Le Covid, la guerre, le coût de l'énergie, comment faire pour ne pas se laisser submerger? Et si la meilleure défense était le rire? L'humour, "Politesse du désespoir" ou véritable exutoire, une possible thérapie est possible sur Toulouse avec le "Printemps du Rire".
Le rire est une fleur toulousaine qui fleurit au printemps. Depuis 28 ans, la ville rose est un terreau fertile pour les jeunes pousses ou les artistes montants qui ont pris de la graine. Cette année encore, Patrick Timsit, Alex Vizorek, Nicole Ferroni, Wally, Guillermo Guiz ou Paul Mirabel apporteront leur grain de sel humoristique. De quoi balayer d'un zygomatique l'actualité morose un brin stressante.
La violette se met au parfum
Au cœur du quartier Borderouge de Toulouse, le Théâtre de la Violette apporte sa contribution. Sur scène, deux extraterrestres masqués amènent les enfants dans une épopée de gags. Le public se laisse prendre : "C'est le moment off du week-end. Il fait beau, on oublie les tracas", confie cette maman. Devant la scène, une fille pas encore remise du show : "Quand tu ris, tu es libérée de ton rire et là c'est comme si je faisais une grande respiration..." La conclusion revient à une dame, qui vient de trouver son bonheur : "je trouve qu'il y a toujours de bonnes raisons pour rire de toute façon. Et puis ça rend heureux!"
Même satisfaction chez les comédiens de la compagnie des "Saltins Branks" privés de scènes pendant de longs mois. "Le rire, ça rend en forme et après on est bien. On est tout détendu. Et puis c'est un partage." Les Robert et Robert ont rencontré la félicité.
Le rire "Ad Vitam eternam"
En matière de rire, la Belgique est un terreau vivace. Capables d'auto-dérision comme de dérision tout court, les humoristes belges se taillent une belle part au festival toulousain avec Guillermo Guiz ou encore Alex Vizorek.
L'animateur de France Inter a allumé et animé vendredi "La nuit du Printemps" avec 10 humoristes sur la scène du Zénith de Toulouse. "J'aime beaucoup les festivals car ça me donne l'occasion de voir d'autres humoristes. Je me nourris de ça. C'est très bien quand il y a une génération de gens qui se tirent la bourre pour faire monter le niveau."
Avec son humour souvent au vitriol, le Flamand n'est pas souvent rose. Sur France Inter dans l'émission "Par Jupiter" il écorne les politiques. Mais qu'est-ce qui le fait rire ? La crise modifie-t-elle le rire ? "Si vous tombez par terre là, je vais rigoler ! La vie est souvent plus drôle que moi. J'essaie de façonner mes blagues, pour certes me faire rire mais il faut aussi qu'elles plaisent aux autres, sinon je les enlève. Depuis que je suis né on me dit : c'est la crise et on a besoin de rire. Ca dure depuis plus de 40 ans me concernant et depuis une éternité en fait."
Son nouveau spectacle "Ad Vitam" est justement dédié...à la mort ! Un rire pour l'éternité pas toujours facile à maîtriser.
Sans aller jusqu'à cette extrême, le rire peut-il aider à passer des moments difficiles comme ceux que nous vivons ? L'humoriste a t-il un rôle à jouer ? "Un rôle, je ne sais pas. Que notre travail soit reconnu comme étant joyeux, apaisant, important dans l'unité de la démocratie, c'est un peu à cause ou grâce au confinement je crois. Vendredi au Zénith, il y avait 4 500 personnes qui étaient là, heureuses d'être ensemble. Moi aussi, tout ceci m'a manqué. De voir que ça manquait aussi au public me touche terriblement. S'ils passent 2h30 devant une chaîne info, le soulagement de venir passer 1h40 avec moi est plus grand. Si je suis nécessaire, je suis là !"
Pourquoi pas alors envisager un destin à la Volodymyr Zelensky, l'ancien humoriste devenu président de l'Ukraine ? "Surtout pas! Il m'impressionne dans sa façon d'être à la hauteur des enjeux. Je ne connaissais pas ses sketchs, je ne sais pas s'il était drôle. Moi je suis plutôt pleutre et je n'aime pas le pouvoir!"
Alex Vizorek ne changera donc pas sa destinée mais il possible de se changer les idées, le Printemps du Rire se poursuit jusqu'au 10 avril... la date justement du premier tour de l'élection présidentielle. Comme un pied de nez.