Toulouse : la péniche Tourmente voyage entre 2 mers pour prôner un transport fluvial non-polluant sur le canal du Midi

Le transport de marchandises à bord d'une péniche sur le canal du Midi est non seulement possible : il peut aussi être non-polluant grâce à la propulsion à l'hydrogène. La péniche Tourmente voyage entre 2 mers pour en faire la démonstration. Elle est à quai à Toulouse jusqu'à vendredi matin.

Prouver que le transport fluvial - qui existe depuis des siècles - peut avoir un avenir économique et non-polluant sur le canal du Midi : c'est l'objectif du voyage de la péniche "Tourmente" entre 2 mers pour en faire la preuve concrète.
Tout a commencé lors des Journées européennes du patrimoine de 2010 : cette année-là le Tourmente  et d’autres anciennes péniches reconverties ont fait revivre le port Saint-Sauveur à Toulouse et illustré, par leur présence, la fonction originelle du canal du Midi depuis sa construction sous Louis XIV : le transport de marchandises.

Informer et échanger

L’association "Vivre le Canal" et l'Equipage du Tourmente - une péniche historique construite en 1934 pour transporter du bitume - ont alors décidé de créer les Voyages entre Deux Mers, pour renouveler l’opération chaque année entre Blaye (le port de Bordeaux) et Sète et organiser des rencontres autour du thème du transport fluvial de marchandises.
Au cours de l'escale à Toulouse, cette journée de rencontres et d'information s'est tenue ce mardi 22 septembre.Cette année ces rencontres avaient déjà rencontré un vif succès à Bordeaux, Agen et Damazan : le transport fluvial sur le canal des Deux Mers et l’innovation avec de nouveaux bateaux propulsés par l'hydrogène ont été au coeur des échanges entre les professionnels et des élus locaux.

Circuit-court sur le canal

A Toulouse, le Tourmente fait escale jusqu'à ce jeudi 24 septembre au soir, avant de lever l'ancre vendredi matin aux aurores pour naviguer jusqu'à Narbonne : un voyage de 3 jours, rythmé par les horaires des écluses et des ponts.
A son bord notamment, une exposition sur « le fluvial du halage à l’hydrogène", la présentation de la filière hydrogène pour une propulsion non-polluante, ainsi que "le Comptoir du canal", une vitrine (vente et dégustation) de produits transportés par péniche pour promouvoir un renouveau du circuit court fluvial.
Son propriétaire et capitaine, Jean-Marc Samuel, s'est fait depuis des années l'apôtre d'un retour du transport fluvial sur les canaux de France.Le 5 mars denier, il avait expérimenté la traversée de la ville de Toulouse par le canal du Midi, pour valider son hypothèse : le Tourmente avait 130 tonnes de blocs de béton à son bord, soit l'équivalent du contenu de 8 poids-lourds par la route.
Il a réussi son pari, même s'il y'a eu une petite difficulté à cause d'un haut-fond en aval de l'écluse des Minimes. Parmi les messages promus par l'édition 2020 de cette opération, l’exposition « le fluvial, du halage à l’hydrogène », retrace un historique des modes de propulsion et de traction des bateaux fluviaux, outils séculaires du transport interrégional, national et international.

Promouvoir l'hydrogène

L’exposition est complétée par la présentation de la SAS Hyd’Occ, créée le 17 juillet 2020 : elle va développer une première unité de grande puissance de production d’hydrogène vert à grande échelle, sur Port-La-Nouvelle, en lien avec l’Agence Régionale Energie Climat (AREC) de la région Occitanie.
Le procédé utilisé est l’électrolyse : elle permet à l’eau d’être séparée en oxygène et hydrogène par un électrolyseur, lui-même alimenté en électricité d’origine renouvelable.

De l'eau à l'hydrogène et retour

Ce gaz est un élément renouvelable, non-fossile et décarboné, ce qui lui confère un potentiel énorme dans le cadre de la transition écologique.
Son utilisation pour la propulsion peut revêtir 3 formes :
  • un moteur à explosion dont la chambre de combustion du moteur brûle alors l’hydrogène et non plus le gasoil ou l’essence (principe le moins performant)
  • l'alimentation d'une pile à combustible qui fait tourner un moteur électrique
  • ou encore un système hybride de moteur à essence couplé à un moteur électrique alimenté par une pile à combustible.
Le principe de cette "pile" c'est que la réaction entre l'hydrogène et l'oxygène de l'air produit d’une part l’électricité qui alimente un moteur et d’autre part, de l’eau rejetée dans l’atmosphère, à la place des gaz à effet de serre.

Bientôt une drague à hydrogène en Occitanie

Premier exemple d'une utilisation concrète : le service de dragage de la région Occitanie porte le projet de construction d’une drague neuve capable d’effectuer les missions de dragage et de rechargement de la région Occitanie en réduisant au maximum son impact environnemental.
Pour cela, une pile à combustible d’une puissance minimum de 300kW ainsi qu’un stockage avoisinant 2 tonnes d'hydrogène seront intégrés à l’architecture énergetique du navire.

...Et au tour du Tourmente

L'ambition de Jean-Marc Samuel est de faire de même avec le Tourmente : remplacer son moteur diésel de 1966 (qu'il qualifie pourtant lui-même de "petit bijou" avec une très faible consommation).
L'avantage c'est le stockage de l'hydrogène dans des bonbonnes adaptées au transport par camions porte-conteneurs.
Ainsi, elles peuvent être livrées en n'importe quel point de mouillage, évitant la création d'un chapelet de "stations-services" fixes.
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