L'affaire est montée jusqu'à la Cour de cassation. Elle vient de confirmer le licenciement d'un cadre d'Airbus pour avoir mis en danger la santé d'un de ses subordonnés. Lors d'une séance de "team-booster" il avait contraint des salariés à marcher sur du verre pilé mais l'un d'eux avait refusé.
Les actions de "team-building" ou de "team-booster" ont pour but de souder les membres d'une équipe, dans une entreprise, par exemple en leur faisant faire une descente en rafting, de la spéléologie etc. Les aventures et les risques - contrôlés - partagés doivent resserrer les liens entre les collaborateurs et développer leur motivation au travail.
Parfois il peut y avoir des dérapages...
Une épreuve risquée
Un cadre dirigeant du service "management solutions" d'Airbus avait organisé une session de ce type, du 1er au 3 décembre 2014 en Allemagne. La dernière épreuve consistait pour chacun à marcher sur les débris d'une bouteille en verre cassée par les participants.Tous se sont pliés à l'exercice sauf un, qui s'y est refusé et a "fondu en larmes", expliquant qu'il souffrait d'une "pathologie".
Détresse et pression psychologique
A son retour il s'est plaint auprès du médecin du travail d'avoir été contraint de se justifier devant toute l'équipe.Le médecin a alerté le service RH d'Airbus et une enquête a été lancée début janvier 2015 avec l'audition des participants.
Ces entretiens ont révélé un malaise général par rapport à la pression psychologique et la détresse mentale qu'avait pu ressentir le salarié en question.
L'enquête s'est achevée le 21 janvier et le cadre dirigeant a été informé par la Direction d'Airbus de la décision de le licencier le 18 février 2015.
Dans son arrêt rendu le 23 octobre dernier, la chambre sociale de la plus haute autorité judiciaire en France a confirmé ce licenciement, retenant que "la faute du salarié avait consisté à ne pas intervenir durant le stage pour préserver l'intégrité physique et psychique de ses collaborateurs, en méconnaissance de ses obligations résultant des dispositions de l'article L. 4122-1 du code du travail."
Cette décision a suscité des commentaires, notamment dans le secteur juridique.
A l'avenir ce type d'actions de "team-booster" devrait être plus encadré pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent.Est justifié le licenciement pour faute grave du manager qui organise un team building extrême durant lequel les salariés doivent marcher pieds nus sur du verre pilé.
— Curiosités Juridiques (@CJuridiques) November 17, 2019
Cass, soc, 23 octobre 2019, n°18-14260.