Fléau méconnu, les accidents du travail dans le secteur BTP causent la mort d'une personne par jour en France. À Toulouse (Haute-Garonne), un syndicaliste veut honorer la mémoire et humaniser ces victimes de l'ombre. Il espère davantage plaider le sort de ces dernières devant la justice, au nom de sa fédération.
Sur les chantiers BTP de France, une personne perd la vie chaque jour en moyenne. Un chiffre préoccupant, accentué par les travaux sur certains sites d'Île-de-France où des ouvriers perdent la vie, en lien de près ou de loin avec les JO 2024. Pour tenter de lutter contre ces terribles accidents, la Fédération nationale des salariés de la construction à Toulouse, bois et ameublement (FNSCBA) veut honorer les victimes en mettant un nom derrière elles, tout en portant leur cause devant la justice.
Des difficultés pour récolter des informations sur un accident
Pour Emmanuel Lopez, l'objectif est donc de récolter le plus d'informations possibles lorsqu'un accident a lieu. Exemple il y a peu avec deux accidents du travail la même journée en Haute-Garonne, provoquant la mort d'un travailleur et les blessures graves d'un second. "À chaque fois qu'un ouvrier est mort, on ne connaît ni som nom ni le nom de son employeur" regrette-t-il. "Le but est de les humaniser."
Un constat confirmé par Marie Martin, en charge du service juridique de la FNSCBA. "En province, on a plus de mal à avoir des informations car souvent, cela concerne des petites entreprises" avoue-t-elle.
La Fédération est alertée en grande majorité par des articles de presse. "On doit ensuite chercher le nom, la victime, l'entreprise, les concirconstances de l'accident" énumère Marie Martin.
La FNSCBA s'est donc rapprochée d'une avocate afin qu'elle se porte partie civile devant la justice dès qu'un accident a lieu, "en accord avec la famille" souligne Emmanuel Lopez. Sauf lorsque la responsabilité d'un autre salarié est en cause lors d'un accident. "La tendance est de dire que le travailleur n'a pas suivi les consignes de sécurité. Alors que souvent, la faute de l'employeur est inexcusable" soutient-il.
Des collectifs "stop à la mort au travail" se créent
Sur les 17 dossiers répertoriés par la FNSCBA où une victime a perdu la vie, trois concernent l'Occitanie et ont eu lieu en 2017. Parmi eux, un homme mort à cause de la chute d'une banche non sécurisée à Montpellier (Hérault) dont le dossier doit encore être jugé. Un autre individu de 45 ans, tombé de 12 mètres de haut à Toulouse (Haute-Garonne), classé sans suite par le tribunal. Le dernier est aussi un homme, âgé de 28 ans, marié, père d'un enfant, écrasé par un camion sur un chantier à Saint-Sulpice (Tarn) : dans cette affaire, le conducteur du poids lourd a été condamné, pas l'entreprise.
La FNSCBA espère donc davantage aborder le sort de ces ouvriers morts dans l'anonymat. Une journée mondiale des accidents du travail a eu lieu le 28 avril 2023. Des mères ont également créé le collectif "Collectif Familles : stop à la mort au travail", représentée notamment par une mère de Nouvelle-Aquitaine qui a perdu son fils de 27 ans en septembre 2020, à cause d'une chute de cinq mètres de haut.