Toulouse honore la mémoire de Jean Calas, victime de l'intolérance religieuse

Toulouse rend hommage lundi à Jean Calas, exécuté pour le meurtre de son fils en 1762, sur fond de conflit entre protestants et catholiques, puis réhabilité grâce à Voltaire, une commémoration au relief particulier deux mois après les attentats contre Charlie Hebdo.

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"C'est la première fois qu'on réunit autant de monde autour de Jean Calas. C'est un symbole fort en ces temps où l'intolérance religieuse progresse", se félicite Claude Dupuy, président de l'association "Jean Calas, l'Europe nous regarde".
Le maire de la ville Jean-Luc Moudenc rendra hommage lundi au supplicié, sur la place Saint-Georges où il fut exécuté, à l'occasion du 250e anniversaire de sa réhabilitation. Il inaugurera ensuite une plaque commémorative sur la façade de la maison de la famille Calas. L'ancien ministre de la Justice Robert Badinter s'y rendra également dans l'après-midi.
En 1761, Jean Calas, un riche commerçant protestant de Toulouse fut accusé à tort de la mort de son fils Marc-Antoine, retrouvé pendu dans la boutique
de la famille.
Au terme d'une enquête expéditive, les juges, convaincus par les allégations des voisins que son fils souhaitait se convertir au catholicisme contre l'avis de son père, condamnèrent Jean Calas au supplice de la roue.
Après des tortures inhumaines, il mourut étranglé par son bourreau le 10 mars 1762. Il clama jusqu'au bout son innocence.
Informé des irrégularités du procès, Voltaire s'investit pour en obtenir la révision. Il envoya des missives à tous les monarques  d'Europe pour qu'ils intercèdent auprès de Louis XV. En parallèle, il publia "Le traité sur la tolérance" en 1763, dans lequel il dénonce avec virulence l'obscurantisme et le fanatisme de l'époque.
"Ce que Voltaire a reproché aux juges catholiques de Toulouse, c'est d'avoir condamné Calas par fanatisme religieux", souligne Bernard Wolfer
membre du Cerle Condorcet de Paris.
Pour Pierre Gueguen, président de La libre Pensée de Haute-Garonne, l'ouvrage contient "des passages d'une actualité troublante, car l'obscurantisme
religieux reste un puissant vecteur d'intolérance".

De Jean Calas à Charlie Hebdo 
Voltaire obtint en 1765 la révision du procès de Jean Calas, ainsi que la publication d'un arrêt réhabilitant sa mémoire.
Deux cent cinquante ans plus tard, cette tragédie reste "un marqueur très fort de la société française", explique M.Wolfer. Il estime important de rappeler "le combat de Voltaire à une époque où le fanatisme religieux existe encore".
Un avis partagé par M.Dupuy, qui a affiché son soutien à Charlie Hebdo lors de la manifestation du 11 janvier, avec la pancarte: "De Jean Calas à Charlie Hebdo, le trop long chemin de l'intolérance".
Le rapprochement entre les deux tragédies a "touché de nombreux Toulousains", selon lui. "La preuve, c'est que les ventes du Traité sur la tolérance ont bondi après les attentats, comme celles de Charlie Hebdo", souligne-t-il.
Plusieurs librairies toulousaines ont en effet constaté "une hausse significative" des ventes du célèbre ouvrage, depuis la tuerie du 7 janvier au siège de l'hebdomadaire satirique à Paris.
A Toulouse, l'association de M.Dupuy milite pour que la maison de Jean Calas, classée monument historique, soit rachetée par la mairie et "rendue aux Toulousains, car c'est un lieu hautement symbolique".
Le rez-de-chaussée de cet immeuble, dans un quartier cossu du centre-ville, est inoccupé depuis sept ans. M.Dupuy entend transformer cet espace de 300 mètres carré en "un lieu d'apprentissage de la laïcité et de la tolérance".

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