C'est une première en France : dans la boutique Undiz de Toulouse, on vous livre votre commande par air comprimé. Une première mais surtout le retour d'une technologie qui avait été abandonnée dans les grands commerces depuis des années.
Recevoir sa lingerie via des capsules à air comprimé. L'idée, digne d'un film rétro-futuriste, est expérimentée par l'enseigne Undiz dans un magasin pilote, mêlant le numérique et le commerce à l'ancienne.
D'apparence, cette nouvelle boutique, baptisée "Undiz Machine" et située à Toulouse, est assez classique, bien qu'assez petite (45 mètres carrés) : une vitrine, quelques produits présentés en rayon, une grande table équipée de bornes à écrans tactiles.
Seul détail qui tranche, la présence dans le local de plusieurs tuyaux translucides qui, loin d'être une simple fantaisie décorative, assurent la livraison immédiate en magasin de produits situés dans une réserve en sous-sol. "Cela permet de tripler la taille du magasin et de donner accès à la totalité du stock sans avoir besoin de pousser les murs", explique Sébastien Bismuth, dirigeant d'Undiz (groupe Etam).
Concrètement, le principe est simple : les clients visualisent l'ensemble de la collection sur la borne, et commandent les produits qu'ils souhaitent. La commande est immédiatement transmise à des opérateurs en sous-sol, qui la préparent en géolocalisant les produits via des étiquettes RFID (identification par radiofréquence). Ceux-ci sont ensuite envoyés en surface via des capsules à air, propulsées dans les tubes pressurisés. Le tout en moins de deux minutes.
Ce système de transport, utilisé notamment pour la transmission du courrier dans certaines administrations, avait connu son apogée dans les années 30, avant de tomber en désuétude avec l'arrivée des nouvelles technologies.
"On a fait du neuf avec du vieux. Il s'agissait d'être innovant, sans pour autant devenir un showroom froid et tout digital. Preuve qu'on peut encore inventer de nouveaux modes de commerce ludiques pour apporter quelque chose de différent aux consommateurs", explique le directeur général d'Undiz. "Mêler ainsi en magasin, digital et commerce classique - avec présentation de produits et vendeuses - est une première en France", affirme M. Bismuth.
Selon Xerfi, l'émergence de ces nouvelles formes de commerces connectés "ne donnent pas seulement une nouvelle dimension au magasin mais ils permettent aussi de renforcer les valeurs fondamentales du commerce et notamment celle de l'humain, en revalorisant le rôle du vendeur".
Ils répondent en outre aux nouvelles demandes des consommateurs "de plus en plus technophiles, et multi-connectés" mais dont "le parcours d'achat idéal est aujourd'hui à nouveau centré sur le magasin", explique le cabinet d'études.
Le concept permet également, par le gain de place qu'il procure, d'optimiser la stratégie de l'entreprise: la boutique plus petite permet de réaliser des gains importants de loyers et de continuer à développer l'enseigne sur les artères les plus recherchées des grandes villes, où la place se fait rare et chère. "Nous avons ainsi voulu transformer une contrainte en opportunité", explique M. Bismuth.
Inauguré le 30 janvier, "Undiz Machine" est actuellement en phase de test, mais un déploiement à plus grande échelle n'est pas exclu.
"Les premiers résultats sont plus qu'encourageants. La fréquentation est égale à celle de l'un de nos meilleurs emplacements, à la Défense", signe que le magasin séduit au-delà du simple effet de curiosité, selon M. Bismuth.
Cette nouvelle boutique constitue un pas supplémentaire dans la stratégie de l'enseigne de lingerie à bas prix, qui, lancée en 2007, s'était donné pour objectif de "bousculer les codes de l'univers poudré et un peu ouaté" du secteur.
Avec un positionnement prix en moyenne 30 à 50% inférieur à ses principaux concurrents et des imprimés colorés et parfois décalés (Bob l'Éponge), Undiz visait initialement une clientèle plutôt jeune. "Mais aujourd'hui, nous attirons vraiment toutes les tranches d'âge, et même les hommes", se félicite son dirigeant.
Dans un marché de la lingerie en recul de 1,5% en 2014 mais qui résiste mieux que le prêt-à-porter, la marque a vu sa part de marché progresser, à l'image des chaines spécialisées qui gagnent chaque année davantage de terrain sur les grandes surfaces.