2 classes de lycéennes en Bac Professionnel esthétique ont rencontré un journaliste tchadien. Exilé politique, Mahamat Adam a expliqué son parcours, photos à l'appui et a répondu aux nombreuses questions des élèves. Emprisonné et torturé, il a été contraint de fuir son pays pour survivre.
"Il a été capable de mettre sa vie en danger pour son pays, c'est une belle preuve de vie".
"Il a été enlevé, emprisonné alors qu'il voulait simplement informer les gens, leur montrer la vérité".
"C'est compliqué là-bas, on ne peut pas s'exprimer, il n'y a pas de liberté d'expression".
Ce sont les mots des lycéennes qui ont écouté le témoignage de Mahamat Adam, invité dans le cadre de l'opération Renvoyé Spécial. Organisée par la Maison des Journalistes, cette opération permet aux journalistes exilés d'aller "à la rencontre de jeunes lycéens partout en France pour parler de leur expérience et les sensibiliser à la cause de la liberté de la presse et de la défense des démocraties."
Les élèves du lycée professionnel Hélène Boucher de Toulouse ont écouté avec attention le journaliste tchadien. Avec une liste de plus de 25 questions, les lycéennes ont interrogé Mahamat Adam sur son parcours au Tchad et son incarcération. Mais aussi sur la liberté de la presse dans le monde et sa nouvelle vie en France.
"ça nous enrichit"
Dans ce lycée professionnel on compte 700 élèves qui se forment aux métiers de la coiffure, de l'esthétique ou du sanitaire et social. Mais pour deux classes de Bac professionnel esthétique, un projet de web tv a été créé. A l'origine pour perdurer les liens avec un lycée irlandais et échanger sur les deux cultures.Le journalisme leur permet de "s'enrichir, d'approfondir leur culture générale".
"C'est une rencontre très intéressante" pour Léa Cosnet élève en première année de bac pro esthétique.Culturellement, ça nous apporte des connaissances que l'on peut partager. Cela me plaît de découvrir d'autre chose en dehors de mon quotidien, ça nous enrichit, précise Louhane Pilod qui est en deuxième année de bac pro esthétique.
Rencontrer des personnes comme Mahamat, ça nous permet de relativiser, parce que de notre côté, on a une vie bien plus paisible. Cela nous fait prendre conscience de la chance que l'on a d'avoir cette vie là.
Lycéenne en première année de bac pro esthétique, Emilie Rachdi aurait aimé être journaliste pour "ouvrir les yeux aux gens de son pays".
J'ai deux origines, je suis tunisienne et portugaise. Je sais qu'en Tunisie, dans mon village, il y a beaucoup de problème. Si j'avais été journaliste en Tunisie, j'aurais aimé montrer le fait que le gouvernement s'acharne sur le peuple. Ca nous apporte de la connaissance, on s'intéresse plus à notre pays.
Et souligne que "c'est du plaisir, on est toute ensemble et on fait des recherches. Cela nous permet de faire un projet ensemble avec la classe, de communiquer".
La liberté d'expression en questions au lycée Hélène Boucher de @actoulouse avec l'accueil du journaliste tchadien Mahamat Adam. Interview pour le projet webtv @WZeproject Merci à la @MDJournalistes @LeCLEMI pic.twitter.com/i8CFB6P9kr
— CLEMI Toulouse (@Clemi_Toulouse) January 21, 2020
Professeur d'arts appliqués, Thierry Danos a constaté "au quotidien qu'il y avait une méfiance vis à vis du journalisme".
C'est une génération qui est hyper connectée, qui a un rapport à l'information un peu limité, ils ne trient pas. Cela nous semblait important d'élargir les horizons et de les amener à penser différemment. C'est un temps de convivialité et de partage. Elles progressent, on est très fier de leur implication et de leur évolution.
Emprisonné pendant 25 jours
L'histoire est forte, Mahamat Adam âgé de 28 ans témoigne de son parcours. Ce journaliste tchadien, exilé politique a quitté son pays le 19 décembre 2018.
Arrêté une première fois pour avoir enquêté sur le massacre de Nguéli en novembre 2016. Il restera 2 jours en prison et sera obligé de signer un papier pour arrêter l'enquête.
Emprisonné une deuxième fois pendant 25 jours après ses recherches sur le bombardement dans la région de Tibesti en octobre 2018. Menacé et torturé, il a été contraint de s'exiler.
Sa seule faute est d'être journaliste dans un pays où il n'y a pas de liberté d'expression. Depuis qu'il est arrivé en France, il a appris la langue et révèle ce qu'il a subi au Tchad. Il est hébergé à la maison des journalistes et attend son statut de réfugié politique.
Les élèves de chaque classe ont tenu à immortaliser cette rencontre avec Mahamat Adam.
Le Tchad est un pays d'Afrique centrale touché depuis plusieurs années par le groupe terroriste Boko Haram.