Le 9 mai dernier se tenait la première réunion du groupe de travail dédié aux ours bruns. Mais défenseurs et opposants de ce plantigrade peinent à trouver un accord pour maintenir la cohabitation avec les acteurs et promeneurs des Pyrénées.
En avril, un joggeur italien était tué par un ours brun, tandis que deux randonneuses faisaient la rencontre impromptue avec un plantigrade, dans la vallée d’Orlu. Deux événements qui ont participé à remettre cet animal au cœur du principal débat, à savoir : comment améliorer la cohabitation entre cet animal et le pastoralisme ou toute activité de montagne ?
C’est pour tenter de répondre à cet objectif que s’est tenue le 9 mai la première réunion du groupe de travail ours, pastoralisme et activités de montagne (GOPAM), composé d’élus du territoire et de divers représentants. Étaient présents Thierry Hegay, préfet en charge de l’ours, ainsi qu’Olivier Thibault, directeur de l’eau et de la biodiversité au ministère de la Transition écologique et de la cohésion des Territoires et Sébastien Bouvatier, pour le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Une rencontre en demi-teinte
Pourtant, la coordination CAP-Ours, regroupant près d’une vingtaine d'associations, était elle aux abonnés absents. Un boycott expliqué dans un communiqué par l’absence de clarifications et de mesures jugés essentielles, rendant “inutile, voire stérile” toute participation à la réunion GOPAM. “Nous restons prêts à poursuivre le dialogue, dès que les clarifications publiques que nous avons demandées seront apportées par la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie”, précise toutefois la coordination.
Interrogé à ce propos ce jeudi 11 mai sur France Bleu Occitanie, le préfet en charge de l’ours dans les Pyrénées ne s’avoue pas vaincu et souhaite faire reconnaître cette “instance de dialogue”. En poste depuis novembre 2022, il a annoncé devoir rencontrer les associations concernées. “Si c’est pour avoir deux monologues, le dossier n’avancera jamais. Or on a besoin collectivement d’avancer”, prévient-il lors de l’interview.
Nouvelles mesures
Afin de prévenir les accidents entre les hommes et les ours, le gouvernement a ainsi renforcé les moyens de protection mis en place dans les Pyrénées, pour atteindre au total presque 4 millions d’euros, soit une hausse de 30% par rapport à 2022. Thierry Hegay cite notamment la création de cabanes pour les bergers et bergères, la possibilité de se doter de chiens de protection ou l’effarouchement renforcé, qui consiste en un tir non létal pour éviter les tentatives de prédation. “Ces tirs sont des exceptions. L’année dernière il y a eu 5 mesures d’affourchements renforcées sur 5 estives sur 1276 estives”, tempère-t-il rapidement.
“Ces tirs sont des exceptions. L’année dernière il y a eu 5 mesures d’affourchements renforcées sur 5 estives sur 1276 estives."
Thierry Hegay, préfet en charge de l’ours
Un arrêté publié le 5 mai autorise justement des mesures graduées allant de l’effarouchement simple (via des moyens sonores, olfactifs, lumineux) à l’effarouchement renforcé (tirs de cartouches à double détonation ou en caoutchouc), ce dernier pouvant être pratiqué uniquement par les agents de l’OFB. Le tout est considéré comme “la solution ultime de protection des bergers, des éleveurs et des troupeaux”, selon le communiqué de la préfecture de l’Occitanie. Mais c’est là que le bât blesse. L’ours étant une espèce protégée, de précédents textes autorisant l’effarouchement ont déjà été retirés par la justice administrative.
La pédagogie à l'honneur
L’association FERUS, qui oeuvre notamment pour le maintien et le renforcement des populations d’ours, considère quant à elle que ces polémiques sont “stériles” : “Il convient de ne pas se laisser instrumentaliser par des peurs irrationnelles, et de remettre le risque causé par l’ours dans sa juste perspective”, peut-on lire dans un communiqué. L’association tient par exemple à préciser que l’ours qui rencontre un humain se montre principalement indifférent, à l’exception des femelles en présence d’un ourson qui peuvent parfois se montrer agressives. En 2022 dans les Pyrénées, 331 attaques d’ours ont été dénombrées par l’Office français de la biodiversité (OFB), qui recensait 76 ours dans les Pyrénées en 2022.
D’où la volonté de FERUS d’agir pour informer sur les ours bruns et la manière de se prémunir de tout risque. Un axe également mis en avant par la préfecture de l’Occitanie, qui fait état, à l’issue de la réunion GOPAM, du développement de formations et d’actions de prévention sur le sujet et pour divers publics.