La direction d'Airbus s'est exprimée ce mercredi à Toulouse après l'annonce d'un vaste plan de restructuration pour faire à la crise économique. Thierry Baril directeur général des ressouces humaines évoque le risque de "départs contraints".
"C'est un plan de sauvetage" a plusieurs fois répété Thierry Baril, le directeur général des ressources humaines d’Airbus.Devant les journalistes ce mercredi après midi à Toulouse, sur un site du groupe, il revient sur ce moment "difficile et délicat" et rappelle que l'entreprise il y a 4 mois, avant le covid-19, était dans une croissance continue et dynamique.
"C'est désormais, dit-il, un plan d’adaptation qui se met en place et qui nous affecte tous car Airbus est une grande famille".
Le risque des départs contraints
Mardi, Airbus avait annoncé aux syndicats du groupe les chiffres concernant la réduction des effectifs envisagée pour faire face à la crise : près de 15 000 suppressions de postes dans le Monde et près de 5 000 en France. Les syndicats ont immédiatement annoncé qu'ils se battraient pour que la ligne rouge de départs contraints ne soit pas franchie.Pour le directeur des ressources humaines, la ligne rouge évoquée par les syndicats est une posture normale. "A la limite, on la partage dit-il, mais notre responsabilité c'est de tout mettre en œuvre pour que ce plan ait lieu et permette à Airbus de retrouver un peu de pérennité pour l’avenir ". "Cependant, prévient-il, évacuer ce risque (NDLR du départ contraint) ne serait pas responsable".
Pas question donc d'évacuer d'éventuels licenciements secs. Airbus dit vouloir l'éviter mais la menace plane.
Thierry Baril confirme que toutes les catégories de personnels seront touchées. Il précise aussi que des solutions sont en cours de finalisation. "Je pense à l'APLD (NDLR : Activité Partielle de Longue Durée), dit-il, un chômage partiel de longue durée plus facile à mettre en oeuvre pour des fonctions de productions pour ceux que l'on appelle chez nous les compagnons ou pour des collaborateurs qui sont dans l’environnement de la production."
Il faut trouver des solutions pour éviter des ruptures contraintes martelle le cadre d'Airbus. "Mais il faut affronter le problème, explique-t-il, on est dans une crise majeure et la réalité du marché de l’aviation civile est juste catastrophique. Il suffit de regarder le ciel. On est dans la situation des années 70 en terme de nombre d’avions qui volent dans le ciel et c’est une situation qui va durer."L'APLD est une solution intéressante à partir du moment où elle peut intervenir pour des programmes sur lesquels on a une visibilité : les A320 par exemple, car nous pensons que c’est sans doute dans les 2 prochaines années que l’on pourra commencer à espérer retrouver la situation d'avant le Covid-19. Pour d’autres programmes, c’est moins évident parce que si nous ne retrouvons pas le niveau d’activité sur les gammes A350 ou A330 avant 3, 4 ou 5 ans, ce type de solutions ne nous permet pas de régler le problème.
Comment sauver des emplois ?
Le nombre de suppressions de postes annoncé par Airbus approche les 5 000 en France. On ne connait pas encore le détail site par site. La direction doit le communiquer aux syndicats ce jeudi.Mais déjà le chiffre est contesté y compris par le gouvernement. Le secrétaire d'Etat aux transports a rappelé ce mercredi matin que les dispositifs d'aide de l'Etat devraient permettre de "sauver" 2 000 emplois sur les 5 000 postes qu'Airbus entend supprimer en France.
Pour le directeur des ressources humaines d'Airbus les aides devraient permettre de sauver non pas 2 000 mais 1 500 postes.
"5000 suppressions de postes, le gouvernement trouve cela excessif", lui lance une journaliste.
"Il est normal, répond Thierry Baril, qu'un gouvernement considère que ce chiffre est important et qu’il nous aide à trouver des solutions pour réduire cet impact". Avec l'APLD, estime le cadre d'Airbus, dans un secteur type A320, c’est plutôt 1 millier d’emplois qui pourraient être sauvés et avec l'aide du gouvernement grâce à des fonds pour développer des projets de Recherche et de Développement cela permettrait de garder 500 emplois, donc 1500 au total.
"L'objectif, a précisé Thierry Baril, c'est que l’ensemble des procédures sociales soient terminés d’ici à fin octobre. Pendant ce délai, on va commencer à appeler les salariés d’Airbus à réfléchir à un éventuel souhait de quitter l’entreprise."