Terrorisme. 5 choses à savoir sur le nouveau procès de l'ultragauche, l'énigme d'une association de malfaiteurs terroriste sans projet concret

Sept personnes sont renvoyées mardi 3 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris pour "association de malfaiteurs terroriste". Ils sont soupçonnés d'avoir projeté des actions violentes contre des policiers et militaires. Un procès qui vient 5 ans après le fiasco de l’affaire des supposés terroristes de Tarnac.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le Parquet National Anti-Terroriste (PNAT) a donc décidé de renvoyer 7 prévenus de l'ultragauche pour association de malfaiteurs terroriste devant le tribunal correctionnel de Paris. Ce groupe n'a pas de nom, la plupart de ces personnes ne se connaissent pas alors comment ont-ils pu constituer une menace terroriste en France ?

1- Les faits

Jusqu'au 27 octobre, six hommes et une femme, âgés de 33 à 39 ans, seront jugés pour association de malfaiteurs terroriste devant le tribunal correctionnel de Paris. Mais que leur est-ilreproché exactement ? 

Début 2020, une note de la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure) alerte sur les activités de Florian D., soupçonné de vouloir mettre sur pied "un groupe violent", avec pour objectif de « commettre des actions de guérilla et des actions violentes contre des cibles institutionnelles". 

Une enquête préliminaire est ouverte le 7 février 2020. Les 7 prévenus sont interpellés un peu partout en France le 8 décembre 2020. Trois jours plus tard, leurs mises en examen sont prononcées. Le procès va donc se tenir du 3 au 27 octobre. Ils encourent jusqu'à 10 ans de prison.

2- Une rencontre à Sivens et de l'airsoft à Pins-Justaret près de Toulouse

Le dossier tient principalement sur une seule personne : Florian D. Ce militant anarchiste est parti combattre au Kurdistan syrien aux côtés des Unités de protection du peuple (YPG), des brigades intégrées aux Forces démocratiques syriennes qui bse battent contre l’organisation Etat islamique (Daech). Il aurait fédéré autour de lui des personnes de confiance, notamment Camille B., avec laquelle il entretenait une relation amoureuse, Simon G. artificier à Disneyland et Manuel H., rencontré lors de ses études dans un lycée agricole.

Florian D., Manuel H. et un autre prévenu (Loïc M.) se seraient réunis du 11 au 13 février 2020 à Pins-Justaret (Haute-Garonne).

Pour préparer des actes terroristes ? En fait, il s'agirait plutôt de pratiquer l’airsoft, un jeu d'équipe avec des répliques d'armes à feu.

Quelques mois plus tard, du 25 au 27 mai 2020, Florian D., Manuel H. et Loïc M. se retrouvent à Saint-Lieux-Lafenasse (Tarn). On n'en sait pas plus sur leur activité. 

Auparavant, Loïc M., avec 2 autres prévenus (William D. et Bastien A.) , auraient rencontré Florian D. sur la ZAD de Sivens (Tarn) en 2014.

3- Le procès de l'ultra gauche 

Ce dossier dont s'est saisi le PNAT est le premier procès à être jugé depuis celui du groupe Action directe (1995). Le Monde et Télérama ont pu consulter le réquisitoire définitif et selon le journal Le Monde, "ce dossier n’a jamais de nom, mais sa lecture donne l’impression d’une volonté de construire une menace terroriste d’ultra gauche".

Selon le média, les charges sont maigres et "la chronologie démontre clairement que, si menace il y a, elle va en déclinant plutôt qu’en se radicalisant."

Selon Maitres Coline Bouillon et Raphaël Kempf, avocats de Florian D : "Sept personnes sont jugées pour association de malfaiteurs terroriste sans que le moindre projet et la moindre cible n'aient été établis, et sans qu'un quelconque groupe n'existe en réalité... Cette qualification sera contestée fermement par la défense au cours de ces quatre semaines d'audience."

4- Un nouveau coup de Tarnac ?

Devant les arguments avancés par les avocats, on pense évidemment au fiasco judiciaire de Tarnac qui concernait également des militants d'extrême-gauche. En 2008, ils avaient été arrêtés à grand renfort médiatique et soupçonnés de sabotage de lignes TGV tirant cette petite commune de Corrèze de son anonymat.

Au fil du temps, la qualification de ces actes comme "action terroriste" avait fini par être abandonnée et le procès s'était conclu 10 ans plus tard par une relaxe générale. 

Dans le procès qui s'ouvre ce mardi et selon le quotidien Le Monde, Camille B. (l'ex compagne du principal suspect Florian D.) se serait installée dans la même ville de l’ouest de la France et la même rue que Julien Coupat, l’idéologue du "groupe de Tarnac".

5- La question Kurde

En arrière-plan, il y a aussi la question Kurde. Florian D. aurait combattu en 2017 auprès des Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) au Rojava (nord-est de la Syrie) contre le groupe Etat islamique. Un libertaire qui combat Daech en quoi cela peut-il inquiéter la France ?

Les YPG ont souvent été les alliés privilégiés de la France pour combattre le groupe Etat Islamique. Mais derrière il y aurait le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation terroriste aux yeux de la France et de l’Union européenne.

D'ici le 27 octobre, le procès permettra sans doute de clarifier certaines situations. Pour les avocats des 7 militants, ce procès est une coquille vide sur la lutte antiterroriste. Il s'agirait surtout de mettre l'extrême-gauche au banc des accusés. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité