Le Toulousain Magyd Cherfi, ancien membre et auteur du groupe Zebda, signe une tribune virulente contre le probable candidat à la présidentielle, Eric Zemmour tout en s’adressant “aux Français qui adoubent” le polémiste d'extrême-droite.
Une tribune comme “un geste désespéré”. Le Toulousain a transmis, ce lundi 18 octobre, au journal Libération un texte où il prend publiquement position contre Eric Zemmour. Mais ce n’est pas tant au polémiste qu’il s’attaque mais aux personnes qui le soutiennent. La tribune commence ainsi : “Je pense aux Français, pas à tous, à ceux qui pensent qu’ils le sont plus que d’autres et qui regardent Zemmour vomir son dégueulis raciste en plissant des paupières honteuses. Je les vois horrifiés au plus profond d’eux-mêmes et dans le même temps se délecter qu’un homme puisse larguer autant d’horreurs avec aisance, plaisir et dextérité.”
Les politiques désignés comme responsables
Pourtant, l’ancien membre de Zebda conçoit que certains soient attirés par les propos d’Eric Zemmour. “Il y a deux France qui affrontent les mouvements de la société. L’une s’en sort et l’autre dit que c’est trop. Je comprends ces Français car la droite et la gauche ne les ont pas éclairés.” Magyd Cherfi pointe du doigt les politiques comme principaux responsables. La droite mais aussi “son camp”, la gauche qui “a démissionné très vite, au début des années 80”.
Dans la tribune, les mots choisis sont virulents et assumés par l’auteur. “La violence est la seule solution. Tout ce qui est réfléchi et raisonnable ne peut pas être efficace face aux propos d’Eric Zemmour. Il ne développe pas d'idées et joue avec les ressentiments, les haines.” Il poursuit : “Zemmour prend la place du diable, cette place que personne ne voulait prendre. Il a compris qu’il y avait des horreurs à dire.”
"La zemmourisation de la société va continuer à opérer"
Même si la candidature du polémiste d’extrême-droite n’est pas encore officielle, Magyd Cherfi ne cache plus son pessimisme. “Je pense qu’il peut être élu. Il assouvit quelque chose de l’aigreur, de la rancœur. La zemmourisation de la société va continuer à opérer. Il n’y a pas de solution à court ni moyen terme car la gauche a pris trop de retard de peur de perdre son électorat.”
Celui qui est à l’origine de l’album “Le bruit et l’odeur” du groupe Zebda sorti en 1996 ne croit plus au pouvoir des artistes. “Ce n’est pas avec une chanson que l’on fera bouger les lignes. Seuls les politiques peuvent faire quelque chose.”