L'équipe internationale de recherche de la mission Insight vient de révéler trois études qui permettent de mieux comprendre la structure de la planète Mars. 3 chercheurs de l'ISAE Aerosup Toulouse font partie de cette équipe et ont contribué à l'élaboration du sismomètre SEIS construit par le CNES.
Deux ans après l'atterrissage de la sonde Insight, la planète Mars continue de révéler ses secrets. L'équipe internationale de recherche de la mission a révélé, le jeudi 22 juillet, trois études dans la revue spécialisée Science. Les résultats des recherches permettent d'en savoir plus sur la structure interne de la planète rouge, notamment grâce aux séismes enregistrés par le sismomètre SEIS, assemblé à Toulouse par le Centre national d'études spatiales (CNES).
Les résultats des études ont confirmé que le noyau de Mars était liquide, et aussi ont permis d'obtenir des mesures plus précises à propos du noyau : "Le temps de trajet entre le séisme et le sismomètre SEIS a permis d'estimer la taille du noyau, qui a un rayon compris entre 1.790 et 1.870 km. Ces valeurs suggèrent un noyau plus gros, et ayant une densité plus faible que les valeurs prédites par d'autres méthodes géophysiques", explique Raphaël Garcia, professeur en géophysique planétaire à l’ISAE-SUPAERO et en charge de la détection et de l’analyse des ondes sismiques réfléchies sur le noyau de Mars.
Un noyau liquide entre 1.790 et 1.870 km
La taille de la croûte, du manteau, du noyau et la distance qui sépare les différentes couches de la planète étaient encore inconnues avant l'arrivée d'Insight, le 26 novembre 2018 : "Le sismomètre SEIS nous fait parvenir des enregistrements continus du mouvement du sol martien dans lesquels les tremblements de Mars apparaissent comme des petites périodes de fortes vibrations de la surface de la planète", explique Nicolas Compaire, Doctorant en planétologie à l’ISAE SUPAERO, à Toulouse.
Avec Raphaël Garcia et Mélanie Drilleau, chercheurs dans le même établissement, Nicolas Compaire a contribué à rendre les mesures du sismographe plus précises.
Ces infimes vibrations sont porteuses d'un très grand nombre d'informations sur le sous-sol martien. [...] Une fois la structure de la croûte connue sous le sismomètre, on peut construire des modèles de croûte à l’échelle de la planète entière.
"Pour la première fois nous soulevons le capot de la planète"
Ces résultats vont aider à comprendre beaucoup de choses sur la planète Mars, et les données recueillies posent de nouvelles questions : "Ce sont des informations extrêmement précieuses qui vont nous aider à comprendre pourquoi Mars et la Terre ont évolué de façon si différente, alors qu'elles sont voisines", explique Mélanie Drilleau, ingénieure-chercheuse en géophysique à l’ISAE-SUPAERO.
Cependant, ces résultats proviennent d'analyses sur la zone où s'est posée la sonde Insight, ce qui n'est donc pas forcément représentatif des sous-sols de la planète entière. "Ces résultats posent de nouvelles questions sur la composition du manteau et du noyau martien, et donc sur les processus de formation et d'évolution des planètes. Après des années d'observation de la surface de Mars, pour la première fois nous soulevons le capot de la planète et découvrons comment est faite la machine thermique de la planète rouge", conclut Raphaël Garcia.
Insight restera encore deux années sur Mars pour accumuler le plus de données possibles sur cette planète rouge encore pleine de mystères.