la Zac du Rivel". Un collectif s’est même créé et a lancé en ligne une pétition qui a recueilli plus de 15000 signatures.

Des agriculteurs du Lauragais déplorent aussi une bétonisation galopante au détriment des terres agricoles et de la biodiversité. Certains auraient préféré avoir en main d’autres outils pour accompagner leur développement collectif, comme par exemple la création d’un abattoir ou d’une conserverie.

Jo Boudière, troisième génération d’agriculteur, cultive 180 hectares de céréales sur la commune de Montgiscard. Une partie de son exploitation se situe sur le tracé du projet. Il a engagé une procédure judiciaire contre le Sicoval.

 L’expropriation touche 40 hectares, sur 20 hectares je suis vraiment impacté. L’enjeu n’est pas le même que pour les autres agriculteurs, ce n’est pas qu’un carré de terre. Dessus j’ai un atelier bovin et un atelier de production de pommes de terre. Sur les 20 autres hectares sont situées deux corps de ferme de type Lauragaise.

Jo Boudière, agriculteur

Pour cet agriculteur qui ne fait pas partie du collectif, "la valeur de la terre n’a pas de prix, elle est nourricière. On va se battre pour de l’argent car on nous laisse que ce seul recours". Il rappelle aussi la situation critique dans laquelle se trouvent les exploitations agricoles aujourd'hui.

Selon la FDSEA, chaque année 1500 hectares sont vendus en Haute-Garonne. Dans trois ans, 30% des chefs d’exploitation agricole atteindront l’âge de la retraite, des agriculteurs qui ont du mal à trouver des repreneurs. Pour y remédier la chambre d’agriculture de la Haute-Garonne a lancé l’opération "exploitation à céder, cherche repreneur". En parallèle, la population ne cesse d’augmenter et l’urbanisation s’intensifie au détriment des terres agricoles. "Nous sommes confrontés à la sècheresse qui entraine une baisse de production soit 30 à 40% des volumes, la flambée des prix et l’urbanisation qui grappillent des terres agricoles, comment voulez-vous que l’on arrive à nourrir la population ?", s’agace Jo Boudière.

"On manipule la population avec des mensonges, pour eux la production agricole n’est pas leur priorité, eux ils veulent bétonner pour trouver de l’argent et pouvoir faire fonctionner leur structure", rajoute l'agriculteur.

Un projet pour l’avenir

"Cette zone c’est avant tout 70 hectares dédiés à des projets économiques en lien avec le développement durable", se défend Laurent Forest, maire de Montgiscard et vice-président du Sicoval. "Par le biais de l’intercommunalité c’est créer une zone de 110 hectares pour le développement de toutes les communes du secteur. Un choix plus résonné que de voir pousser des constructions désordonnées, individualisées".

Un projet d’autant plus important à concrétiser pour cet élu agriculteur car le gouvernement va durcir la règlementation prévue par le Plan Biodiversité. Dans le cadre du projet de loi Climat et Résilience,  l'objectif de "Zéro artificialisation nette" des sols (ZAN) , vise à ralentir le rythme de l'urbanisation jusqu'à 0 en 2050, au profit des espaces naturels.

"C’est important de planifier. Ce n’est pas rien, c’est la construction de la réserve foncière pour les 40 ans à venir", précise Laurent Forest.

"Non à la ZAC du Rivel"

Les écologistes sont contre ce projet, dont les travaux devraient démarrer dans quelques mois. Un collectif s’est constitué et diffuse une pétition "non à la Zac du Rivel" sur les réseaux sociaux. A ce jour plus de 15000 personnes sont signataires. Les membres de ce collectif défendent les terres agricoles :

"Aujourd'hui ce projet est indéfendable tant il va favoriser l'étalement urbain, le trafic routier et destructeur d'un environnement agricole et du cadre de vie, à l'heure où, partout, l'autosuffisance alimentaire et la préservation de l'eau est une URGENCE !"

 

La réalisation du projet s’effectuera avec la mise en service de la déviation de la RD16 et la suppression du passage à niveau de Montgiscard.

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