Des déchets en bord de Garonne et dans les arbres, 5 communes au sud de la Haute-Garonne toujours privées d'eau potable...15 jours après les crues, les stigmates des inondations sont encore là.
Cinq communes du sud de la Haute-Garonne sont toujours privées d'eau potable depuis le 10 janvier 2022. Quant à l'association Champ d'actions, elle continue de ramasser les plastiques et détritus en bord de Garonne, y compris dans les arbres.
Retour de l'eau potable pour Saint-Béat et 4 autres communes de Haute-Garonne ?
Madame le maire par intérim de Saint-Béat (31) se serait bien passé de ça. Mais voilà, lorsqu'elle a remplacé le maire pour des soucis de santé, elle a aussi hérité d'une crue de la Garonne privant ses habitants d'eau potable depuis 15 jours. Autant dire qu'Anne Changeux attend avec impatience le résultat des tests effectués hier mercredi par l'ARS. "Pour la première fois, les analyses faites par Réseau 31 qui mesurent la turbidité de l'eau et la présence en chlore sont bonnes. Il ne reste plus qu'à attendre les analyses de l'ARS pour savoir ce qu'il en est des bactéries présentes."
Depuis le 10 janvier, les 400 habitants de Saint-Béat, mais aussi ceux de Chaum, Fronsac, Eup et Marignac sont privés d'eau potable. Réseau 31 qui gère la distribution et les mairies concernées procèdent donc à la distribution de bouteilles. 2 palettes avec chacune 84 packs d'eau pour Saint-Béat, 3 ou 4 les week-ends où s'ajoutent les personnes ayant une résidence secondaire.
La tête de captage en eau potable du village a rompu le week-end des inondations. La terre est rentrée dans les canalisations et dans le réservoir entrainant une eau non-potable pour les habitants. "Saint-Béat est un grand rectangle traversé par la Garonne et des canaux. Une réunion est prévue avec le syndicat mixte pour se prémunir des crues futures. Il faudrait mettre des vannes plus opérantes sur les canaux afin de les fermer en cas de crues. On doit aussi changer les batardeaux pour qu'ils soient davantage amovibles et plus étanches. Ça permettrait de protéger les habitants et les bâtiments."
Pour l'instant, seule La Poste reste fermée faute de nettoyage des locaux. Bonne nouvelle pour Anne Changeux : les travaux de l'école touchent à leur fin. Les enfants étaient depuis 2 ans dans des structures Algéco. Ils retrouveront leur école, fin février début mars, et les habitants de Saint-Béat un nouveau maire le 6 février prochain. Anne Changeux est candidate.
En bord de Garonne, encore des arbres envahis de plastiques
Avec la crue de la Garonne et la grève du ramassage des poubelles à Toulouse, les conséquences écologiques ont été terribles. Depuis 15 jours, pas moins de 3,5 tonnes de déchets ont été ramassées par l'association Champ d'avenir et les bénévoles. Et encore, le plus lourd reste à venir. "On ramasse d'abord tout ce qui est plastiques, tentes, tout ce qui est dégradé rapidement et qui va venir polluer la Garonne. Tout est imbibé d'eau et une simple couverture pèse énormément. Au printemps, on s'attaquera aux objets encore plus lourds : valises, barrières, caddies qui sont souvent enfouis sous terre."
Florence Ducroquetz garde le moral mais la tache est très compliquée. Les déchets sont nombreux, y compris dans les arbres. Avec des kayakistes, il s'agit donc de s'approcher des berges pour atteindre les déchets suspendus tout en haut.
Je n’ai jamais vu autant de déchets pulvérisés avec autant de violence. On a même retrouvé un canoé déchiqueté à 4 mètres de hauteur!
Florence Ducroquetz, présidente association Champ d'actions
Les quartiers des Amidonniers, Sept deniers et de la Prairie des Filtres ont été nettoyés. Sur l'île du Ramier, l'accès est plus compliqué. Alors ce week-end l'association donne rendez-vous aux bénévoles samedi et dimanche.
L'association dénonce le manque d'anticipation et compte bien interpeller les décideurs publics. "Les crues vont se multiplier. Les alertes ne sont pas données assez tôt. On aurait pu prévenir les sans-abris qui dorment en bord de Garonne, remonter leurs affaires. Beaucoup n'ont plus rien maintenant, plus de sac de couchage ni couverture. Ils dorment à même le sol entre des polystyrènes. C'est un vrai scandale. On aurait dû aussi remonter les poubelles pour éviter qu'elles se retrouvent un peu partout jusqu'à Bordeaux. C'est une véritable catastrophe écologique."
Des nouvelles du campement d'Albanais emporté par les eaux
Plusieurs personnes d'origine albanaise vivaient dans les baraquements au bord de la Garonne, dans le quartier Empalot à Toulouse. Suite aux crues, le campement avait été complètement inondé. L'association Utopia 56 Toulouse avait alerté sur leur situation. Plusieurs personnes restaient introuvables quelques jours après.
Le campement comprenait 10 ménages, 27 personnes au total. Selon la mairie de Toulouse, les médiateurs de la ville ont retrouvé ces Albanais sur une place dans le quartier Empalot. Ces personnes leur auraient indiqué que 15 d'entre eux étaient repartis dans leur pays via l'Ofii (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration). 12 migrants sont toujours là et seraient retournés depuis sur le lieu du campement.