L'Autorité de la concurrence autorise le groupe Eiffage à racheter la part de l'actionnaire chinois Casil Europe. L'annonce vient d'être publiée sur le site internet de l'organisme.
Eiffage va pouvoir racheter la part du groupe chinois Casil Europe dans l'aéroport Toulouse Blagnac.
L'autorité de la concurrence a donné son feu vert.
Pas de risque d'atteinte à la concurrence selon l'autorité
L'organisme indique avoir notamment examiné "si l’opération est susceptible de produire des effets verticaux dans la mesure où elle concerne la prise de contrôle d’une entreprise concessionnaire aéroportuaire par un groupe actif dans le secteur des travaux public." Et il n'y voit pas de problème.L'autorité précise que "les effets verticaux sont étudiés lorsque l’opération réunit des acteurs présents à différents niveau de la chaîne de valeur (par exemple un producteur qui rachète un distributeur)."
Il n'y a pas non plus selon l'Autorité de risque d'atteinte à la concurrence pour les futurs marchés de travaux et d'entretien de l'aéroport puisque la quasi-intégralité des marchés de l'aéroport Toulouse-Blagnac sont soumis à une procédure de publicité ou de mise en concurrence.
En janvier 2019, l'actionnaire chinois qui détient 49,9% des parts de l'aéroport avait décidé de revendre sa participation.
"Les collusions d'intérêt sont là sous notre nez"
Le collectif contre la privatisation de l'aéroport s'inquiète de l'éventuelle arrivée de ce nouvel actionnaire et de ses liens avec l'Etat. Pour Stéphane Borras, l'un des membres de ce collectif, "Eiffage est l'un des principaux bénéficiaires des marchés publics en France et les collusions d'intérêt sont là sous notre nez"Avec ce feu vert donné à Eiffage, le collectif indique que cela va permettre au chinois Casil Europe de "faire une culbute financière". "On ne connait pas le montant reconnait Stéphane Borras, mais l'actionnaire avait estimé la vente à 500 millions d'euros."
En 2015, l'Etat avait privatisé une partie de l'aéroport toulousain en cédant 49,9 % des parts au groupe chinois pour un montant de 308 millions d'euros.
Médiapart avait révélé peu de temps avant la vente effective qu'un pacte secret liait l'Etat et les actionnaires chinois. Un pacte dans lequel l'Etat s'engageait à soutenir les candidats, décisions et orientations décidées par les Chinois.
"Ce pacte n'a jamais été démenti affirme Stéphane Borras et on se demande aujourd'hui quel pacte va lier l'Etat et le groupe Eiffage."
Au début du mois de novembre, l'assemblée générale de l'aéroport Toulouse Blagnac a approuvé le versement aux actionnaires de 16,2 millions d'euros contre l'avis des actionnaires locaux (La Chambre de Commerce et d'Industrie de Haute-Garonne, la Région Occitanie, le Conseil départemental de la Haute-Garonne et Toulouse Métropole). Pour la quatrième année consécutive, l'Etat qui détient encore 10,01 % des parts de l'aéroport, a joué les arbitres aux côtés de l'actionnaire principal.
"Un actionnariat uniquement guidé par l'appât d'un gain immédiat"
Dans un communiqué, les représentants des actionnaires locaux indiquent rester "vigilants sur la gestion d'un équipement stratégique majeur pour l'économie locale".Ils affirment : depuis 2015, nous n'avons eu de cesse de tenter de préserver le capital et la pérennité de l'infrastructure, face à la gestion strictement mercantile d'un actionnariat uniquement guidé par l'appât d'un gain immédiat.
Ils espèrent que le départ de Casil Europe va "permettre de mettre en place une nouvelle politique en matière de gouvernance, de distribution de dividendes et d'investissements". "Cette infrastructure indispensable au développement économique, disent-ils, doit être pilotée dans le respect du territoire et de ses habitants."
Enfin, les 4 actionnaires locaux demandent à l'Etat de renoncer définitivement à vendre ses 10,01 % de part.
Le groupe Eiffage va exploiter l'aéroport de Lille-Lesquin à partir de janvier 2020.