Shanna Banana et Brandy Snap sont artistes et drag queens. Basées à Toulouse, les performeuses font face à de vives critiques nourries par des sympathisants d’extrême droite. En réponse, collectifs et associations leur apportent un soutien indéfectible.
“Associations et collectifs LGBTQI+ et allié.e.s soutiennent Shanna Banana et Brandy Snap, artistes drag toulousaines, qui font face à des attaques ignobles de la part de l’extrême droite, sur l’espace public et sur les réseaux sociaux”. Ainsi débute le communiqué envoyé par la Ligue des droits de l’Homme de Toulouse vendredi 27 janvier.
“Nous les soutenons et nous soutenons leur démarche pédagogique et artistique de sensibilisation au bien vivre ensemble et à l’acceptation de toutes les différences auprès de tout public dont les plus jeunes, à travers des lectures d’ouvrages adaptés”, peut-on encore lire. Parmi les dizaines d’associations signataires de ce communiqué, AIDES Occitanie, l’association des parents gays et lesbiens, PRIDE Toulouse ou encore Jules & Julies.
Des sympathisants d’extrême droite à la manoeuvre
Tout a commencé avec l’annonce d’un atelier de lecture destiné aux enfants âgés de 3 à 6 ans à la médiathèque José Cabanis à Toulouse (Haute-Garonne). Initialement prévu le 18 février prochain, cet atelier devait être animé par Shanna Banan et Brandy Snap, deux artistes drag queen toulousaines, dans le cadre du mois dédié aux personnes queer.
Un événement très rapidement décrié par le groupuscule identitaire d’extrême droite, Furie française. Parlant de “propagande politique payée par vos impôts”, ces activistes sont pour la plupart proches du courant de l’ancien groupe Génération identitaire, dissous sur décision de justice au printemps dernier.
En réponse à ces attaques, la Ligue des droits de l’Homme de Toulouse appelle à faire bloc. “Face à l'extrême droite, au repli sur soi, aux amalgames haineux, il ne doit y avoir aucune compromission. Il en va de notre démocratie, de notre République !”, indique encore l'organisation dans son communiqué du 27 janvier.
La mairie de Toulouse limite l’événement
Bien déterminés à interdire un atelier qui se veut inclusif, les détracteurs ont été appuyés par des sympathisants de la Manif pour tous. Une pétition en ligne "contre les lectures drag à l'intention des jeunes enfants" a été lancée par leurs soins dès le 20 janvier pour demander une annulation. Ladite pétition aurait récolté plus de 4.000 signatures, mais a entre-temps été supprimée. Des publications injurieuses à destination des deux artistes sont rapidement devenues virales sur les réseaux sociaux.
Jean-Luc Moudenc cherche à faire croire qu’il a changé depuis la Manif pour tous à laquelle il participait en 2012.
Opposition municipale dans un communiqué
Le tapage est tel que la mairie de Toulouse a pris la décision, mardi 24 janvier, d’apporter des modifications à l’atelier initial, "dans un souci d'apaisement", selon les mots de la municipalité. Seul un public majeur est désormais le bienvenu à la manifestation, toujours maintenue à ce jour. “Si Jean-Luc Moudenc cherche à faire croire qu’il a changé depuis la Manif pour tous à laquelle il participait en 2012, il révèle par cet acte le soutien à l’intolérance, loin des idées humanistes de notre ville”, a fustigé en réponse l’opposition municipale dans un communiqué.
La Ligue des droits de l’Homme de Toulouse a également tenu à interpeller le gestionnaire de la ville rose suite à cette polémique. Elle demande notamment à la mairie de “n’exercer aucune censure sur le contenu, la mise en place et l’organisation de tout événement, de toute forme, dans les lieux, établissements, espaces publics” qu’elle gère.