A Toulouse, après les régionales, la gauche reprend espoir

Moins de deux ans après la défaite aux élections municipales, la gauche est largement majoritaire dans les bureaux de vote de Toulouse : 59,12 % pour Carole Delga dans la ville (vraiment) rose. Quels enseignements en tirer ? 

Mars 2014, décembre 2015. 18 mois se sont écoulés depuis la défaite de Pierre Cohen (PS) aux élections municipales et la gauche toulousaine qui avait la tête sous l'eau vient de recevoir coup sur coup en 2015 deux bouées de sauvetage : un large succès en mars dernier aux élections départementales encore amplifié par le score de Carole Delga sur la ville au second tour des élections régionales ce dimanche.

Avec 59,12 %, Carole Delga réalise sur Toulouse un score presque historique : il reste inférieur à celui de François Hollande à la présidentielle de 2012 (62,54 %) mais est supérieur à celui de Ségolène Royal en 2007 (57,60 %).

Alors revers personnel pour le maire LR Jean-Luc Moudenc ? Sursaut de la gauche toulousaine ? Tentative d'analyse avec en point de mire, déjà, les municipales de 2020.  

Une sanction pour Jean-Luc Moudenc ?

Le maire LR, qui a largement été à l'initiative de la désignation du candidat des Républicains aux régionales Dominique Reynié, n'est majoritaire, dans sa ville, que dans 4 bureaux de vote situés dans les quartiers aisés de la ville dont la Côte Pavée. Un bureau, à l'école Anatole France, a placé Louis Aliot (FN) en tête. Les 251 autres bureaux ont tous placé la gauche en tête ! 
Mais pour Jean-Luc Moudenc, qui a anticipé les commentaires dès dimanche soir en s'exprimant devant les militants rassemblés au QG de campagne de Dominique Reynié, il ne faut pas "municipaliser" ces résultats.

Les Toulousains savaient bien que ce n'était pas une élection municipale"
                                              Jean Luc Moudenc



Le maire de Toulouse ne veut donc pas lire dans les résultats de ce scrutin la moindre sanction de sa politique. "Je n'étais pas candidat aux régionales", a-t-il martelé devant les militants. "Une grosse partie de notre électorat s'est réfugiée dans l'abstention"
Le score de Carole Delga ne serait pas dû selon lui à sa politique depuis 2014 au Capitole, même si le scrutin intervient quelques mois après la mise en place de fortes hausses des impôts locaux ou des tarifs de cantines scolaires ou de garderie

La double problématique du Front National

Pour Jean-Luc Moudenc, la droite a dû faire face à la fois à une forte abstention dans son camp et à la progression du Front National. Si cette poussée reste limitée par rapport au reste de la région (18,37 % pour Louis Aliot) à Toulouse, la progression du vote FN se confirme, même à Toulouse : entre les Européennes de juin 2014 et les régionales de 2015, le Front National a gagné 10.000 voix à Toulouse (24 441 contre 15 094).
Autre fait qui relativise la portée locale du score de la gauche, la forte mobilisation de l'électorat pour "faire front" au FN et s'opposer au risque de voir la région basculer à l'extrême-droite. Cette forte mobilisation de l'électorat de gauche peut-elle se reporter sur un scrutin plus local à l'horizon 2020 ? Rien n'est moins sûr. 

La gauche requinquée mais prudente​

Elu au conseil municipal, le socialiste Romain Cujives évoque "la modestie, l'humilité et l'incitation au travail" pour analyser les résultats toulousains. "C'est une défaite pour Jean-Luc Moudenc, explique-t-il, qui a mouillé sa chemise pour Dominique Reynié car les Toulousains disent "on n'a pas signé pour ça". Mais ce n'était pas une élection municipale et ce que l'on doit retenir de la bonne campagne de Carole Delga, c'est que la gauche doit être unie pour gagner. Pour éviter le rejet des politiques et la vote extrême, il faut aussi plus de participation citoyenne pour co-construire un projet". 

Carole Delga incarne le renouveau parce que c'est une femme, parce qu'elle est jeune et parce qu'elle veut rénover les pratiques politiques"
                   Isabelle Hardy, conseillère municipale PS


Pour sa collègue Isabelle Hardy aussi, "la stratégie de l'union de la gauche pour 2020" est essentielle : "Carole Delga incarne le renouveau, poursuit-elle, parce que c'est une femme, parce qu'elle est jeune et parce qu'elle veut rénover les pratiques politiques. A nous, l'opposition, de s'inspirer de cela mais avant il faut expliquer que Jean-Luc Moudenc a été élu sur un mensonge et il faut aussi construire ensemble des orientations pour les Toulousains". 

Le candidat de la gauche aux municipales désigné dès 2017 ? 

Le problème de la gauche et notamment du PS c'est que pour capitaliser sur ces bons résultats à Toulouse, il manque encore l'incarnation du ou de la candidate qui pourrait être face à Jean-Luc Moudenc dans 4 ans et demi.
Ce n'est pas le nombre de candidats potentiels qui manque, c'est le leadership. Ils sont en effet nombreux à y penser... et pas seulement en se rasant !
L'ancien maire Pierre Cohen, président du groupe socialiste au conseil municipal, n'a toujours pas dit s'il a décidé ou pas de tirer un trait sur 2020. Parmi les élus d'opposition, Romain Cujives, François Briançon ou Isabelle Hardy seront sans doute sur les rangs. Hors du conseil municipal, d'autres socialistes poussent la candidature de la députée Cathy Lemorton.
Des élus demandent que la désignation du candidat ne se fasse pas trop tard, sans doute après les échéances présidentielle et législatives de 2017.
Pour Romain Cujives, "ce n'est pas le moment maintenant, mais en 2019 ce sera trop tard". Même point de vue pour Isabelle Hardy pour laquelle cette question est "prématurée" mais qui ajoute qu'il faudra la trancher "sans doute fin 2017". Il restera alors deux ans et demi avant les municipales. 
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