Le nombre de consultations pour une procréation médicalement assistée (PMA) est en forte hausse au CHU de Toulouse (Haute-Garonne). Ce sont les premiers effets de la loi sur la Bioéthique votée le 29 juin par l'Assemblée nationale.
La loi sur la Bioéthique a bien été votée le 29 juin dernier par l'Assemblée nationale. Même si ses décrets d'application sont toujours en préparation, à Toulouse (Haute-Garonne), les couples de femmes et les femmes célibataires, qui peuvent désormais bénéficier de l’accès à l’assistance médicale à la procréation médicalement assistée (PMA), prennent déjà rendez-vous pour des consultations.
"Il y a actuellement une forte demande, reconnait le docteur Florence Lesourd, gynécologue obstétricienne et cheffe du service Assistance médicale à la procréation (AMP) de la maternité Paule de Viguier au CHU de Toulouse. En prévision, nous avons déjà ouvert nos consultations à ces femmes.".
Des PMA à l'étranger interrompues pour entamer un parcours en France
Des patientes que le docteur Lesourd ne rencontrait jamais auparavant. En raison de l'interdiction en France, les couples lesbiens désirant un enfant passaient la frontière espagnole afin d'être prises en charge dans l'une des cliniques privées spécialisées dans les PMA. "Avec la nouvelle loi française, des femmes ayant entamé leurs parcours en Espagne ont décidé de revenir et de prendre déjà rendez-vous, raconte la gynécologue toulousaine. Elles savent qu'en réalisant une procréation médicalement assistée en France, elles pourront profiter d'une prise en charge à 100% par le système de santé français." Plus en pointe en terme de techniques et beaucoup plus simple en matière de démarches administratives, une PMA en Espagne à un coût important pouvant atteindre 6 000 euros.
Cette hausse des prises de rendez-vous, Laurence Monier de l'association toulousaine Célia Fertilité en fait également le constat mais chez les couples hétérosexuels.
Certains d'entre eux s'inquiètent de cette nouvelle demande (les couples de femmes et les femmes célibataires) qui pourrait rallonger les délais. Plus le temps passe, plus la réserve ovarienne des femmes baisse rendant encore plus difficile la réussite d'une PMA. La crise du Covid a rendu également très difficile les déplacements dans les établissements étrangers. Le confinement a permis de belles choses. Des personnes ont pu mieux manger, voir plus régulièrement leur compagne ou leur compagnon et faire aussi l'amour. Il y a eu quelques "Bébés miracles" durant le confinement. Mais certains n'y arrivent toujours pas. Beaucoup de gens se précipitent depuis mi-juillet pour une PMA. Certains ont également peur que tout cela provoque des pénuries de dons de gamètes. Ils essaient de précéder la nouvelle législation.
La crainte d'une pénurie de dons
Une crainte d'autant plus forte que la loi de Bioéthique ouvre un droit d'accès aux origines des enfants nés d'une PMA, qui peut être interprété comme la fin de l'anonymat pour les donneurs.
Le docteur Florence Lesourd n'a pas constaté cette "ruée" des couples hétérosexuels dans ses services mais elle partage la crainte concernant les dons. "Nous pratiquons entre 800 et 900 FIV par an et 600 inséminations. Nous savons que nous allons devoir faire face à un surcroit d'activité. Selon nos estimations, les PMA par don de sperme devraient doubler. Cette donnée est un gros facteur limitant".
Etude sur "la levée de l'anonymat" au CECOS de Toulouse.
— Association Dons de gamètes solidaires (@DonsGametes) December 5, 2020
Auteurs : Pr Louis Bujan et Mme Nadjet Nouri-Genolhac.@BECO_UT2J @MarieJoelleGros https://t.co/MROJo8XbU8
Avant cette nouvelle loi, 5 000 couples français faisaient une demande de dons d'ovocytes ou de spermes par an. En 2018, selon l'Agence de Biomédecine, à peine 777 femmes et 386 hommes offraient leurs gamètes.