La ville rose commémore ce mardi les 15 ans de l'explosion de l'usine AZF et le troisième procès qui approche ravive une plaie déjà bien difficile à refermer. Il réveille aussi un grand sentiment d'injustice chez les victimes de cette catastrophe qui a fait 31 morts et des milliers de blessés.
Des gerbes, une minute de silence et plusieurs cérémonies... Comme chaque année depuis maintenant 15 ans, Toulouse a commémoré ce mercredi l'explosion de l'usine AZF, qui avait fait 31 morts le 21 septembre 2001, Et comme chaque année, la commémoration de la plus grande catastrophe industrielle qu'a connue la France depuis 1945 s'est faite en ordre dispersé. Plusieurs cérémonies au lieu d'une seule et le symbole criant des divergences récurrentes sur l'explication du sinistre. Des divergences entretenues par un suspense judiciaire persistant alors qu'un troisième procès doit s'ouvrir à Paris en janvier prochain.Des désaccords même sur le lieu du procès
Même l'attitude à tenir face au nouveau procès, à Paris et non à Toulouse, ne provoque pas l'union sacrée entre les associations de victimes. "Ca pourrait être à Tombouctou ou ailleurs, ça ne change rien", estime Jacques Mignard, président de "Mémoire et solidarité", l'association des anciens salariés d'AZF. De leur côté, de nombreuses victimes crient au scnadale depuis plusieurs mois. C'est le cas notamment de l'association des sinistrés du 21 septembre qui a manifesté à 2 Km de la cérémonie officielle ce mercredi avec force banderoles. Son président, Jean-François Grelier enrage : "à Paris, la quasi-totalité des victimes ne pourra pas y aller. C'est le rêve de toute dictature: réussir à faire un procès sans victime". son association estime que les victimes qui souhaiteraient assister à ce troisième procès devraient avancer au moins 15 000 euros, "c'est dire que ce procès sera réservé aux grosses fortunes ou à ceux que Total subventionnera". "Je ne pourrai pas y aller car j'ai du mal à tenir debout. Il y a beaucoup d'injusticelà-dedans", dénonce Anne-Marie Capgras, 70 ans, membre de cette association. "A Paris, il n'y aura pas les gens avec les séquelles", explique-t-elle des larmes pleins les yeux. Pour Brigitte Aubert, ancienne intérimaire sur le site et membre de l'association, c'est une injustice que ce troisième procès se tienne à Paris :
Une douleur et des questions persistantes
"C'est extrêmement douloureux de constater que 15 ans après, la Justice ne s'est toujours pas prononcée et au fond, on ne sait pas vraiment ce qu'il s'est passé ici", a déclaré Jean-Luc Moudenc (LR), le maire de Toulouse, en marge de la cérémonie officielle, "toutes celles et tout ceux qui ont été endeuillés, qui ont été touchés, éprouvent cela comme une blessure qui est sans cesse ravivée".Pour Jacques Mignard, "on ne sait toujours pas ce qui s'est passé, 15 ans après". "Nous n'avons jamais renoncé à l'exigence de vérité" indique-t-il, lui qui estime que la faute n'incombe pas à Total ni à sa filiale Grande-Paroisse, propriétaire d'AZF. Son association rejette la thèse retenue par la justice selon laquelle le mélange malencontreux de produits chimiques a provoqué la déflagration.
Un troisième procès, 15 ans après
Le 21 septembre 2001, 300 tonnes d'ammonitrates stockées dans un hangar en plein Toulouse explosent. La déflagration, qui souffle le complexe chimique AZF, est entendue jusqu'à 80 km à la ronde. Un premier procès, en 2009 à Toulouse, relaxe "au bénéfice du doute" Serge Biechlin, le directeur du site, et Grande Paroisse. Mais en septembre 2012, la Cour d'appel de Toulouse condamne Serge Biechlin à trois ans de prison, dont un ferme, et 45.000 euros d'amende, et Grande Paroisse à 225.000 euros d'amende. Cette condamnation sera annulée en janvier 2015 par la Cour de cassation, notamment en raison des doutes pesant sur l'impartialité de l'une des magistrates de la Cour d'appel de Toulouse.Un troisième procès aura donc lieu, à partir du 24 janvier 2017, mais cette fois-ci devant la Cour d'appel de Paris.
Voir ici le reportage d'Emmanuel Wat:
Les victimes de la catastrophe d'AZF sont dans l'attente d'un troisième procès qui doit s'ouvrir à Paris en janvier 2017, après deux procès à Toulouse en 2009 et 2012.